Le Premier ministre israélien Yaïr Lapid a exhorté les puissances occidentales à «cesser» de négocier avec l’Iran l’accord sur le nucléaire.
Les Etats-Unis ont confirmé hier avoir transmis à l’Union européenne (UE) leur réponse à un plan censé raviver l’accord sur le programme nucléaire iranien de 2015, rapporte l’AFP citant la diplomatie américaine. «Nous avons transmis notre réponse à l’UE aujourd’hui», a déclaré le porte-parole du Département d’Etat américain, Ned Price.
Un peu plus tôt, le ministère iranien des Affaires étrangères a affirmé avoir reçu une réponse des Etats-Unis concernant les «ajustements» requis par Téhéran à la proposition d’accord soumise par l’UE sur le dossier nucléaire iranien. Téhéran «a commencé à examiner attentivement l’avis des Etats-Unis et la République islamique d’Iran va transmettre son opinion au coordinateur (de l’UE) après sa révision», a indiqué son porte-parole Nasser Kanani.
Avant ces annonces de Washington et de Téhéran, le Premier ministre israélien, Yaïr Lapid, a exhorté les puissances occidentales à «cesser» de négocier avec l’Iran l’accord sur le nucléaire. «Ce qu’il y a sur la table actuellement est un mauvais accord. Cela donnera 100 milliards de dollars par année à l’Iran.
Cet argent ne servira pas à construire des écoles ou des hôpitaux, mais sera utilisé pour déstabiliser le Moyen-Orient (...) en renforçant le Hezbollah, le Hamas et le Jihad islamique», a-t-il déclaré sans aucune précision sur ce chiffre. «A nos yeux, l’accord ne répond pas aux critères fixés par le président (américain Joe) Biden lui-même : empêcher l’Iran de devenir un Etat nucléaire», a-t-il ajouté lors d’une rencontre avec la presse étrangère à Jérusalem. De son côté, le ministre de la Défense, Benny Gantz, est attendu aujourd’hui à Washington pour discuter, entre autres, du nucléaire iranien, selon ses services.
Concessions
Israël s’est félicité du désengagement, il y a quatre ans, des Etats-Unis de Donald Trump de l’accord sur le nucléaire iranien signé à Vienne en 2015 entre la République islamique et le Groupe 5+1(Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France, ainsi que l’Allemagne), mais craint ces jours-ci un renouvellement du pacte à l’heure où les pourparlers se poursuivent. Mardi, Washington a indiqué que Téhéran a fait des concessions.
Selon un haut responsable américain, l’Iran ne bloque plus certaines inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), alors qu’il exigeait auparavant que l’agence cesse son enquête sur des sites non déclarés où des traces d’uranium enrichi ont été retrouvées. Téhéran a aussi abandonné une autre exigence : la levée de la désignation «terroriste» des Gardiens de la révolution, son armée idéologique.
Le pacte de 2015 vise à garantir le caractère civil du programme nucléaire de l’Iran, accusé de chercher à se doter de l’arme atomique malgré ses démentis, en échange d’une levée des sanctions qui frappent le pays. Suite au retrait unilatéral des Etats-Unis de l’accord en 2018 sous l’impulsion du président Donald Trump et du rétablissement des sanctions américaines, Téhéran s’est progressivement affranchi de ses obligations.
Après plusieurs mois de blocage, les discussions ont repris le 4 août dans la capitale autrichienne pour une énième tentative de sauver l’accord. L’objectif des pourparlers, auxquels les Etats-Unis participent de manière indirecte, est de remettre le processus sur les rails. Le 26 juillet, le chef de la diplomatie européenne et coordinateur pour le dossier du nucléaire iranien, Josep Borrell, a soumis un projet de compromis et a appelé les parties engagées dans les pourparlers à l’accepter pour éviter une «dangereuse crise».