Sahara occidental : 6e anniversaire du décès du président Mohamed Abdelaziz

31/05/2022 mis à jour: 20:02
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Photo : D. R.

A l’exemple de tous ces hommes qui luttent pour l’indépendance de leurs pays, le parcours de Mohamed Abdelaziz est lié à la longue lutte de son peuple pour arracher son indépendance. A la tête du Front Polisario depuis 1976, il prône la lutte armée contre l’occupant marocain. Aux débuts des années 1990, le Front opte pour un règlement politique de la question sahraouie. 

Le peuple sahraoui commémore aujourd’hui le sixième anniversaire de la mort d’un des pionniers de la lutte pour son indépendance, Mohamed Abdelaziz. Cette commémoration intervient au moment où le peuple sahraoui a repris la lutte armée, suite à l’agression militaire marocaine, le 13 novembre 2020, contre des civils sahraouis qui protestaient pacifiquement contre le pillage de leurs ressources naturelles.

Aux côtés de Mustapha Sayed Al Ouali, Mohamed Abdelaziz participe à la création du Front populaire pour la libération de la Saguía Al Hamra et du Río de Oro (Polisario), représentant légitime du peuple dans sa lutte pour la libération en mai 1973, et en devient un des principaux chefs militaires. Avec Brahim Ghali, il organise les premiers raids contre les garnisons espagnoles. A la tête du Front Polisario depuis 1976, il prône la lutte armée contre l’occupant marocain. Aux débuts des années 1990, le Front opte pour un règlement politique de la question sahraouie.

Néanmoins, les tergiversations des membres du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) et le rejet par Rabat de toute solution favorable à l’autodétermination du peuple sahraoui ont fait resurgir l’éventualité du recours à la lutte armée pour obtenir l’indépendance. Ainsi, le 14 avril 2016, le président Mohamed Abdelaziz a prévenu l’ONU d’un risque de reprise des hostilités avec le Maroc si la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental (Minurso) se retrouve dans l’incapacité à assumer pleinement son mandat.

Si le Conseil de sécurité n’exerce pas «une pression réelle et directe» sur le Maroc en permettant à la Minurso de reprendre son travail et son mandat pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination, ce sera «un feu vert à une agression militaire» du Maroc contre les Sahraouis, a indiqué Mohamed Abdelaziz dans une lettre adressée au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. Et de poursuivre : «Le peuple sahraoui sera alors de nouveau contraint de défendre ses droits par tous les moyens légitimes, y compris la lutte armée, qui est légalisée par l’ONU pour tous les peuples colonisés.»

Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental a été annexé en 1975 par le Maroc.

Quand la force lamine le droit

En effet, le 20 août 1974, Madrid annonce son intention d’organiser un référendum d’autodétermination au Sahara, prévu pour le premier semestre 1975. Le 1er octobre, est tenu un débat général à l’ONU sur la question du Sahara.

La Mauritanie s’associe à la proposition marocaine de recours devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye. En octobre 1975, celle-ci rend son arrêt consultatif qui réaffirme le droit des Sahraouis à l’autodétermination.

Mais le 6 novembre, à l’appel du roi Hassan II, 350 000 Marocains protégés par les soldats du royaume traversent la frontière du Sahara occidental occupé par l’Espagne. En août 1979, la Mauritanie signe un accord de paix avec le Polisario, renonçant au sud du Sahara occidental. Les forces marocaines, n’ont pas tardé à s’y déployer.

Entre 1980 et 1987, le Maroc construit un mur militarisé, qui partage en deux le territoire sahraoui. Un cessez-le-feu est signé sous l’égide de l’ONU en 1991, à la condition qu’un référendum d’autodétermination soit organisé. Rabat propose comme solution une autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine. Option rejetée par les Sahraouis, qui souhaitent l’indépendance.

Envoyé spécial de l’ONU au Sahara occidental, James Baker présente un plan, en 2003, qui prévoit un régime d’autonomie pour une durée de 5 ans, suivi d’un référendum comportant l’option de l’indépendance.

Les électeurs seront les Sahraouis et toute autre personne de plus de 18 ans vivant au Sahara occidental depuis au moins 4 ans. Accepté par le Front Polisario, le plan est rejeté par le Maroc. D’où la démission de Baker en 2004.

En juin 2007, s’ouvre la première session des pourparlers entre le Maroc et le Front Polisario en présence des Etats voisins, à savoir l’Algérie et la Mauritanie, à Manhasset (New York) sans aboutir jusque-là à une solution. En mai 2012, le Maroc retire un temps sa confiance à Christopher Ross, l’envoyé spécial de Ban Ki-moon, l’accusant de «partialité». Ross finit par démissionner en mars 2017. Son successeur, l’ancien président allemand, Horst Köhler, a réussi à relancer des pourparlers au point mort depuis 2012, en convoquant les parties concernées à deux tables rondes à Genève, en décembre 2018 puis en mars 2019. Néanmoins, il a démissionné en mai 2019 «pour raisons de santé».

En décembre 2020, l’ancien président américain, Donald Trump, a décidé de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, en contrepartie de la normalisation des relations entre le royaume et Israël.

 

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