Somalie : Au moins 13 civils tués dans une attaque de shebab à Mogadiscio

21/08/2022 mis à jour: 06:46
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Ces dernières semaines, les shebab ont aussi mené des attaques sur la frontière entre la Somalie et l’Ethiopie, suscitant des inquiétudes quant à la stabilité dans cette région frontalière. Le nouveau président somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, a déclaré, le mois dernier, qu’une approche militaire est insuffisante pour mettre un terme à l’insurrection violente des shebab.

Au moins 13 civils ont été tués vendredi dans une attaque des islamistes shebab contre un hôtel de Mogadiscio, la capitale somalienne. C’est ce qu’a indiqué hier un responsable sécuritaire, dans des propos recueillis par l’AFP. «Nous recevons des informations sur cinq victimes supplémentaires dont la mort a été confirmée et le nombre total de civils tués par les terroristes revient à 13 », a déclaré ce responsable, Mohamed Abdikadir, qui a dans un premier temps fait état de huit morts.

Les djihadistes ont pris d’assaut le populaire hôtel Hayat vendredi soir dans un échange de coups de feu et d’explosions avec les forces de sécurité, avant de se retrancher dans une chambre de l’établissement. «Les forces de sécurité ont sauvé des dizaines de civils, y compris des enfants, qui étaient piégés dans le bâtiment», a affirmé le même responsable, précisant que «la plupart des gens ont été secourus». Les assaillants étaient toujours retranchés dans l’hôtel tôt samedi, des coups de feu sporadiques et de fortes explosions ont été entendus dans la zone. Le porte-parole de la police somalienne Abdifatah Adan Hassan a indiqué à la presse que l’explosion a été causée par un kamikaze.

Des témoins ont précisé qu’une seconde explosion a eu lieu quelques minutes après la première, faisant des victimes parmi les sauveteurs, les membres des forces de sécurité et les civils qui se sont précipités vers l›hôtel après la première explosion.

Les shebab, qui sont depuis 15 ans engagés dans une insurrection contre le gouvernement fédéral somalien, ont revendiqué la responsabilité de l’attaque. «Un groupe d’assaillants shebab est entré de force dans l’hôtel Hayat à Mogadiscio, les combattants procèdent à des tirs au hasard à l’intérieur de l’hôtel», a confirmé le groupe dans un bref communiqué sur un site internet pro-shebab. Le porte-parole des shebab, Abdiaziz Abu-Musab, a déclaré hier sur leur station, Radio Andalus, que le groupe contrôlait toujours le bâtiment et qu’il a «infligé de lourdes pertes» aux forces de sécurité.

Il s’agit de la plus importante attaque à Mogadiscio depuis l’élection du nouveau président somalien, Hassan Sheikh Mohamud, en mai.

Une pluie d’obus s’est par ailleurs abattue samedi dans un autre quartier de la capitale, Hamar Jajab, situé en bord de mer, faisant 20 blessés dont des enfants, selon le commissaire de district Mucawiye Muddey. «Parmi les personnes grièvement blessées figurent une jeune mariée et son époux, ainsi qu’une famille» entière, les deux parents et leurs trois enfants, a-t-il précisé. L’attaque n’a pas été revendiquée dans l’immédiat. Selon le directeur du principal hôpital de Mogadiscio, le Dr Mohamed Abdirahman Jama, au moins 40 personnes sont soignées après avoir été blessées dans les deux attaques du week-end.

Malgré les interventions américaines

Les shebab sont issus de l’Union des tribunaux islamiques de Somalie, qui a contrôlé le centre et le sud de la Somalie pendant six mois en 2006 avant d’être chassée par les troupes éthiopiennes. En 2010, le groupe a déclaré son allégeance à El Qaîda avant d’être officiellement intégré en 2012.

Il a été désigné organisation terroriste étrangère par le département d’État américain en 2008. Ahmed Diriye est devenu le nouvel «émir» du groupe après la mort d’Ahmed Abdi Godane lors d’une frappe américaine en septembre 2014. Les Shebeb ont été chassés des principales villes du pays, dont Mogadiscio en 2011.

L’année suivante, ils ont été mis en déroute de la ville portuaire de Kismayo, mais ils gardent le contrôle de vastes zones rurales et lancent toujours des attaques contre des cibles militaires, politiques et civiles. L’attaque la plus meurtrière de l’histoire de la Somalie à ce jour, un attentat au camion piégé dans un quartier animé de Mogadiscio en octobre 2017, pour lequel les shebab sont pointés du doigt, a tué plus de 500 personnes.

Ces derniers mois, ils ont intensifié leurs attaques. Mercredi, l’armée américaine a annoncé avoir tué dans une frappe aérienne 13 miliciens shebab qui s’attaquaient à des soldats des forces régulières somaliennes dans une zone reculée de ce pays de la Corne de l’Afrique. La frappe a été menée dimanche près de Teedaan, à environ 300 km au nord de la capitale Mogadiscio, selon un communiqué du commandement militaire américain en Afrique (Africom).

Les Etats-Unis ont effectué plusieurs frappes aériennes sur des militants ces dernières semaines. En mai, le président américain Joe Biden a décidé de rétablir une présence militaire en Somalie pour y combattre les shebab, approuvant une demande du Pentagone qui juge trop risqué et peu efficace le système de rotations décidé par Donald Trump à la fin de son mandat. Ces dernières semaines, les shebab ont aussi mené des attaques sur la frontière entre la Somalie et l’Ethiopie, suscitant des inquiétudes quant à la stabilité dans cette région frontalière.

Le nouveau président somalien Hassan Cheikh Mohamoud a déclaré le mois dernier qu’une approche militaire est insuffisante pour mettre un terme à l’insurrection violente des shebab, soulignant que son gouvernement ne négocierait avec le groupe djihadiste que lorsque le moment sera jugé opportun.

Début août, le Premier ministre Hamza Abdi Barre a annoncé la nomination d’un ancien dirigeant des islamistes radicaux shebab devenu homme politique, comme ministre des Affaires religieuses dans le gouvernement somalien. Muktar Robow, alias Abou Mansour, a publiquement fait défection en août 2017 du mouvement qu’il a contribué à fonder. 

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