Manille a annoncé hier avoir convoqué un haut diplomate chinois pour protester contre le harcèlement présumé d’un navire de recherche marine par un bateau des garde-côtes chinois dans les eaux territoriales philippines, selon des sources diplomatiques, relayées par l’AFP.
Le ministère des Affaires étrangères philippin a indiqué avoir «convoqué un haut responsable de l’ambassade de Chine à Manille pour protester contre le harcèlement (...) du RV Legend, qui menait une recherche scientifique marine autorisée».
Il a ajouté qu’il examinait aussi des rapports sur la «présence de navires de garde-côtes étrangers autour de Reed Bank», où des entreprises philippines mènent des explorations pétrolières.
Manille et Pékin se disputent depuis longtemps des zones de la mer de Chine méridionale sur lesquelles la Chine dit avoir des droits exclusifs, au mépris d’un jugement d’une instance de La Haye (Pays-Bas) en 2016 selon lequel ses revendications historiques sont sans fondement. Les incidents constituent, selon les responsables philippins, «des violations manifestes de la juridiction maritime des Philippines».
Dans un communiqué distinct publié le même jour, le ministère des Affaires étrangères philippin a déclaré avoir émis une protestation diplomatique distincte concernant ce qu’il a qualifié de «moratoire de trois mois et demi sur la pêche imposé unilatéralement par Pékin» près des îles Spratley, contestées par les deux pays.
La semaine dernière, un rapport de l’Asia Maritime Transparency Initiative (AMTI) a affirmé que le RV Legend a été suivi de près par le navire des garde-côtes chinois au nord-ouest de l’île principale de Luzon, aux Philippines.
Des navires chinois ont harcelé à deux autres occasions le mois dernier des navires commerciaux et de recherche, selon AMTI, dont un près de l’atoll Second Thomas, un atoll stratégiquement situé et tenu par les Philippines.
Le ministère philippin des Affaires étrangères a déclaré que des «activités illégales» non précisées autour de Second Thomas ont fait également l’objet de «protestations diplomatiques» et que des navires chinois ont encerclé un navire des garde-côtes philippins dans la zone.
L’Empire du Milieu revendique la quasi-totalité de cette mer, riche en gaz et pétrole ainsi qu’en ressources halieutiques, et par laquelle transite une grande partie du commerce maritime mondial. Il fonde sa légitimité sur ces territoires sur des cartes remontant aux années 1940.
Washington prône un règlement multilatéral de ces conflits. La vision de Pékin est plutôt favorable à des négociations bilatérales. Plusieurs pays voisins contestent les revendications chinoises, comme le Vietnam, la Malaisie, les Philippines et le sultanat de Brunei, qui désignent ces zones disputées selon leur vision de la région : Pékin les appelle mer de Chine ; Hanoï mer de l’Est ; mer des Philippines occidentales pour Manille.