Sahara occidental : ’Algérie appelle à des «négociations directes» entre le Maroc et le Front Polisario

06/09/2022 mis à jour: 06:04
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L’envoyé de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, a rencontré le chef du Polisario, Brahim Ghali, à Tindouf

L’Algérie a appelé hier en recevant l’émissaire de l’Onu, Staffan de Mistura, pour le Sahara occidental à des «négociations directes» entre le Maroc et le Front Polisario, pour parvenir à un règlement du conflit, rapporte l’APS citant la diplomatie algérienne.

 Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra a discuté avec l’envoyé onusien à Alger des «perspectives de renforcement des efforts onusiens en vue d’une reprise des négociations directes entre les deux parties au conflit, le royaume du Maroc et le Front Polisario, dans l’objectif de parvenir à une solution politique juste, durable et acceptée par les deux parties garantissant au peuple sahraoui l’exercice de son droit inaliénable et imprescriptible à l’autodétermination, conformément aux résolutions pertinentes de l’Onu et sa doctrine en matière de décolonisation». 
 

Le diplomate onusien effectue, depuis samedi, sa deuxième tournée régionale depuis sa nomination en novembre 2021. Au premier jour de sa visite, il s’est entretenu à Tindouf notamment avec le chef de la délégation des négociateurs sahraoui, Khatri Addouh, et le représentant du Front Polisario à l’Onu, Omar Sidi Mohamed. 
 

«Droit constant et inaliénable»
 

A l’issue de ces entretiens, Khatri Addouh a dénoncé le fait que «toutes les démarches de l’Onu ont échoué à faire avancer le processus de décolonisation au Sahara occidental en dépit des bonnes intentions, du génie, du caractère de tous les envoyés personnels onusiens successifs et de la disponibilité de la partie sahraouie». Pour sa part, Omar Sidi Mohamed a réaffirmé «la disposition du Front à coopérer avec les Nations unies (…) en vue de parvenir à une solution pacifique, juste et durable, basée sur le respect total du droit constant et inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance». 

Dimanche, il a rencontré sur les mêmes lieux le président de la République sahraouie et secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali.
 

Après sa tournée, S. de Mistura soumettra l’ensemble de ses entretiens, sous forme de briefing, au Conseil de sécurité onusien lors du renouvellement, en octobre prochain, du mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso).
 

Nommé en novembre 2021, Staffan de Mistura a effectué en janvier sa première tournée dans la région, qui l’a conduit à Rabat, en Mauritanie, à Alger et à Tindouf. Début juillet, il s’est rendu à Rabat mais a renoncé à une visite au Sahara occidental, espérant pouvoir le faire à une date ultérieure. 
 

Sa visite de samedi intervient après la crise diplomatique récente entre le Maroc et la Tunisie. Le 26 août, Rabat a annoncé le rappel de son ambassadeur à Tunis après que le président tunisien Kaïs Saïed a accueilli son homologue sahraoui pour prendre part à la huitième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad 8) tenue dans la capitale tunisienne les 27 et 28 août. 

Accueil qualifié par le ministère des Affaires étrangères marocain d’«un acte grave et inédit, qui heurte profondément les sentiments du peuple marocain et de ses forces vives», et «d’attitude hostile». Tout en réitérant sa «traditionnelle neutralité», Tunis a rappelé à son tour son ambassadeur au Maroc, indiquant que la République sahraouie est invitée par l’Union africaine (UA) dont elle est membre.
 

Considéré ex-colonie espagnole, le Sahara occidental est classé par l’Onu «territoire non autonome». Rabat l’a annexé depuis 1975 et propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté. Le Front Polisario réclame un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’Onu, prévu lors de la signature en 1991 d’un cessez-le feu, mais jamais concrétisé.

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