La vie de la tragédienne française Sarah Bernhardt, devenue star internationale, est contée dans une pièce à l’affiche à Paris, qui met en avant sa détermination, son panache et fait d’elle «un modèle de femme qui ose», selon sa metteuse en scène.
Un siècle après la disparition de la «Voix d’or» (1844-1923), une exposition au Petit Palais montrait en 2023 au public des costumes de scène et des effets personnels jamais dévoilés («Sarah Bernhardt, et la femme créa la star»).
En cette rentrée, L’extraordinaire destinée de Sarah Bernhardt, écrite et mise en scène par Géraldine Martineau (jusqu’au 31 décembre au théâtre du Palais-Royal à Paris, puis en tournée à partir de janvier 2026), propose une lecture enjouée du personnage devenu star internationale. Aux côtés de la comédienne Estelle Meyer dans le rôle-titre, neuf artistes campent une trentaine de personnages qui furent ses proches ou ses contemporains : sa mère, les écrivains français Victor Hugo et Edmond Rostand...
«C’est une femme pleine de facettes», s’enthousiasme auprès de l’AFP Estelle Meyer, dont le jeu dégage sensibilité et puissance, avec une voix qui embarque le spectateur dans quelques moments chantés. On retrouve ainsi celle qui par deux fois claqua la porte de la Comédie-Française, partit plusieurs mois en tournée aux Etats-Unis, transforma le théâtre de l’Odéon en hôpital pendant la guerre, dormait dans un cercueil ou encore offrit à son fils Maurice un alligator. «C’est le symbole d’une femme libre», confie Géraldine Martineau, qui a eu «le déclic» pour écrire cette pièce après avoir lu les mémoires de la «Divine» (Ma double vie). «Les prises de risque, les portes claquées, l’ambition... Elle ne s’empêche rien !»
Manque d’amour
«On a besoin de modèles de femmes qui osent et qui sont singulières», ajoute l’autrice, qui avait récemment adapté et mis en scène un conte d’Andersen et un texte du dramaturge norvégien Henrik Ibsen pour La Comédie-Française. De manière plus intime, la pièce montre aussi combien l’actrice a pu souffrir du manque d’amour de sa mère. L’une des premières représentations, à laquelle a pu assister l’AFP, s’est déroulée en présence de neuf de ses descendants, dont Sébastien Azzopardi, directeur du théâtre, heureux de pouvoir rendre hommage à son aïeule en programmant le spectacle. Les autres descendants, de 18 à 82 ans, l’ont accueilli avec «émotion», ont-ils confié. «On connaît Sarah Bernhardt comme une grande artiste, mais on ne connaît pas forcément toute la souffrance, tout ce qu’elle a vécu pour en arriver là. Dans la pièce, j’ai tout retrouvé», affirme Sylvie Azzopardi, 73 ans.
La «Divine» était la «grand-mère de sa grand-mère». Jean-Jacques Campignon, 82 ans, a lui un bémol. Si, dans la pièce, on voit Sarah Bernhardt interpréter la reine dans Ruy Blas de Victor Hugo, ou encore le fils de Napoléon dans L’Aiglon d’Edmond Rostand, il aurait aimé encore «plus de jeu». Son aïeule «déclamait, c’était parfois inaudible», dit-il en référence à son phrasé parfois si particulier. «Là, on n’a pas entendu la comédienne déclamer», regrette-t-il.
Signe que la star inspire toujours : un film à son sujet sortira au cinéma en France le 18 décembre.