Deux idées phares ont émergé des travaux du 16e congrès du Front Polisario, qui se tient depuis vendredi dernier dans le camps de réfugiés sahraouis de Dakhla : l’intensification de la lutte armée et de la résistance populaire dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc. Dans un point de presse animé mardi, en marge des travaux du congrès par Taleb Omar, président du 16e congrès du Front Polisario et ambassadeur de la Rasd (République arabe sahraouie démocratique), le responsable sahraoui, candidat à l’élection au poste de secrétaire général du Front Polisario, aux côtés de Brahim Ghali, candidat sortant, a confirmé l’information qui avait circulé dans les coulisses du congrès sur le recentrage de la lutte du peuple sahraoui autour de ces axes stratégiques, qui baliseront le terrain de la prochaine étape dans laquelle s’inscrira le combat libérateur des Sahraouis. Face à l’échec programmé de la solution politique découlant de l’obstination du Maroc à imposer son option d’autonomie au Sahara occidental, le choix de l’action militaire demeure la seule issue viable au Front Polisario pour envisager l’avenir avec optimisme. L’engagement en faveur de «l’intensification de la lutte armée fait consensus dans les rangs des congressistes», a révélé le responsable sahraoui qui a balayé d’un revers de la main la propagande distillée par les officines marocaines et les relais médiatiques du makhzen, pariant sur la lassitude de la population sahraouie vis-à-vis de la guerre et des conditions difficiles de la vie en exil des Sahraouis. La résilience du peuple sahraoui et de sa direction politique et l’engagement réaffirmé avec force de poursuivre le combat dans la voie tracée par les fondateurs et les martyrs du Polisario, dont le chahid El Ouali Mustapha Sayed, ne s’est jamais démentie à travers l’histoire de la lutte de libération sahraouie. De nouvelles générations de dirigeants et de combattants sahraouis sont venues renforcer les rangs de la révolution sahraouie et reprendre le flambeau transmis par leurs aînés, avec la même détermination et le même engagement pour la libération totale de leur pays. La nouvelle étape qui s’ouvre pour le Polisario exige, selon Taleb Omar, un renforcement des capacités militaires de l’Armée de libération sahraouie en moyens humains et militaires, mais aussi en équipements de combat offensifs sophistiqués pour faire face aux nouvelles réalités du terrain marquées par la course à l’armement dans laquelle s’est lancé l’occupant marocain avec le soutien actif de son allié israélien depuis la normalisation des relations diplomatiques entre les deux parties. En misant sur cette nouvelle donne militaire, le régime marocain croit pouvoir régler le conflit sahraoui en moins de temps qu’il ne faudra pour un drone, de fabrication israélien ou turc engagé dans les opérations d’attaque des convois civils de transport de marchandises empruntant le couloir devenu dangereux, longeant la frontière entre les territoires sahraouis occupés et la frontière mauritanienne.
L’Armée de Libération sahraouie prête au combat
La réalité sur le terrain a montré que, face à la détermination du peuple sahraoui, ni les manœuvres politiques et les agissements contraires aux bonnes mœurs politiques dans les instances régionales et internationales dont le makhzen s’est forgé une triste réputation, comme on l’a vu avec le scandale de la corruption des eurodéputés, ni les nouveaux contrats militaires, à coup de milliards de dollars conclus avec Israël et ses autres alliés n’ont pas réussi à venir à bout de ce que la propagande marocaine qualifie de «milices du Polisario». Dans cette perspective, la révélation faite par le responsable sahraoui lors de sa conférence de presse, sur la dotation de l’Armée de libération sahraouie en équipements militaires de dernière génération, est un message, en clair, destiné à l’armée marocaine pour lui faire savoir que leur présence et leur position dans les territoires occupés ne seront pas de paisibles bivouacs, à l’avenir comme ce fut le cas avec cette trêve militaire, de plusieurs années, observée sur le front et qui n’a pas fait avancer, d’un iota, la solution du conflit sahraoui. L’occupant marocain est averti que les Sahraouis sont prêts au combat et qu’ils disposent eux aussi, en plus de la foi dans la justesse de leur cause, de l’expertise et des moyens de combat dictés par le contexte géopolitique et militaire créé dans la région pour libérer leur pays. Des fuites dans certains médias, non confirmées de source sahraouie, ont fait état de la réception par l’armée sahraouie de drones de combat. Si cela se vérifie, la nouvelle a de quoi alimenter peur et inquiétude dans les rangs marocains. En revanche, du côté sahraoui, on minimise la portée stratégique de l’engagement des drones marocains. «Ce sont pour nous des gadgets, on a les moyens pour les neutraliser», a mis en garde un officier supérieur de l’armée sahraouie dans une déclaration à un confrère en marge du 16e congrès du Polisario Il est vrai que pour l’heure, on n’a pas vu à l’œuvre les drones marocains face aux opérations de harcèlement et de pilonnage quotidiens des positions des forces armées royales en territoires occupés sahraouis, par les troupes de l’Armée de libération sahraouie, le long du mur de sable. Pour des raisons évidentes de secret défense, les dirigeants sahraouis n’ont rien dévoilé concernant la nouvelle stratégie et la logistique militaires qu’ils entendent déployer sur le terrain. Physiquement, en termes de mobilisation de divisions en hommes et en déploiement de matériel militaire, le rapport de force est facile à deviner de quel côté il se situe. Mais la guerre ne se gagne pas avec le seul paramètre de la supériorité en termes d’alignement, dans les plans de bataille, de processions de chars, d’avions de combat de dernière génération, d’unités d’artillerie lourde et d’armes légères offensives. Les expériences des mouvements de libération à travers l’histoire, et la Révolution algérienne qui en est la parfaite illustration, ont fait la démonstration éclatante que l’élément humain, l’adhésion de tout un peuple à une cause juste, uni derrière son Armée de libération nationale et sa direction politique constituent le meilleur rempart face auquel toutes les armées coloniales se sont brisées. C’est là, le message envoyé par les congressistes du Front Polisario à l’occupant marocain et à ses soutiens extérieurs.