L’indicateur fondamental en matière de développement économique est sans conteste le taux de croissance qui, dans notre pays, passera à 5% en 2023, gagnant un point par rapport à l’année actuelle. Quant au niveau des importations, il sera de 38 milliards de dollars après avoir frôlé les 60 milliards de dollars par le passé du fait essentiellement du gaspillage de l’argent public et des pratiques de surfacturation des importateurs. Quant aux exportations hors hydrocarbures, elles ont bondi à 7 milliards de dollars cette année et les réserves de change ont atteint 60 milliards de dollars, pouvant couvrir deux années d’importations au cas où les prix du pétrole s’effondreraient. Comme elle sera aisée financièrement, l’année 2023 verra de ce fait la reconduction des différents soutiens des prix des produits et services essentiels à la population. Celle-ci sera épargnée des traditionnelles hausses des taxes et impôts toujours très mal vécus pour leur impact négatif sur le pouvoir d’achat. En même temps sont programmées diverses hausses des salaires, des retraites et de l’allocation chômage.
De nouvelles réformes sont attendues l’année en cours, les plus marquantes concerneront la monnaie, le crédit et l’investissement. Il est attendu d’elles un début d’amélioration du climat des affaires. Le FMI et la Banque mondiale ont revu à la hausse les prévisions de croissance de l’économie algérienne, mais ont mis en garde contre les effets de l’inflation mondiale, autour de 9%, et les excès dans les dépenses publiques. On peut estimer donc qu’est fermée la parenthèse de 2014 qui a vu l’économie du pays s’effondrer suite à la baisse drastique des prix des hydrocarbures sur les marchés mondiaux, bien que subsiste toujours le risque d’une autre crise des hydrocarbures, conséquence d’un arrêt de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. C’est une course contre la montre que doit se livrer le pays afin de ne pas revivre le scénario antérieur de désarroi économique et financier, les autorités n’eurent comme solution que le recours à la planche à billets aux effets néfastes en matière d’inflation. Ce mécanisme ne devra plus être sollicité, le vrai remède reposant incontestablement sur la mise en place d’une économie productive forte, basée sur un tissu industriel large et performant, une agriculture puissante ainsi que des services efficaces.
Si depuis l’indépendance, l’Algérie n’est jamais sortie du sous-développement, c’est précisément à cause de cela : elle s’est contentée de vivre avec une économie rentière qui prenait en charge un embryon de tissu industriel, mais en même temps servait à maintenir la paix sociale à travers le soutien massif aux produits et services de large consommation. Dès cette année, ce sera un nouveau pari pour l’Algérie et, pour le relever, le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, compte beaucoup sur le corps des walis. Il vient de leur conférer les pleins pouvoirs, précisant que «le wali est le chef du gouvernement dans sa wilaya, tous les directeurs sont sous son autorité, son pouvoir n’est pas uniquement administratif, il est également politique, sécuritaire et économique. Il ne peut pas intervenir qu’au niveau de l’éducation et de la défense nationale». Une lourde responsabilité donc pour ces commis de l’Etat sur lesquels pèsera un double poids, le contrôle de la présidence de la République et du Premier ministre et la pression de la population. Celle-ci sera constante et évoluera selon le degré de résolution des difficultés rencontrées par les habitants. La tâche sera relativement aisée dans les wilayas à fortes potentialités, notamment dans le nord du pays, mais elle sera difficile dans les zones du sud du pays, les régions montagneuses et les Hauts-Plateaux, là où subsistent de grands retards de développement et où sont enregistrées le plus de «zones d’ombre», là où la précarité est criante. C’est davantage sur ce dossier que les walis devront intervenir et qu’ils seront «évalués».