Suite à la candidature de la Finlande et de la Suède à l’Alliance atlantique : La Russie compte créer de nouvelles bases militaires

21/05/2022 mis à jour: 17:57
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Sergueï Choïgou, ministre russe de la Défense

La Russie va créer douze nouvelles bases militaires dans l’ouest du pays en réponse au renforcement de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) et son élargissement attendue à la Finlande et la Suède. 

C’est ce qu’a annoncé hier le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, dans des propos rapportés par l’AFP. «D’ici la fin de l’année, 12 bases militaires et unités seront déployées dans le district militaire de l’Ouest», a-t-il déclaré devant les cadres de son ministère et de l’armée, sans préciser la nature de ces infrastructures ni leur taille. Il a évoqué en la circonstance «la croissance des menaces militaires aux frontières russes», citant en particulier les exercices de l’Otan «Defender Europe» en cours à l’ouest et au sud-ouest de la Russie ainsi que dans l’Arctique. Autre menace citée, «les candidatures à l’entrée dans l’Otan de nos proches voisins, la Finlande et la Suède». Le président Vladimir Poutine a soutenu récemment que la réplique russe à cet élargissement serait décidée en fonction des déploiements de l’Otan dans ces pays, mais a minimisé l’importance de ces adhésions attendues. Helsinki et Stockholm ont décidé de rejoindre l’Alliance à cause de l’offensive russe le 24 février contre son voisin ukrainien, jugeant que Moscou constitue une menace alors que durant des décennies, notamment durant toute la guerre froide, les deux pays ont fait le choix du non-alignement. 
 

Pourparlers Ankara- Bruxelles
 

De son côté, le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui menace depuis une semaine de bloquer l’élargissement de l’Otan à la Suède et à la Finlande, doit s’entretenir aujourd’hui par téléphone avec le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenberg. «J’ai parlé aujourd’hui avec le Premier ministre néerlandais (Mark Rutte). Les responsables du Royaume-Uni et de Finlande ont également demandé un entretien (prévu) demain (samedi). 

Et après, nous parlerons aussi au secrétaire général de l’Otan Stoltenberg», a-t-il déclaré. «Nous poursuivons la diplomatie du téléphone», a ajouté le chef de l’Etat turc, réitérant cependant son hostilité à l’adhésion de pays qui hébergent des «terroristes». «Nous ne pouvons dire oui» à la Suède et la Finlande, a indiqué R.T. Erdogan, qui s’exprimait à la sortie de la prière du vendredi. 

Le 13 mai, il a annoncé son hostilité à l’adhésion de ces deux pays nordiques à l’Alliance qu’il accuse de soutenir les organisations «terroristes» kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), également reconnu «terroriste» par les Etats-Unis et l’Union européenne (UE), et des Unités de protection du peuple (YPG), branche armée du Parti de l’union démocratique kurde en Syrie, soutenus par les Etats-Unis face au groupe djihadiste Etat islamique (EI). Jens Stoltenberg a assuré jeudi que l’Otan veut répondre aux «inquiétudes» de la Turquie afin de trouver un «accord pour aller de l’avant», et le président finlandais Sauli Niinistö s’est dit «prêt à discuter», tout en «condamnant le terrorisme dans toutes ses formes». «Les Occidentaux considèrent le PKK comme terroriste, mais pourquoi n’en va-t-il pas de même avec les YPG ? Eux aussi forment une organisation terroriste», a observé le président turc. Il a reproché à Stockholm et Helsinki d’avoir accueilli de nombreux membres du PKK, dont une trentaine dont la Turquie réclame en vain l’extradition à Stockholm. «Nous avons tous les documents et informations sur ces organisations terroristes. Les victimes, c’est nous. 

Si l’Otan, qui est une organisation de sécurité, s’inquiète du terrorisme, elle ne devrait pas leur permettre de la rejoindre», a-t-il insisté. Outre la question des «terroristes», la Turquie reproche aussi à la Suède et à la Finlande d’avoir suspendu les ventes d’armes à son endroit depuis 2019, en représailles à l’opération turque dans le nord de la Syrie. Après que les deux pays ont évoqué en début de semaine l’envoi de délégations diplomatiques à Ankara, Recep Tayyip Erdogan leur a déconseillé d’entreprendre le voyage: «Ils vont venir pour nous convaincre ? Qu’ils ne se fatiguent pas !» 
 

Dans ce conflit russo-occidental sur l’Ukraine, Ankara tente conserver de bonnes relations avec Moscou et Kiev. Lors de l’annexion de la Crimée en 2014, Erdogan a manifesté son opposition à cette opération, mettant notamment en avant la présence d’une importante minorité tatare turcophone dans la péninsule. Et depuis 2019, la Turquie a commencé à vendre à l’Ukraine ses drones de combat Bayraktar TB2, puis a autorisé Kiev à en produire sur son sol. Ankara est attaché à l’intégrité territoriale de l’Ukraine mais s’est gardé de se joindre aux sanctions occidentales contre les intérêts russes.
 

La Turquie a qualifié d’«inacceptable» et de «grave violation du droit international» l’intervention russe en Ukraine. Néanmoins, Ankara s’est opposé aux sanctions occidentales contre Moscou. Le ministre des Affaires étrangères turc Mevlut Cavusoglu a déclaré que les oligarques russes restent «bien sûr» les bienvenus en Turquie et libres d’y faire des affaires, dans le respect du droit international. 

Membre de l’OTAN, la Turquie a acheté à la Russie le système de défense antiaérien S400, au grand dam de l’organisation transatlantique qui a condamné cette acquisition et «puni» Ankara en l’expulsant du programme de construction d’un nouvel avion, le F35. Ankara et Moscou ont appris à composer sur plusieurs conflits pour éviter l’affrontement direct. Ils ont travaillé ensemble à une paix provisoire dans le Caucase après le conflit du Haut-Karabakh à l’automne 2020 et la Turquie, soutien militaire de l’Azerbaïdjan, s’engage maintenant vers la normalisation de ses relations avec l’Arménie. 

En Syrie, la Turquie se retrouve au contact avec la Russie. Les deux pays n’ont pas la même vision quant à l’avenir du régime de Bachar El Assad. Ankara est hostile à Damas qui survit précisément grâce à l’aide de Moscou. La Syrie constitue un des points de divergence avec l’Occident, notamment avec les Etats-Unis. 

La Turquie dans certaines zones du pays et les actions qu’elle mène contre Les YPG qu’elle qualifie de groupes terroristes kurdes de Syrie. Or, ce sont ces mêmes forces que l’Occident considère à juste titre comme essentielles dans la lutte contre l’organisation de l’État islamique. 

En parallèle, en Libye, Moscou et Ankara ont des positions divergentes, la Russie étant un proche allié du maréchal Khalifa Haftar, bête noire de la Turquie.
 

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