Annoncés ce dimanche en fin d’après-midi, les résultats de l’examen de fin de cycle moyen (BEM) sont en deçà des attentes. Les partenaires sociaux de Abdelhakim Belabed, ministre de l’Education nationale, livrent leurs lectures.
Avec un taux de réussite qui n’a pas atteint les 60%, les résultats du BEM session 2021-2022 ne sont pas satisfaisants. C’est du moins ce qu’en pensent les syndicats de l’éducation, qui estiment que ce taux dénote d’un véritable «problème pédagogique» et professionnel au sein de l’école. Pour Zoubir Rouina, président du Conseil des lycées d’Algérie (CLA), le taux de réussite au BEM et de passage au lycée ne sont pas à la hauteur des attentes de l’école publique.
«Nous attendions des résultats meilleurs même si, en prenant en considération les circonstances sanitaires exceptionnelles de ces trois dernières années, nous pouvons trouver des excuses. Nous savons que les perturbations étaient énormes mais cela n’excuse en rien cette baisse de réussite dans un examen aussi ‘‘simple’’ que le BEM», souligne le syndicaliste, qui estime qu’en parallèle de cette baisse, il y a la hausse de la déperdition scolaire qui peut découler des 30% de candidats recalés. Pour lui, c’est un «énorme fardeau» sur l’école et la société.
Même impression chez Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef). Il estime que ces résultats sont la preuve de l’échec de l’enseignement par alternance. «En plus des perturbations liées à la pandémie de Covid-19, ce système d’enseignement par alternance a contribué à un décrochage partiel des élèves, qui se sentaient en vacances continuelles.
L’attachement scolaire et la rigueur censés être imposés par l’école ont été cassés par ce système que nous devons abolir dès la prochaine rentrée scolaire», préconise Amoura, qui revient sur la faiblesse du taux de réussite en estimant que les sujets n’étaient pas «difficiles», notamment qu’ils étaient en relation avec les cours du 1er trimestre. Il propose une révision générale de ces examens, tant sur la forme que sur le fond, avec des sujets qui se basent sur la compréhension de l’élève et non sur le parcœurisme et le bachotage.
«Révisons le système des examens !»
«Il faut également revoir le volume horaire des matières et leur coefficient. Il est inadmissible d’imposer à un jeune élève, qui n’a pas dépassé les 14 ans, 4 examens de suite en une journée dans des conditions de canicule et de manque de moyens», s’offusque le syndicaliste, qui insiste sur l’obligation d’aller vers la «refonte totale du système éducatif au lieu de rester dans les décisions populistes et les solutions temporaires sans grand impact sur la bonne scolarité des élèves».
Même s’il partage en partie les mêmes avis que ces collègues syndicalistes, Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapest), préfère éviter de tirer à boulets rouges sur le système éducatif, notamment que les élèves ont fait preuve d’un grand courage durant ces trois dernières années. «Nous sommes en train de voir l’impact des perturbations de ces trois dernières années, où la crise sanitaire avait carrément interrompu les cours pendant plusieurs mois. La baisse de niveau était prévisible, même les conditions exceptionnelles de scolarité ont été prises en considération dans l’établissement des sujets», justifie-t-il.
Pour rappel, le taux de réussite au BEM session 2022 a atteint les 59,16%, soit une chute de 5% par rapport à l’année passée. Avec la moyenne de passage, le taux de passage grimpe jusqu’à 70,67%, soit moins 2% par rapport à la session 2021. Dans son communiqué officiel, le département de Abdelhakim Belabed, ministre de l’Education nationale, annonce que sur les 725 251 candidats scolarisés inscrits à cet examen, seulement 425 994 ont décroché le sésame, dont près de 50% avec mention.