Programme nucléaire iranien : Le chef de l’AIEA demande à Téhéran des mesures «concrètes»

08/05/2024 mis à jour: 04:23
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Le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian avec le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi, lors d’une réunion à Téhéran - Photo : D. R.

Le chef de l’agence onusienne a qualifié d’«importantes» les discussions avec les autorités iraniennes, qui se sont concentrées «sur les mesures très concrètes, pratiques et tangibles qui peuvent être mises en oeuvre pour accélérer le processus».

Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a appelé hier l’Iran à appliquer des «mesures très concrètes et tangibles» afin de répondre aux inquiétudes de la communauté internationale sur l’avancement de son programme nucléaire, selon des propos recueillis par l’AFP.

Il a insisté sur la nécessité de «régler les différends» sur le dossier nucléaire alors que le Moyen-Orient vit «des temps difficiles», notamment avec la guerre entre Israël et le mouvement palestinien Hamas, soutenu par l’Iran, dans la bande de Ghaza. «Parfois, le contexte politique met des obstacles à une coopération à part entière» entre l’Iran et «la communauté internationale», a-t-il souligné au second jour de sa visite en Iran.

Pour surmonter ces obstacles, «nous devons proposer des mesures concrètes qui nous aideront à nous rapprocher des solutions dont nous avons tous besoin», a souhaité R. Grossi au cours d’une conférence sur le nucléaire organisée par les autorités iraniennes à Ispahan (centre). Il a qualifié d’«importantes» les discussions avec les autorités iraniennes, qui se sont concentrées «sur les mesures très concrètes, pratiques et tangibles qui peuvent être mises en œuvre pour accélérer le processus».

Depuis la dernière visite de R. Grossi en mars 2023, les relations se sont détériorées entre Téhéran et l’agence basée à Vienne, qui est chargée de vérifier le caractère pacifique du programme nucléaire iranien. Les inspections des sites iraniens ont été fortement réduites, des caméras de surveillance ont été débranchées et l’accréditation d’un groupe d’experts a été retirée. 

Le responsable onusien a regretté en février que l’Iran ait restreint «d’une manière sans précédent» sa coopération et dénoncé une «prise en otage».

Cette situation renforce les craintes de la communauté internationale alors que Téhéran dispose de suffisamment de matière pour fabriquer plusieurs bombes atomiques, selon des experts. «Nous avons le droit légal de réduire nos engagements lorsque les autres parties ne respectent pas leurs obligations», a réaffirmé le chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), Mohammad Eslami, le principal interlocuteur de R. Grossi. 

«Actions hostiles»

Le responsable iranien a toutefois affirmé la volonté de son pays de renforcer sa collaboration avec l’AIEA dans le cadre du TNP (Traité de non-prolifération des armes nucléaires de l’ONU), qui est «au premier plan des politiques» de Téhéran. Il n’est pas entré dans les détails techniques, notamment concernant les inquiétudes exprimées par l’AIEA au sujet de traces d’uranium découvertes sur deux sites non déclarés, Turquzabad et Varamin.

Mohammad Eslami a dénoncé «les actions hostiles contre le programme nucléaire de la République islamique», en mettant notamment en cause Israël. Comme il a confirmé le souhait de son pays de développer son parc nucléaire pour faire face à la hausse de la demande en électricité.

En réponse, R. Grossi a affirmé que les relations entre l’AIEA et l’Iran ne sont pas influencées par «des parties extérieures». Le chef de l’Agence atomique a exprimé son inquiétude après une attaque le 19 avril dans le centre de l’Iran attribuée à Israël en représailles à des tirs iraniens contre Israël le week-end précédent. Toutefois, l’AIEA a précisé qu’elle n’a constaté «aucun dégât» sur les sites nucléaires iraniens après les explosions rapportées dans le centre du pays.

Les sites nucléaires iraniens connus sont notamment situés dans le centre du pays, à Ispahan, Natanz ou Fordo, ainsi que dans la ville portuaire de Bouchehr, où est implantée l’unique centrale nucléaire. L’Iran, qui nie avoir l’intention de se doter de la bombe atonique, est «le seul pays non doté de l’arme atomique à enrichir l’uranium au niveau de 60% et à accumuler» d’importants stocks, a rappelé en mars le directeur général de l’agence de l’ONU.

Ce seuil est proche des 90% nécessaires pour élaborer une bombe et se situe bien au-delà du plafond autorisé de 3,67%, équivalant à ce qui est utilisé pour la production d’électricité. La République islamique s’est affranchie progressivement des engagements pris dans le cadre de l’accord international de 2015 encadrant ses activités nucléaires en échange d’une levée des sanctions internationales.

Ce pacte, connu sous l’acronyme JCPOA, a volé en éclats après le retrait des Etats-Unis décidé en 2018 par le président d’alors, Donald Trump. Des discussions à Vienne, où est basée l’AIEA, pour le ranimer ont échoué à l’été 2022 et aucun espoir de relance ne se profile à court terme.

 

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