Pour faire plier la Russie, les pays occidentaux multiplient les acheminements d’armes vers l’Ukraine et en même temps intensifient les sanctions dans le domaine de l’énergie. Depuis hier, sont entrées en application les sanctions visant à interdire les importations de dérivés russes d’essence et de diesel par voie de mer. En outre samedi, l’Union européenne et le G7 ont imposé un plafond supplémentaire sur les prix des produits pétroliers russes. Le plafonnement a été fixé à 100 dollars le baril, tandis que le prix maximum des autres produits pétroliers, tels que le mazout (fioul) et le naphta, a été fixé à 45 dollars le baril. La Russie fournissait à l’Europe plus de 720 000 barils de diesel par jour, et ce chiffre dépassait la barre d’un million de barils avant la guerre. Le Kremlin a prévenu qu’il ne livrerait plus de pétrole aux pays qui suivraient ces sanctions. Aussi nombre de pays se sont retrouvés devant un dilemme : ne plus recourir au pétrole russe bon marché ou bien s’exposer aux sanctions du G7. De son côté, l’OPEP+ qui comprend des membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et d’autres pays, dont la Russie, a entériné récemment la décision prise il y a quelques mois de réduire son objectif de production de 2 millions de barils par jour, soit environ 2% de la demande mondiale, à partir de novembre et jusqu’à la fin de 2023, afin de soutenir le marché. La prochaine réunion ministérielle est prévue le 3 avril. L'OPEP+ a tout intérêt à rester sur une ligne dure correspondant à ses intérêts, quitte à attiser la colère de Washington, dont les efforts diplomatiques auprès de L’Arabie Saoudite pour faire baisser les prix ont échoué. La monarchie saoudienne a montré le chemin à l’OPEP+. A ce propos, interrogé sur les sanctions occidentales par le site Arab News, le ministre saoudien de l’Energie, Abdelaziz Ben Salman, affirme que «toutes ces soi-disant sanctions, embargos, manque d’investissements, se traduiront par une seule et unique chose : une pénurie d’approvisionnement en énergie de toutes sortes au moment où l’on en a le plus besoin». Interrogé sur les leçons à tirer de la dynamique du marché de l’énergie en 2022, le prince Abdelaziz a déclaré que «la chose la plus importante est que le reste du monde fasse «confiance à l’OPEP+’’», ajoutant que la décision prise par l’OPEP+ en octobre de réduire la production de 2 millions de barils par jour s’était avérée correcte. «Si les gens nous avaient fait confiance à l’époque, nous n’aurions pas subi les trépidations qui se sont produites», a-t-il déclaré, faisant référence à une flambée des prix à près de 100 dollars le baril après que l’OPEP+ a annoncé sa décision. Le ministre a conclu : «Nous sommes un groupe de pays responsables, nous prenons les questions politiques relatives à l’énergie et aux marchés pétroliers de manière globale et nous ne nous engageons pas dans des questions politiques», précisant que «l’Arabie Saoudite restera prudente quant à l’augmentation de la production de pétrole». A propos du marché, les cours du pétrole ont augmenté jeudi, avec la baisse du dollar américain et la décision prise par l’OPEP + de maintenir sa politique de production pétrolière actuelle. Le baril de référence international Brent s’est échangé à 83,38 dollars et le cours du baril de référence américain West Texas Intermediate (WTI) s’est, pour sa part, échangé à 76,97 dollars. La baisse de la valeur du dollar américain a contribué à la hausse des prix du pétrole en encourageant les traders à recourir à d’autres devises, mais les réserves commerciales américaines de pétrole brut ont augmenté, ce qui a ralenti la progression des cours.
Par ailleurs subsistent toujours des incertitudes concernant la reprise de la consommation de pétrole en Chine. Après trois ans de mesures sanitaires draconiennes, Pékin a abandonné début décembre sa stricte politique du zéro-Covid, ce qui a dopé un temps les cours de l’or noir avant de se ralentir au vu de la situation épidémique du pays toujours aléatoire. L’Agence internationale de l’énergie estime que la demande mondiale de pétrole atteindra un niveau record de 101,7 millions de barils par jour (b/j) cette année, soit +1,9 million b/j par rapport à l’année dernière. Les exportations de méthane russe en direction de l’Europe ont diminué de 45% en 2022. Selon le PDG de Gazprom, les exportations russes de méthane s’établissent à 100,9 milliards de mètres cubes contre 185 milliards en 2021. Par contre, les rentrées financières en 2022 ont dépassé celles de 2021.