Prix des fruits et légumes en baisse : Répit bienvenu pour le consommateur

16/05/2022 mis à jour: 00:36
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Dans plusieurs marchés de la capitale, les produits affichent des prix beaucoup moins chers que lors du mois de Ramadhan dernier ( photo : H. Lyès)

Une baisse sensible des prix des fruits et légumes a été constatée ces derniers jours au niveau de plusieurs marchés de la capitale et des principales villes du pays. En effet, après un mois de Ramadhan qui a connu une flambée exceptionnelle des prix ainsi que les jours de l’Aïd, la mercuriale semble revenir à des niveaux raisonnables et plus ou moins supportables. 

C’est ce qui a été relevé, entre autres, par l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (Apoce), qui s’est félicitée de ce recul, le qualifiant de «très positif», et a repris sur sa page Facebook les prix des légumes du 14 mai 2022 au niveau du marché de gros de Boufarik, constatant «une baisse importante» : tomate à 60 DA, pomme de terre de Mostaganem entre 55 et 60 DA, les poivrons à 60 DA, courgette à 60 DA, aubergine 70 DA, petit pois à 70 DA, haricots verts à 200 DA, carotte à 35 DA et oignon 60 DA. 
 

«Nous sommes un peu rassurés. Les indicateurs sont réconfortants au vu de la baisse quotidienne des prix de certains produits et de leur abondance, mais le marché national est perturbé et imprévisible, et il peut réserver des surprises à tout moment, c’est ce que nous avons vécu par expérience», a averti sur echoroukonline Mustapha Zebdi, président de l’Apoce. La peur conduit généralement à des comportements négatifs (frénésie, achats massifs et stockage des denrées). 
 

En outre, les rayons de la grande distribution ont été approvisionnés par une quantité abondante de produits alimentaires. L’huile de table, après avoir connu une longue période de pénurie, est maintenant largement disponible, y compris dans les supérettes. 
 

Hadj Tahar Boulenouar de l’Association nationale des commerçants et artisans (ANCA) estime la baisse des prix à «40%». Ainsi, le prix de la pomme de terre varie entre 60 et 80 DA. Tandis que les oignons se positionnent à 70 DA.
 

Les fruits sont aussi devenus plus abordables : les abricots sont passés de 400 à 220 DA, la pastèque est cédée à 70 DA/kg, alors qu’elle se vendait à 90 DA. 
 

D’autres denrées alimentaires ont connu une baisse de leur prix, la viande par exemple. Le poulet est vendu 280 DA/kg. Cela va-t-il durer dans le temps ou s’agit-il d’un feu de paille ? Il faut préciser que la filière avicole a connu une baisse du nombre d’opérateurs en raison des difficultés rencontrées par la profession, notamment le coût élevé des intrants, comme le maïs et le soja destinés à l’alimentation des volailles. 
 

En plus, et selon le Conseil national interprofessionnel de la filière avicole, «80% du nombre total d’aviculteurs exercent hors du cadre légal et seulement 20% d’entre eux sont inscrits au registre de commerce», d’où la complexité de la situation du marché. 
 

Cette abondance a rassuré et soulagé les consommateurs, qui ne sont plus obligés de passer des heures, du moins momentanément, dans des files d’attente interminables pour acquérir de nombreux produits de large consommation (lait, semoule...). 
 

Un marché toujours instable et imprévisible 
 

Sans aucune campagne de boycott, ni raisons connues, les prix de la plupart des biens de consommation sur les marchés algériens se sont effondrés, au grand étonnement des consommateurs. Certains produits de large consommation, qui avaient longtemps disparu du marché et devenus si rares, sont désormais disponibles et à la portée de la majorité des bourses.
 

Des rapports officiels et non officiels des ministères de l’Agriculture et du Commerce, des organisations non gouvernementales et des organismes locaux ont mis en évidence le fait que cette baisse des prix était «logique». Ils s’accordent sur la nécessité de préparer une étude scientifique nationale qui tient en compte la protection du pouvoir d’achat des consommateurs et la protection de la capacité productive des agriculteurs. 
 

Ceci dit, la baisse actuelle des prix ne signifie pas que cette tendance baissière va être pérenne, car le marché est toujours instable, déséquilibré et imprévisible. Dans ce cadre, Hacène Menouar, président de l’association El Aman pour la protection du consommateur, avait attiré l’attention, lors d’une récente enquête d’El Watan, sur le fait que «l’Etat doit reprendre son rôle régulateur en instaurant des lois et en les faisant appliquer sur le terrain, recenser les besoins de chaque catégorie pour chaque produit et chaque période et élaborer des cartes de production agricole et industrielle pour faire face à la demande et assurer un équilibre pour que les prix soient stables». 

Il ajoute que «L’Etat doit réaliser des infrastructures, on manque beaucoup d’infrastructures commerciales et de distribution, par exemple, les plateformes stratégiques, les marchés régionaux et de gros. Il va assurer un meilleur contrôle et la maîtrise de la distribution, on va éliminer beaucoup d’intermédiaires illicites et le marché deviendra plus ou moins officiel». 
 

De son côté, Le secrétaire général de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), Abdellatif Dilmi, souligne que «plus la température est élevée dans les jours suivants, plus les prix baissent, les agriculteurs et les commerçants sont obligés de vendre s’ils ne veulent pas perdre de grandes quantités de marchandise».  

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