Sommet de l’Otan à Washington : L’Ukraine sur une voie «irréversible» vers son adhésion à l’Alliance

11/07/2024 mis à jour: 21:30
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Le président ukrainien échangeant avec le SG de l’OTAN - Photo : D. R.

L’Ukraine attend de recevoir une invitation formelle à rejoindre l’Alliance atlantique, mais plusieurs pays, dont les Etats-Unis, s’y opposent. La déclaration reprend sur ce point ce qui avait déjà été décidé lors du sommet de Vilnius l’an dernier, selon ces diplomates.

Les pays de l’OTAN, réunis hier en sommet à Washington pour la deuxième journée, sont d’accord pour reconnaître que l’Ukraine est sur une «voie irréversible» vers son adhésion à l’Alliance atlantique, ont affirmé des diplomates, selon des propos recueillis par l’AFP. «Nous continuerons à soutenir (l’Ukraine) dans son chemin irréversible vers une intégration euro-atlantique totale, y compris une adhésion à l’OTAN», indiquent ces 32 pays, dans une déclaration commune, finalisée, mais qui doit encore être formellement adoptée par les dirigeants de l’OTAN, selon ces sources.

L’Ukraine attend de recevoir une invitation formelle à rejoindre l’Alliance atlantique, mais plusieurs pays, dont les Etats-Unis, s’y opposent. La déclaration reprend sur ce point ce qui avait déjà été décidé lors du sommet de Vilnius l’an dernier, selon ces diplomates. «Nous réaffirmons que nous serons en position d’adresser une invitation à l’Ukraine pour rejoindre l’Alliance quand les alliés seront d’accord et les conditions réunies», indique le texte de leur déclaration, selon ces sources.

L’OTAN estime également que l’ensemble des mesures qui doivent être adoptées à Washington en faveur de l’Ukraine sont autant d’éléments favorisant son adhésion future. Il s’agit d’un «effort très sérieux pour mettre l’Ukraine dans une position dans laquelle elle sera prête à assumer son rôle et ses responsabilités au sein de l’Alliance dès le premier jour» de son adhésion, a assuré un responsable américain cette semaine.

Parlant à la presse, le président finlandais Alexander Stubb s’est félicité de ce texte, jugeant «très important d’envoyer le message au Kremlin que la voie vers une adhésion de l’Ukraine (à l’OTAN ) est désormais irréversible».

Des F-16 pour Kiev

Un peu plus tôt, les pays membres de l’OTAN ont annoncé avoir commencé à transférer des avions de combat F-16 à l’Ukraine. Ces avions, en provenance du Danemark et des Pays-Bas, «voleront dans le ciel ukrainien cet été pour s’assurer que l’Ukraine puisse continuer à se défendre efficacement contre l’agression russe», a déclaré le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken.

La Maison-Blanche a de son côté précisé que la Belgique et la Norvège se sont engagées à fournir d’autres appareils. Après avoir fêté en grande pompe la veille au soir le 75e anniversaire de l’alliance militaire occidentale, les leaders des Etats de l’alliance doivent se réunir au sein du Conseil de l’Atlantique nord, l’organe politique suprême de l’OTAN, pour discuter des modalités de ce soutien accru à l’Ukraine, qui fait face à un barrage croissant de missiles russes.

Le président américain, Joe Biden, a confirmé mardi soir que les alliés allaient fournir à l’Ukraine un total de cinq systèmes de défense antiaérienne supplémentaires, dont quatre batteries de type Patriot, des missiles sol-air particulièrement efficaces pour intercepter les missiles balistiques russes.

Ces systèmes sont réclamés à cor et à cri par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, également présent à Washington. Il a remercié mardi les alliés pour leur «forte déclaration» de soutien, les appelant à ne pas baisser la garde dans l’attente des résultats des élections en novembre aux Etats-Unis.

L’Allemagne, les Pays-Bas, la Roumanie et l’Italie doivent également y contribuer. «Il est temps de sortir de l’ombre, de prendre de fortes décisions, de travailler, d’agir et de ne pas attendre novembre ou n’importe quel autre mois», a déclaré mardi le président ukrainien dans un discours devant l’Institut Ronald Reagan à Washington. «La Russie ne gagnera pas», a promis avec force Joe Biden, 81 ans, dans un discours très attendu après les interrogations sur sa capacité à défendre les couleurs du camp démocrate, à quatre mois de l’élection présidentielle américaine.

Les alliés se sont également engagés à fournir d’autres Patriot ou missiles équivalents «cette année», et des «dizaines» de systèmes tactiques de défense antiaérienne «dans les prochains mois», selon le président américain.

Plus de deux ans après l’intervention russe en Ukraine, ce soutien ne «va pas de soi», a tenu à rappeler mardi soir le secrétaire général sortant de l’OTAN, Jens Stoltenberg, lors d’une cérémonie d’anniversaire de l’Alliance atlantique.

Celle-ci s’est déroulée dans l’auditorium Andrew W. Mellon, là où a été signé il y a 75 ans le Traité de l’Atlantique fondant l’organisation du même nom. «Il n’y a pas d’options sans coût avec une Russie agressive comme voisin», a-t-il affirmé, rappelant que le «coût le plus élevé et le risque le plus grand seraient que la Russie gagne en Ukraine».

Les chefs d’Etat et de gouvernement sont arrivés mardi dans la capitale américaine, à l’exception du président français, Emmanuel Macron, attendu hier.

L’ombre de Trump

Le sommet de Washington intervient dans un climat d’incertitude politique aux Etats-Unis, où le président Biden a fort à faire pour mater une rébellion d’élus démocrates le sommant d’abandonner la course à un second mandat en novembre face à Donald Trump.

L’ombre de l’ancien président républicain, qui s’est souvent montré critique de l’OTAN et dont certains propos ont semblé fragiliser le principe d’assistance mutuelle prévu par l’article 5 du traité, plane sur le sommet. «Je m’attends à ce que, quel que soit le résultat des élections, les Etats-Unis restent un allié solide et loyal de l’OTAN», a toutefois déclaré hier J. Stoltenberg.

Donald Trump ne s’est pas privé de commenter ce sommet en assurant mardi que sans lui, «il n’y aurait probablement plus d’OTAN maintenant». Il a ainsi mis à son crédit les engagements pris par les Européens à dépenser plus pour leur défense.

De son côté, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, qui assure la présidence de l’Union européenne (UE), aura l’occasion de rendre compte de ses déplacements à Moscou et à Pékin, très mal perçus, notamment à Washington. Le président ukrainien doit lui rencontrer des élus, avant de participer à un conseil OTAN-Ukraine aujourd’hui, au dernier jour du sommet. 

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