Professionnalisation de la formation universitaire : Nécessité d’une adaptation aux besoins de la société

04/10/2023 mis à jour: 16:00
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Photo : D. R.

Des intervenants se sont interrogés si à force de vouloir professionnaliser la formation universitaire, l’institution ne  va pas perdre l’aspect du savoir et de la recherche scientifique.

Avec la naissance de nouveaux métiers et l’évolution d’autres, la professionnalisation de la formation universitaire demeure toujours un sujet d’actualité pour son adaptabilité aux besoins économiques. C’est dans ce contexte qu’un colloque international en mode hybride a été organisé, hier, à l’université Frères Mentouri Constantine 1, intitulé «Professionnalisation des formations universitaires et le développement professionnel : état des lieux, enjeux et perspectives».

Cette rencontre scientifique a été marquée par un échange fructueux sur des analyses et des enquêtes débattues entre chercheurs algériens et étrangers des universités de la Suisse, France, Belgique, Egypte, Cameroun et Canada. Mais comment évaluer cette professionnalisation en Algérie ? «La professionnalisation existe déjà dans plusieurs spécialités scientifiques, contrairement au domaine des langues, où le terrain est encore vierge en Algérie.

Ce colloque s’inscrit dans le cadre des objectifs du projet du PRFU intitulé ‘‘La professionnalisation des formations en langues étrangères dans l’enseignement supérieur’’. Donc, nous envisageons, dans ce sens de proposer des formations professionnalisantes en langues en relation avec le tissu économique local», a déclaré Dr Zineb Haroun, maître de conférences A à l’université Mentouri, cheffe de projet de recherche et de formation universitaire (PRFU) et organisatrice du colloque.

Et de poursuivre sur l’adaptabilité de la formation universitaire aux exigences du secteur de travail : «Je ne peux pas me prononcer pour les autres filières techniques. Pour le domaine des langues, nos diplômés en termes d’insertion professionnelle sont beaucoup plus destinés à l’enseignement. Les métiers et les professions évoluent dans des contextes mouvants social, économique, culturel et scientifique. Donc nous ne pouvons pas rester en marge de ces évolutions et on doit revoir nos formations pour les adapter aux besoins de la société.»

De ce fait, plusieurs outils nécessaires s’évoquent pour penser la professionnalisation, tout en prenant en considération les besoins économiques à l’échelle nationale. C’est pourquoi notre interlocutrice a fait savoir qu’un «mariage» entre le domaine des langues et autres disciplines, à l’instar des sciences économiques et le management, est envisagé dans son projet de recherche, afin de favoriser l’interdisciplinaire.

Analyser le secteur de l’emploi

Cette fusion aidera, selon ses dires, à analyser le tissu économique local. Une approche qui a été évoquée dans la communication du Pr Richard Wittorski, professeur des universités de France, sur les enjeux de la professionnalisation.

L’intervenant a recommandé d’analyser d’abord le secteur du travail afin de s’orienter vers la proposition des formations. Mais à force de vouloir professionnaliser la formation universitaire, n’allons-nous pas perdre l’aspect du savoir et de la recherche scientifique ? Interrogée par El Watan, Docteure Haroun explique que l’université ne peut pas devenir une entreprise.

Cette institution de l’enseignement supérieur continuera, ajoute-t-elle, à dispenser des savoirs disciplinaires et des besoins scientifiques pour pouvoir professionnaliser. «Nous ne pouvons pas nous passer de la recherche qui est au service de la professionnalisation», renchérit-elle.

Mais qui définira le référentiel des métiers, les industriels ? L’organisatrice du colloque estime que l’Etat est seul habilité à valider les propositions des chercheurs et les formations en fonction des besoins et des exigences de la société. En dépit des efforts déployés, de nombreuses contraintes se posent toujours, en particulier pour la professionnalisation de la formation en langues.

D’ailleurs, en conclusion, Dr Zineb Haroun estime que certaines contraintes sont liées aux représentations de la société vis-à-vis des langues. Ces dernières servent, selon la culture de la société, seulement à l’enseignement et à la littérature.

«Nous sommes figés dans une certaine représentation par rapport au domaine des langues. Peut-être l’anglais est en train de prendre un petit peu le terrain en comparaison avec le français, suite à la nouvelle politique linguistique. Le français n’est pas la discussion ici, mais la question est que les langues font partie des formations dispensées dans l’université», a-t-elle souligné, en précisant qu’il faut penser à une professionnalisation avec l’insertion des langues dans tous les domaines.   

 

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