Oxygène et asphyxie», ou la carotte et le bâton : le gouvernement colombien a donné jeudi un premier aperçu de sa nouvelle politique contre le narcotrafic, toujours aussi florissant dans le pays premier producteur de cocaïne au monde, après des années de lutte privilégiant le tout-sécuritaire.
Le ministre de la Justice, Nestor Osuna, et le ministre de la Défense, Ivan Velasquez, vont présenter «dans les prochains jours» cette politique pour la décennie 2023-2033, baptisée «Semer la vie, bannir le trafic de drogue». Elle s’articulera autour de deux axes : «Oxygène» et «asphyxie», indique un communiqué du ministère de la Justice.
«L’asphyxie» visera au démantèlement et la réduction de l’influence des organisations criminelles qui tirent profit du trafic de drogue, alors que le président Gustavo Petro a ordonné aux forces de sécurité «de saisir le maximum de drogues illicites».
Avec l’«oxygène», il s’agit de «stimuler en parallèle la transformation des territoires par la promotion d’économies licites et alternatives en faveur de la partie la plus faible de la chaîne de production», à savoir les petits paysans, a expliqué le ministère de la Justice. «L’objectif est de démanteler les organisations et de créer des conditions de paix et de sécurité dans les communautés».
Mise au point avec «le soutien fondamental de la communauté internationale», cette politique a été élaborée en concertation avec «2700 leaders sociaux et 274 organisations communautaires touchées par ce fléau», qui seront ainsi «pour la première fois les protagonistes d’une politique d’Etat», selon le même communiqué.
Le projet a été aussi «discuté avec les autorités américaines, qui sont naturellement très intéressées par la répression du trafic de drogue», a précisé lors d’un débat parlementaire le ministre de la Défense Velasquez.
«Nous donnons la priorité à la lutte contre les grands acteurs (du narcotrafic) et non contre les paysans pauvres, dont le seul moyen de subsistance est la culture de la coca, puisque l’Etat ne leur a pas donné la possibilité de survivre en cultivant des produits licites», a expliqué M. Velasquez.