«La musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée.» Platon
C’est la fulgurante ascension du parcours exceptionnel de Cheikh Amar Ezzahi, une véritable icône sublimée par la jeunesse qui vient d’être projetée en un ouvrage au titre éloquent d’expressivité de Cheikh Amar Ezzahi ou l’éclat juvénile de la chanson châabie sous la plume de l’écrivain de renom du patrimoine musical Abdelkader Bendameche.
La guitare de Boualem Bellemou : Prélude de la vocation musicale d’Ezzahi
Une genèse d’une lumineuse vocation innée de musicalité qui a jailli au son de la guitare de Boualem Bellemou, chaleureusement mise par celui-ci entre les mains de Cheikh Amar Ezzahi, son ami d’enfance et proche voisin de quartier de l’ex-Rampe Vallée actuellement Rampe Louni Arezki.
Un virtuose de légende qui a subjugué la gent féminine
En mélomane et instrumentiste surdoué, Boualem Bellemou a été le premier initiateur méthodique de Cheikh Amar Ezzahi en adepte friand de musicalité, patient et dévoué pour le maniement de cette guitare inaugurale d’un présage d’avenir qui a inspiré à ce virtuose les naissantes envolées mélodiques d’un art de renouveau de la chanson chaâbie lesquelles deviendront dans la célébrité le mode d’interprétation Zahien qui a spontanément et massivement subjugué les profondes aspirations musicales et poétiques de la jeunesse et phénoménalement dans l’inédit, celui de la gent féminine antérieurement férues des seules partitions des M’samaâ à l’instar de Meriem Fekkaï Cheikha Tetma, Fadéla Dziria et d’autres répertoires «aâsri» moderne telles que Saloua, Nora pour ne citer que celles-ci.
Cheikh Boudjemaâ El Ankis précurseur de l’avènement d’éclat de Cheikh Amar Ezzahi
De l’onde lyrique du chanteur de grande notoriété, Cheikh Boudjemaâ El Ankis qui dès les années 1960 pénétra la profondeur de son ouïe musicale et sa sensibilité par l’innovation de son merveilleux style rythmique adapté à l’évolution de la chanson chaâbie dans la temporalité jusqu’aux mémorables et inoubliables mouvements de foules de jeunesse sans précédent aucun, lors des concerts de chants de 2 jours consécutifs à la salle Ibn Khaldoun les 10 et 11 février 1987, des pans d’un parcours d’apothéose qui seront harmonieusement ressuscités au souvenir d’immortalité des œuvres perpétuelles de Cheikh Amar Ezzahi.
Cheikh Amar Ezzahi : Un repère de renouveau culturel de la jeunesse
Celles-ci intensément réincarnées cette fois-ci en un livre à dessein de constituer la symbolique d’un repère novateur d’épanouissement de la chanson châabie en direction de la jeunesse qui l’a tant adulé pour ses affinités générationnelles affectivement, prodiguées à son égard par le regretté Cheikh Amar Ezzahi leur idole-phare de toujours.
Cette jeunesse éplorée qui, en une marée humaine impressionnante inconnue jusque-là, a procédé à une démonstration spectaculaire d’attachement viscéral à l’endroit du regretté Cheikh Amar Ezzahi en hissant fièrement sur ses épaules son cercueil drapé de l’emblème national lors de ses gigantesques et émouvantes obsèques durant tout le trajet allant du domicile mortuaire face à la fameuse Djninet Marengo de sa prime enfance, jusqu’à sa dernière demeure du repos éternel au cimetière d’El Kettar.
Un lumineux et pluriséculaire patrimoine poétique de langue algérienne
A ce propos, nous évoquerons une des flamboyantes chansons très populaire intitulée Mali Hadja (Que m’importe) où est «tramé» un message fortement explicite quant à la réappropriation de la langue algérienne dans son authenticité civilisationnelle et culturelle de langue à part entière qui est également, ne l’oublions pas, celle du lumineux et pluriséculaire patrimoine poétique «Chiir el malhoun» transgénérationnel légué par les monumentaux poètes du siècle Sidi Lakhdar, Benkhelouf, Mohamed Benguitoun, Mostfa Ben Brahim, Ahmed Ben Triki, Mohamed Ben Sahla, Mohamed Ben M’sayeb et tant d’autres à travers toutes les régions de l’Algérie profonde.
Ce qui est expressivement symbolisé par la magistrale interprétation de cette émouvante ode de Mali hadja en un couplet vivace passionnément chanté par un Cheikh Amar Ezzahi extasiant par la douceur «envoûtante» de sa répartie vocale ainsi interprétée Lemaâni lafdh el qias b’lougha Djezairia ou les métaphores populaires dans la nuance langagière de rationalité rimées dans la langue algérienne. Une thématique fondamentale du substrat constitutif identitaire de la culture et de la personnalité algérienne sur laquelle nous reviendrons ultérieurement et en temps opportun.
