La goélette scientifique Tara s’apprête à prendre la mer, mais pas le large, pour une nouvelle expédition scientifique qui ambitionne de percer les mystères des écosystèmes côtiers européens.
Le voilier quittera Lorient le 2 avril pour un périple le long des côtes européennes jusqu’en juillet 2024 afin de participer à la mission TREC (Traverser les côtes européennes) destinée à mesurer l’impact des pollutions et du changement climatique sur les côtes européennes.
«L’objectif est de permettre à l’humanité de mieux comprendre, au niveau cellulaire et moléculaire le plus élémentaire, comment la santé humaine et planétaire sont affectées par les modifications (apportées) aux milieux environnementaux : le changement climatique, l’utilisation des pesticides, la perte d’habitat...», a expliqué Edith Heard, directrice générale du laboratoire européen des sciences de la vie EMBL, qui dirige le projet TREC.
Celui-ci «implique de combiner un très large éventail de recherches allant de la génomique à l’écologie et la biologie marine». «C’est un projet vraiment ambitieux, cela n’a jamais été tenté auparavant donc ce sera un défi, difficile techniquement», a-t-elle souligné.
Les scientifiques vont explorer les interactions entre la terre et la mer en collectant des échantillons à la fois dans les eaux peu profondes et dans les sols, avec leurs laboratoires mobiles. TREC comptera ainsi 120 sites d’échantillonnage côtiers, dans 46 régions de 22 pays européens entre 2023 et 2024.
Tara sera en charge de la partie maritime de la mission. Pour sa treizième expédition, le célèbre voilier-laboratoire, plutôt habitué aux missions lointaines, sera confronté à de nombreux défis en se rapprochant des côtes: trafic maritime, marées, contrôles administratifs... «Je m’attends à une mission compliquée», a indiqué Romain Troublé, le directeur général de la fondation Tara Océan.
Mais le jeu en vaut la chandelle : Edith Heard a comparé l’expédition à celle menée au XIXe siècle par Charles Darwin, père de la théorie de l’évolution, sur le navire Beagle. «Je pense que ça va donner lieu à plein de découvertes» voire «peut-être même des nouvelles théories», espère la scientifique.