L’Iran a menacé de répondre en cas d’adoption par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) d’une récente résolution soumise par Londres, Paris et Berlin condamnant l’escalade nucléaire de Téhéran, en dépit des réticences américaines, a rapporté hier l’AFP citant l’agence de presse iranienne Fars.
«En cas d’adoption d’une résolution contre l’Iran au conseil des gouverneurs (de l’AIEA) et de pression politique des parties prenantes, l’Iran répondra», a déclaré le chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), Mohammad Eslami, cité par l’agence Fars.
Le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne (E3) ont soumis lundi une proposition de résolution à l’instance dirigeante de l’AIEA condamnant l’Iran pour son manque de coopération avec l’agence et exigeant que Téhéran rende des comptes.
Lors de la dernière réunion en mars du conseil des gouverneurs de l’AIEA, les trois capitales européennes ont préparé un texte avant de renoncer faute de soutien de Washington.
Si officiellement les Etats-Unis nient freiner les efforts de leurs alliés européens, ils craignent qu’une telle action n’envenime les tensions géopolitiques actuelles au Moyen-Orient, qui plus est à l’approche de la présidentielle américaine en novembre, d’après des sources diplomatiques. Et les tensions sont montées depuis que le Hamas, soutenu par l’Iran, a attaqué Israël en octobre, déclenchant la guerre à Ghaza.
Le 1er avril, une frappe attribuée à Israël a visé le consulat iranien à Damas, tuant notamment de hauts gradés iraniens. Téhéran a riposté le 13 avril en menant une attaque sans précédent contre Israël.
L’AIEA n’a pas adopté de résolution critiquant la république islamique depuis novembre 2022, et ensuite l’Iran a accéléré son programme d’enrichissement d’uranium.
La République islamique s’est affranchie progressivement des engagements pris dans le cadre de l’accord international de 2015 censé encadrer ses activités atomiques en échange d’une levée des sanctions internationales. Ce pacte a volé en éclats après le retrait américain décidé en 2018 par le président d’alors, Donald Trump. Se référant à cet accord connu sous l’acronyme JCPOA, Mohammad Eslami a déclaré que «si les autres parties ne reviennent pas à leurs engagements, l’Iran a le droit de réduire réciproquement ses obligations, ce que le pays est en train de faire».
Les tensions se sont accrues entre l’Iran et l’AIEA depuis l’échec de l’accord et les efforts entrepris par l’Union européenne pour faire revenir Washington à bord ont jusqu’ici échoué.