La Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) a organisé, hier, avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique au CIC, à Alger, une rencontre autour du thème «La R&D, levier de croissance pour l’entreprise».
Le président de la CAPC a, dans son allocution d’ouverture, développé l’ambition de son association professionnelle de faire aboutir le projet de rapprochement de l’entreprise de l’université. S’agit-il d’une gageure ou d’un pari qu’il est possible de relever ? La question se pose toujours en effet de savoir quelles sont les possibilités que se sont données les entreprises algériennes dans ce domaine. En ont-elles seulement les moyens financiers et des projets de recherche ?
Combien d’entreprises algériennes, publiques et privées, disposent-elles de structure de recherche & développement en leur sein ? Inutile de préciser que les entreprises algériennes font face actuellement à d’autres problèmes beaucoup plus terre à terre, comme ceux de financement, de management et ceux liés au marché tout simplement. La plupart des entreprises privées algériennes sont des entreprises familiales.
Quant au secteur public économique, dont la majorité des entités survivent grâce au Trésor public, il est en proie à d’autres difficultés d’une nature : perte de marchés, déficits chroniques, endettement, etc. Le gouvernement prépare une énième reconfiguration du secteur, voire la privatisation de toutes les entreprises susceptibles de trouver un repreneur, hormis celles dites «stratégiques» et qui ne sont pas très nombreuses.
Le ministre de l’Enseignement supérieur ainsi que les cadres de son département ont longuement développé la volonté de jeter «passerelles» entre l’université et le monde l’entreprise. Ainsi, Mme Allouche, directrice de la formation au sein de ce département, a annoncé que pour les entreprises qui ne sont pas dotées de structure recherche & développement, celles-ci peuvent être parrainées à l’issue d’une formation doctorale.
Pour l’instant, le département de l’Enseignement supérieur affirme que «le financement de la recherche est assuré entièrement par l’Etat, la part des autres sources étant encore insignifiante». Il reconnaît ainsi qu’il y a «peu de liens entre la recherche et le secteur productif, peu de mécanismes et d’instruments de valorisation». Pourtant, des mécanismes de financement directs et indirects ont été mis en place, précise-t-on.
Des propositions ont été faites, par exemple, de procéder à la «modification de l’article 171» du code des impôts pour ramener «le plafonnement du taux de réduction de l’IBS des montants investis sur R&D de 10 à 30%, soit de 100 000 000 DA à 300 000 000 DA. A condition que le montant admis en déduction soit réinvesti uniquement dans le cadre de cette recherche».
100 entreprises prêtes à faire le pas
Trois mécanismes ont été mis en place pour la promotion de la R&D au sein de l’économie nationale, a rappelé le directeur général de la recherche scientifique et du développement technologique au sein du ministère de l’Enseignement supérieur, le Pr Mohamed Bouchicha. Ce dernier a ainsi cité les formations doctorales en entreprise et leur recrutement, le financement direct et indirect de la R&D en entreprise ainsi que le cofinancement de la recherche à travers les programmes nationaux de recherche (PNR). Lors d’un panel animé hier au CIC, les cadres du ministère ont exposé les détails de ces mécanismes. Ainsi, le recrutement de doctorants au sein des entreprises économiques est incité à travers des allégements de charges fiscales. Concernant le financement indirect, la loi prévoit un abattement fiscal sur l’impôt sur le bénéfice des entreprises (IBS) à 10%, soit 100 millions de dinars, à condition que le financement soit en faveur de la recherche. De plus, la sous-directrice de l’innovation et de la veille technologique au ministère, Mme Cherfaoui, a fait savoir que le ministère dénombre 1662 laboratoires universitaires à travers le pays, plus de 40 000 enseignants-chercheurs, 433 prototypes ainsi que 420 demandes de brevet. De son côté, le président de la CAPC, Sami Agli, a indiqué que près de 100 entreprises membres de son organisation patronale ont été répertoriées pour intégrer la démarche du ministère visant à assurer le rapprochement entreprise-université. «La CAPC encourage l’établissement de conventions entre ses entreprises membres, les délégations régionales de la CAPC d’une part et les universités et centres de recherche d’autre part, en fonction des axes de recherche relevant de leurs domaines de compétences et les besoins de l’entreprise», a affirmé M. Agli. A noter que cette rencontre s’est déroulée en présence du ministre de l’Industrie pharmaceutique, Abderrahmane Djamel Lotfi Benbahmed, du ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, Benattou Ziane, et du président du Conseil national économique, social et environnemental (Cnese), Sidi Mohammed Bouchenak Khelladi. APS