Le lancement de la première fusée imprimée en 3D, prévu samedi à Cape Canaveral en Floride, a de nouveau été reporté en raison de problèmes techniques, mais l’engin semble «en bon état», a précisé son constructeur.
Ce vol inaugural était très scruté, car il pourrait, en cas de succès, contribuer à révolutionner l’industrie du lancement. La fusée, appelée Terran 1, est développée par l’entreprise Relativity Space. La fenêtre de tir s’étendait de 13h 00 (18h00 GMT) à 16h00 locales, mais après plusieurs tentatives, le décollage a été reporté. Les moteurs de la fusée non habitée étaient en cours d’allumage quand un problème d’«automatisation» a contraint la société à interrompre le décollage.
Une nouvelle tentative a eu lieu peu après, mais le lancement a été à nouveau interrompu en raison de problèmes de pression au deuxième étage de la fusée, a tweeté la société. «L’équipe s’est donnée à fond aujourd’hui, et nous en ferons de même lors de la prochaine tentative.
Plus d’informations à venir sur la nouvelle date de lancement», a-t-elle écrit après avoir assuré que «d’après une analyse initiale des données, le véhicule est en bon état». Lors de la fenêtre de tir, le compte à rebours a également été mis sur pause quand un bateau privé a pénétré dans la zone de sécurité. Une première tentative de lancement mercredi avait déjà été annulée à la dernière minute en raison d’un problème technique.
Le but du premier vol test est de prouver que l’engin peut résister à la pression d’un décollage, et de récupérer un maximum de données pour la suite du développement de ces fusées, moins chères et plus faciles à fabriquer, selon la compagnie. Au total, 85% de la masse de la fusée a été imprimée en 3D, et l’entreprise vise dans le futur les 95%. Les avantages sont multiples : réduire les coûts et simplifier le processus de fabrication, tout en offrant une plus grande flexibilité. Avec ses grands robots d’impression 3D, la compagnie affirme diviser par 100 le nombre de pièces par rapport à une fusée traditionnelle. Elle met aussi en avant la rapidité de la méthode : 60 jours, de la matière première au produit fini. La fusée Terran 1 est haute de 33,5 mètres, avec un diamètre d’un peu plus de 2 mètres.
Son premier étage comporte neuf moteurs, également imprimés en 3D, et son deuxième étage, un moteur. Elle utilise du méthalox comme carburant, un mélange d’oxygène liquide et de gaz naturel liquéfié (essentiellement du méthane). Si elle réussit à atteindre l’orbite terrestre samedi, il s’agirait de la première fusée utilisant ce carburant à y parvenir. Relativity Space, qui a pour vision de long terme de participer au développement d’une humanité multi-planétaire, fait valoir qu’il s’agit du carburant «du futur», et le plus facile à produire sur Mars. Les fusées en développement Vulcan de United Launch Alliance, et Starship de SpaceX, doivent également utiliser ce carburant. La fusée Terran 1 doit être capable de placer 1.250 kg en orbite terrestre basse. Mais ce premier vol ne contient pas de charge utile. Relativity Space développe également une plus grosse fusée, Terran R, capable de transporter 20.000 kg jusqu’en orbite basse. Une date de lancement n’est pas prévue avant 2024.
La société, basée à Long Beach, a déjà signé pour 1,65 milliard de dollars de contrats, selon Tim Ellis, le jeune patron de l’entreprise, qu’il a cofondée en 2015. La majorité de ces contrats concerne la fusée plus grosse Terran R. L’un d’eux a été passé avec l’entreprise OneWeb, qui veut fournir un accès internet depuis l’espace grâce à une constellation de satellites. Ce type de fusée «moyenne-lourde est clairement là où l’opportunité de marché la plus importante se trouve pour le reste de la décennie, avec une pénurie énorme actuellement dans cette classe de charge utile», avait tweeté Tim Ellis mardi.
Un opérateur de satellite peut attendre des années avant d’obtenir une place dans les grosses fusées d’Arianespace ou de SpaceX. Des dizaines de start-up se sont lancées ces dernières années sur le marché des petites et moyennes fusées pour répondre à la demande.
L’équipage d’un vol SpaceX de retour sur Terre après cinq mois sur l’ISS
L’équipage de la mission Crew-5 envoyé dans l’espace par une fusée SpaceX pour le compte de la NASA est redescendu sur Terre samedi, après une mission de cinq mois sur la Station spatiale internationale, selon des images de l’agence américaine. La capsule «Endurance» a amerri dans le golfe du Mexique peu après 21h00 locales (02h00 GMT) au large de la côte ouest de la Floride, avec à son bord le Japonais Koichi Wakata, la Russe Anna Kikina, ainsi que Nicole Mann et Josh Cassada de la NASA. Crew-5, lancée depuis Cape Canaveral (Floride) en octobre dernier, était la cinquième mission spatiale de Koichi Wakata et la première des autres membres, permettant à Nicole Mann de devenir la première Amérindienne envoyée dans l’espace, a expliqué la NASA. Avant de quitter l’ISS, l’équipage a rencontré celui de Crew-6, parti le 1er mars du même endroit pour prendre la relève. Moins d’une semaine auparavant, une fusée russe Soyouz avait décollé du Kazakhstan pour remplacer le vaisseau MS-22, également russe, qui a été endommagé lors de son amarrage à l’ISS. Les trois membres de MS-22, un astronaute américain et deux cosmonautes russes, devaient au départ revenir sur Terre fin mars à l’issue d’une mission de six mois, mais vont finalement rester pratiquement un an. La coopération sur la Station spatiale internationale est devenue l’un des derniers domaines où Washington et Moscou continuent de travailler ensemble depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie il y a un peu plus d’un an.