Un recueil de photos rarissimes et inédites
Afin d’ancrer indélébilement l’impact de souvenirs marquants de la fabuleuse trajectoire de Cheikh Amar Ezzahi, un recueil iconographique, compilé d’illustrations de photographies rarissimes est indexé dans ce livre en un voyage initiatique au bout de la mémoire ainsi amorcé par une photo scolaire de l’adolescent Aït-Zaï Amar, élève âgé de 14 ans à l’école de l’ex-Rampe Vallée, suivie chronologiquement dans la temporalité par une série d’autres, à l’instar de Boualem Bellemou précédemment cité, de Messaoud Boulifa son «drabekji», d’enfance devenu son premier percussionniste et celui de l’éclosion de célébrité de Cheikh Amar Ezzahi en compagnie des Cheikhs Boudjema El Ankis, Mohamed El Badji «Namous» Rechedi Mohamed, Kaddour Bachtobdji, El Hachemi Guerouabi, le géant propulseur des stars Mahboub Bati, Cheikh Sadek Lebdjaoui, Salah Saadaoui, et d’autres nombreux pour être tous cités ici.
Un album photographique de souvenirs d’intensité mémorielle rehaussé par l’illustration photographique d’un concert de chants animé par Cheikh Amar Ezzahi à une commémoration d’hommage consacrée au monumental Hadj M’hamed El Anka en 1997 au Centre des arts et de la culture du Bastion 23.
L’adieu à Cheikh Amar Ezzahi, ses immenses funérailles, sa tombe et sa stèle au jardin de Prague «djninet Marengo». En clôture de cette fresque iconographique du souvenir et de la pensée, se superposent hélas les affligeantes images photographiques de l’adieu marquées par d’imposantes funérailles d’une dimension nationale, sa tombe fleurie au cimetière d’El Kettar et la stèle érigée à sa mémoire au jardin Marengo, actuellement jardin de Prague.
Un éden de biodiversité écologique, classé qui fut d’abord le parc d’enfance du jeune Aït-Zaï Amar, car attenant et face au domicile familial de celui-ci pour devenir plus tard le havre quotidien de détente et d’inspiration de Cheikh Amar Ezzahi où des visites de personnalités et de chanteurs de prestige à l’image d’El Hachemi Guerrouabi transformaient l’environnement en un pôle d’attraction de nombreux jeunes, munis de leurs téléphones portables pour effectuer des prise de photos-souvenirs avec leur icône adulée.
La plus édifiante de celles-ci intégrée d’ailleurs dans l’album du livre est la symbolique illustration photographique des regrettés Cheikhs Amar Ezzahi et El Hachemi Guerrouabi entourés de jeunes admirateurs ravis de la rencontre du jour. Baptiser le jardin de Prague au nom de Cheikh Amar Ezzahi pour la pérennisation d’un lieu de mémoire. Pour toutes ces étapes d’une mémoire en mouvement de résurrection d’un itinéraire de la vie, du parcours et de l’œuvre légendaires de Cheikh Amar Ezzahi, ce jardin où prône son buste devrait naturellement porter son nom, ce qui est depuis des années le vœu et le souhait de la jeunesse et l’ensemble des amis du patrimoine musical à dessein de la pérennisation générationnelle du souvenir de ce lieu-repère et témoin d’une ascension culturelle d’algérianité.
Une symbolique patrimoniale de Cheikh Amar Ezzahi à La Casbah d’Alger. Ce qui est autrement et fortement illustré par cette représentation picturale d’esthétique dans la symbolique figurative de Cheikh Amar Ezzahi réalisée sur un mur à l’entrée d’une boutique-musée de produits artisanaux, dinanderie cuivrerie et autres à la Basse Casbah.
Un message d’admiration affective pour une icône populaire adulée dans la Vieille ville superbement peint en relief d’éclats de soleil et poétiquement stylisé par l’affectueux superlatif d’intimité de «Aâmimer» usité par les multitudes de ces fans et admirateurs à travers l’ensemble de l’Algérie et au-delà de ses frontières par notre innombrable diasporas à l’étranger.
Ainsi, l’ouvrage Cheikh Amar Ezzahi où l’éclat de la chanson chaâbie est une halte de ressourcement livresque dans l’univers «Zahien» revisité dans sa surdimension de renouveau patrimonial, ainsi réactualisée dans la réalité de ce titre révélateur d’une couverture médiatique de K. Smail, un talentueux journaliste de l’espace culturel du journal El Watan : «Il était une fois la révolution chaâbie d’Amar Ezzahi» fin de citation.
Celle qui dans la véracité historique était une véritable révolution salvatrice de sauvegarde et de pérennisation d’un patrimoine générationnel à une étape particulièrement décisive des années 70/80 où la chanson chaâbie était musicalement supplantée par les modes de la chanson occidentale, orientale et du raï, qui drainaient des foultitudes de la jeunesse.
C’est dans cette compromettante conjoncture que Cheikh Amar Ezzahi a en créateur perspicace d’inspiration juvénile remodelé par une savante alchimie d’innovation le champ patrimonial du chaâbi désormais arrimé dans la trajectoire de l’art rythmique et musical en symbiose avec les profondes aspirations de la jeunesse.
Dans ce contexte, il y a également lieu de rappeler que le prix Nobel de littérature de l’année 2016 a été attribué au monumental interprète auteur compositeur Bob Dylan consacrant ainsi la chanson à ce prestige mondial en vecteur de sensibilité pour l’universalisation des liens humains à travers l’écoute des sonorités mélodieuses de l’autre dans une harmonie culturelle de rythme musical et de poésie.
Et de conclure enfin que la musique fédère toutes les cultures du monde en un relais de dialogue d’universalisation de l’humanité entière.
Lounis Ait Aoudia
Président de l’Association les Amis de la Rampe Louni Arezki Casbah