Histoire de Sidi Bel Abbès, le face-à-face Koubba - Redoute, est le nouvel ouvrage du professeur Karim Ouldennebia, enseignant à l’université Djilali Liabes (UDL) et responsable du laboratoire de recherche en histoire.
La présentation de l’ouvrage, fruit de plusieurs années de recherche, était prévue lundi dernier à la bibliothèque publique Mohamed Kabati, près de la gare ferroviaire de Sidi Bel Abbès, suivie d’une vente-dédicace, le lendemain, à la librairie Abbassiyines, puis hier mercredi à la bibliothèque centrale de l’UDL et enfin aujourd’hui jeudi au musée du Moudjahid. Pour l’auteur, l’appellation de Sidi Bel Abbès est à double consonance.
D’abord arabe, qui l’attache délibérément à un passé mystique du douzième siècle (XIIe) et qui la surveille de loin. Mais aussi, à un passé colonial récent du dix-neuvième siècle (XIXe), encore trouble. «Dans l’espace comme dans le temps, la Koubba du marabout Sidi Bel Abbès fait face à la redoute de l’armée conquérante qui lui a substitué son nom en 1843. L’Oued Mekerra serpente le terrain entre ces deux structures architecturales : La Redoute, la garnison comme la Koubba et le Marabout sont aussi les représentants de textes historiques et de chroniques fondatrices qui s’opposent», explique Karim Ouldennebia dans un résumé de l’ouvrage.
Et d’ajouter : «Après presque un siècle de son arrivée, le colonisateur fabrique la légende de Sidi Bel Abbès et la raconte aux colonisés en 1927; il est certain que cela donne à réfléchir. Un saint peut en cacher un autre. Et une légende peut devenir un mythe».
Ce livre propose aux lecteurs de repenser cette liaison Koubba-Redoute. La Redoute est une «place forte». Elle se donne des ailes et devient vite une garnison des Spahis et des légionnaires. Selon Ouldennebia, «on démolit cette Redoute en 1849, pour faire place à la fondation d’une ville planifiée». A cette période, c’est la «ville nouvelle» qui reprend le nom de la Redoute Sidi-Bel-Abbès avec un double trait d’union qui semble lui coller à jamais.
Le livre est subdivisé en huit grands chapitres. Le premier s’ouvre sur le soufisme et sa forme mystico-ascétique de l’islam. «L’objectif principal est d’aider le lecteur à mieux comprendre les processus de la propagation des confréries religieuses de l’Orient vers le Maghreb central depuis le XIIe siècle pour arriver à discerner ce qu’est Sidi Bel Abbès», souligne l’auteur. Le deuxième chapitre aborde le personnage d’Abou Abbas Sebti.
Selon les Espagnols, il existe au moins quatre personnages qu’on peut présenter comme étant Sidi Bel Abbès. Le troisième chapitre est consacré aux sources primaires de l’histoire de la ville de Sidi Bel Abbès. Alors que le quatrième chapitre est consacré à Sidi Bel Abbès El Bouzidi. «Une critique exogène et endogène sur le prétendu Marabout domine pratiquement tout le passage. Cette légende a été fabriquée de toutes pièces par Léon Adoue», poursuit le professeur d’histoire.
Le cinquième chapitre aborde les théories et les thèses par des enquêtes toponymiques. «On peut affirmer que l’appellation Sidi Bel Abbès a été pensée suite à la décision de créer une ville dans l’endroit exact désigné par les géographes et les géomètres du corps de l’Armée d’Afrique et son chef, le général Lamoricière. Il s’agit bel et bien de la théorie de la place centrale», dit-il.
Le sixième chapitre revisite les gîtes d’étapes et la place forte et leur importance dans la stratégie coloniale de passer d’une garnison (redoute) à une ville. Pour le septième chapitre, l’auteur le consacre totalement à la redoute nommée au début La redoute Sidi Ben Abbas vu son importance dans le titre. Un huitième chapitre pour conclure cette étude a été consacré à la démolition puis la fondation d’une nouvelle ville.
«Le nom de Biscuit-ville est attribué à tort à Sidi-Bel-Abbès». Cette ville s’est claquemurée dans ses fortifications avec ses quatre grandes portes et a laissé «les habitants musulmans» exclus et confinés au quartier El-Graba dit Bugeaud.
Cependant, une cinquième porte «sans nom» s’ouvre en face de ces «ultra-muros». Elle constitue une porte de sortie pour les Européens, mais une porte d’entrée pour les habitants musulmans. Histoire de Sidi Bel Abbès, le face-à-face Koubba-Redoute est préfacé par la Professeure Susan Slymovics de l’Université UCLA de Los Angeles.