La société chaouie a suscité peu d’écrits. Les rares textes connus sont ceux de chercheurs étrangers, particulièrement français, à l’instar de l’ethnologue Germaine Tillon dont les travaux menés dans les années 1930 à El Ménéa et chez les Ouled Abderrahmane sont devenus une référence incontournable pour les chercheurs en sciences sociales.
Ces dernières années, un travail extraordinaire est toutefois mené par des écrivains, des éditeurs, des journalistes et des artistes courageux du cru. Saïda Abouba est de ces auteurs dont les écrits nous mènent à la rencontre d’une société millénaire. Elle vient de publier, chez Achab, une biographie en tamazight intitulée : Yemma Batta/Tameddurt. Le récit, dont la version en français a été publiée il y a plusieurs mois, nous parle sans pathos de la femme chaouie.
«La femme dans les Aurès est forte de caractère malgré les contraintes de la vie qu’elle est sûre de pouvoir surmonter. Ella a eu faim. Elle a marché pieds nus sur des chemins de montagne, dans le froid rude des Aurès. Elle a, certes, vécu des moments durs, elle a souffert, mais à chaque fois elle se relève. La famille est son bonheur, c’est la reine de tout l’univers qui l’entoure. Ces bonnes dames ne demandent rien d’autre que le respect, l’épanouissement.
Ce sont au final des êtres humains qui ont le droit de vivre en paix et toute sérénité», met en avant l’auteure, qui a parlé à El Watan de son récit, qui lui tient à cœur. La part biographique y est présente dans le récit de cette native d’Ichmoul (Batna). Le modèle suprême : la mère de l’auteure. D’autres personnages féminins, connus de beaucoup d’Algériens, sont cités pour rappeler leur courage chevillé au corps.
«J’ai évoqué trois grandes dames : Naziha Hamouda, fille du colonel Si El Haouès, celle qui a sacrifié son temps, sa jeunesse à la recherche sur la vie des femmes dans les Aurès. Elle avait une bonne relation avec Yemma. Je parle aussi de l’écrivaine Yamina Mechakra et de la chanteuse Dihya dont la voix et les chants nous submergent. J’évoque également Amti Khoukha, une brave dame qui a beaucoup souffert pour pouvoir élever ses enfants malgré toutes les contraintes de la vie», souligne Saïda Abouba.
Auteure infatigable, elle veut toujours mener son travail sans fléchir. Licenciée en anglais, elle utilise avec aisance les différentes langues parlées et enseignées en Algérie. A son actif : Aurès, des recueils de poèmes en tamazight, en français et en anglais,