Les députés russes ont voté hier une résolution dénonçant la présence présumée de «mercenaires» français combattant pour Kiev en Ukraine, rapporte l’AFP. Ces accusations de «mercenariat» interviennent alors que la France a multiplié ces dernières semaines les promesses d’armement à l’Ukraine et s’apprête à conclure un accord de sécurité avec Kiev. La France ne dément pas la présence de Français dans les rangs de l’armée ukrainienne, mais rejette le sous-entendu russe que Paris est impliqué dans leur recrutement.
«Il est regrettable que les autorités françaises, qui ont été autrefois avec notre pays l’un des initiateurs de la détente politico-militaire en Europe, prolongent avec leurs actions l’agonie du régime nazi de Kiev», a indiqué la résolution des députés russes adressée à l’Assemblée nationale française.
Le texte, qui reprend le récit du Kremlin présentant le conflit en Ukraine comme un prolongement de la guerre contre Hitler, a été publié sur le site de la Douma, la Chambre basse du Parlement russe. «A qui avons-nous affaire quand on parle de la France et des Français ? Aux héritiers idéologiques du légendaire président français et général de Gaulle (...) ? Ou aux soutiens du collaborateur et criminel maréchal Pétain (...) ?» Le 17 janvier, l’armée russe a affirmé avoir détruit un bâtiment à Kharkiv (nord-est) où sont déployés «des mercenaires, dont la plupart étaient des citoyens français». Soixante combattants ont été «éliminés» et 20 blessés, a alors assuré Moscou. Une association française pro-russe, SOS Donbass, a ensuite diffusé une liste de noms de 13 «mercenaires français» présents à Kharkiv au moment de cette frappe. Une autre liste de 30 noms circule aussi sur Telegram. «Nous insistons sur le fait que nous avons des informations fiables indiquant que (...) des mercenaires français se trouvent en Ukraine», a déclaré hier pour sa part le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, appelant les autorités françaises à «prendre soin» de leurs citoyens.
Paris dément
Dès l’annonce de l’armée russe, le ministère français des Affaires étrangères a démenti et dénoncé «une nouvelle manipulation grossière russe», soulignant que la France ne disposait pas «de mercenaires, ni en Ukraine ni ailleurs». En retour, vendredi, l’ambassadeur français à Moscou a été convoqué au ministère russe des Affaires étrangères pour se voir reprocher «l’implication croissante de Paris dans le conflit en Ukraine».
Certaines des identités avancées sur ces listes sont par ailleurs fausses, selon une source diplomatique française. Et le doute subsiste sur le fait même que des Français soient morts dans cette frappe. «A priori, aucun Français n’a été tué à Kharkiv» la semaine dernière, a commenté une source sécuritaire française.
D’après un expert sécuritaire à Kiev, qui connaît plusieurs Français membres de la Légion internationale ukrainienne, ceux-ci «ne sont pas beaucoup» en Ukraine et sont «dispatchés entre plusieurs unités». «Les gens que je connais sont tous vivants. Ils n’ont entendu parler d’aucun blessé» à Kharkiv, a-t-il affirmé, assurant être entré en contact avec plusieurs d’entre eux après la frappe russe.
Selon une source militaire française, une centaine de combattants français se trouveraient actuellement en Ukraine, et certains seraient proches de mouvements d’extrême droite.
La guerre en Ukraine a attiré dès les premiers mois des volontaires étrangers partis se battre aux côtés des soldats de Kiev.
La Russie est régulièrement accusée par les Occidentaux, notamment la France, de manipulations et de désinformation à l’attention de publics européens.