Soudan : Menace d’«insécurité alimentaire catastrophique» pour des millions de personnes

17/03/2024 mis à jour: 09:15
AFP
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Près de 5 millions de personnes pourraient plonger dans une «insécurité alimentaire catastrophique» dans les prochains mois au Soudan en guerre, selon un document de l’ONU vu vendredi par l’AFP, qui réclame un meilleur accès humanitaire et un cessez-le-feu. 

«Sans aide humanitaire urgente et un accès aux produits de base», près de 5 millions de Soudanais, déjà en situation d’urgence alimentaire (phase 4 de l’échelle IPC qui en compte 5), «pourraient glisser dans une insécurité alimentaire catastrophique dans certaines parties du pays dans les prochains mois», écrit le chef du Bureau des opérations humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, dans cette note envoyée au Conseil de sécurité. 

L’IPC est l’échelle de classification de l’insécurité alimentaire, sur laquelle se basent les agences de l’ONU. «Des populations classées en phase 4 dans le Darfour Ouest et le Centre Darfour vont probablement passer en phase IPC 5», estime-t-il. Le dernier rapport IPC estimait à 4,9 millions le nombre de personnes en phase 4 (urgence) au Soudan, dont plus de 300 000 au Centre Darfour et plus de 400 000 au Darfour Ouest. Personne n’était alors classé en phase 5 de «famine». 

Au total, près de 18 millions de Soudanais font face à une insécurité alimentaire grave (phase 3 et plus), un chiffre «record» en période de récoltes et 10 millions de plus qu’à la même période l’an dernier. Les femmes, les enfants et les déplacés sont «particulièrement menacés», met en garde Martin Griffiths, notant que près de 730 000 enfants, dont 240 000 au Darfour, devraient souffrir de malnutrition aiguë.

 «Une augmentation sans précédent de traitements de cas d’émaciations aiguës, forme la plus mortelle de malnutrition, est déjà observée dans des zones accessibles», indique le responsable humanitaire, s’inquiétant pour les zones difficiles d’accès où «près de trois quarts des 4,7 millions d’enfants sont en grave malnutrition et de femmes enceintes ou allaitantes ayant besoin d’aide urgente».

 Il appelle à des «mesures urgentes» pour empêcher cette catastrophe «de s’installer», en particulier un meilleur accès humanitaire, plus d’argent, et un cessez-le-feu.» «Pour atteindre les nécessiteux, les organisations humanitaires ont besoin d’un accès sûr, rapide, continu et sans entrave, notamment à travers les lignes de front», a déclaré plus tôt vendredi Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU. 

«Une mobilisation massive de ressources de la part de la communauté internationale est également essentielle», a-t-il insisté, alors que le plan humanitaire de l’ONU pour le Soudan en 2024, chiffré à 2,7 milliards de dollars, n’est financé qu’à moins de 5%. Il y a suffisamment de stocks humanitaires à Port-Soudan, mais l’accès à la population pose problème, a de son côté expliqué Jill Lawler, du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), de retour de la région de Khartoum, réclamant la possibilité de circuler à travers les lignes de front et de traverser les frontières des pays voisins. 

Début mars, le Programme alimentaire mondial (PAM) a tiré déjà la sonnette d’alarme : la guerre «pourrait créer la plus grande crise de la faim au monde» dans un pays qui connaît déjà la plus importante crise de déplacement de population du globe. Les combats, qui font rage depuis le 15 avril 2023 entre l’armée du général Abdel Fattah Al Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohammed Hamdane Daglo, ancien numéro deux du pouvoir, ont fait des milliers de morts et plus de huit millions de déplacés, selon l’ONU. La directrice régionale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) Hanan Balkhy s’est alarmée vendredi dans un communiqué de la situation sanitaire, notamment au Darfour. «La plupart des établissements de santé ont été pillés, endommagés ou détruits. 

Au Darfour-Ouest, le système de santé est à l’arrêt», a-t-elle déploré. De l’autre côté du pays, à Port-Soudan, «les établissements de santé reçoivent 2 à 4 fois plus de patients que ce qu’ils sont habitués à traiter», a-t-elle ajouté, décrivant également la lutte contre le choléra.

 

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