Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a indiqué jeudi que des soldats russes étaient installés dans une base aérienne au Niger abritant également des troupes américaines, après que Niamey ait exigé le retrait du pays des forces américaines, a rapporté hier l’AFP.
Le déploiement russe dans la base aérienne située dans la capitale Niamey place les soldats russes et américains dans une situation de proximité à un moment où Washington et Moscou sont en farouche désaccord sur la guerre en Ukraine. Interrogé à ce sujet lors d’une conférence de presse jeudi, Lloyd Austin a indiqué que le déploiement russe ne posait pas de «problème significatif (...) en terme de protection de nos forces».
«La base aérienne 101, où sont nos forces, est une base des forces aériennes nigériennes qui est située à côté de l’aéroport international dans la capitale.
Les Russes sont dans un bâtiment séparé et n’ont pas accès aux forces américaines ni à nos équipements», a-t-il dit lors d’une conférence à Hawaï. Interrogé lors d’un point presse à Moscou, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov n’a ni confirmé ni démenti la présence russe dans la base, indiquant simplement que Moscou développait ses relations avec les pays africains dans tous les domaines, y compris militaire.
Le régime militaire du Niger issu d’un coup d’Etat perpétré le 26 juillet 2023 a dénoncé en mars l’accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que celui-ci a été «imposé unilatéralement» par Washington et que la présence américaine était désormais «illégale».
Mi-avril, Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1000 soldats. Des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sont toujours en cours concernant les modalités de ce retrait, a indiqué la semaine dernière le chef du commandement militaire américain pour l’Afrique. Les Etats-Unis disposent notamment d’une importante base de drones près d’Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.
Après le coup d’Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, le régime militaire a également rapidement exigé le départ des soldats de l’ancienne puissance coloniale française.
Il s’est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des militaires et confrontés à la violence djihadiste, perpétrée par des groupes affiliés à Al Qaïda et au groupe Etat islamique. En avril, des instructeurs russes sont arrivés à Niamey tandis que les autorités du pays réceptionnaient leur première livraison de matériel militaire russe.
Le Niger est confronté dans l’Ouest à des violences djihadistes récurrentes et meurtrières perpétrées par des groupes djihadistes affiliés à Al Qaïda et au groupe Etat islamique (EI) et dans le Sud-Est par Boko Haram et l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap).
Après le Mali l’an dernier, le Niger et le Burkina ont annoncé début décembre leur retrait de l’organisation antidjihadiste G5 Sahel, neuf ans après la création de l’organisation dont les autres membres sont la Mauritanie et le Tchad. Les trois pays ont créé en septembre l’Alliance des Etats du Sahel (AES) pour renforcer leur coopération.