Offre plus abondante et corridor maritime onusien : Embellie sur le marché mondial des céréales

09/03/2023 mis à jour: 21:38
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Le prix du blé, qui chute depuis deux semaines, était hier au plus bas depuis un an sur le marché européen, avec de belles productions russe et australienne. Sur Euronext, la tonne de blé tendre pour livraison en mai s'échangeait à 268 euros en séance hier, son plus bas niveau depuis le 22 février 2022. A la Bourse de Chicago, la céréale du pain était aussi en repli, avec un blé d'hiver de catégorie SRW (Soft Red Winter Wheat) pour livraison en mai, le plus échangé, à 6,98 dollars le boisseau mardi soir – contre 7,055 une semaine plus tôt, après être tombé lundi à son plus bas niveau depuis 2021. Le blé américain s'érodait toutefois moins qu'en Europe, dans un marché peu actif, dans l'attente de la publication du rapport mensuel du ministère américain de l'Agriculture (USDA) sur les estimations mondiales de productions, stocks et exportations. Ce rapport, dit «Wasde», très attendu par les marchés, devrait toutefois être relativement «neutre», estime Dax Wedemeyer de la maison de courtage US Commodities, qui en attend essentiellement une révision à la baisse de la production de maïs et de soja argentins, qui pourrait être compensée par de «bons rendements en provenance du Brésil».

Cette baisse persistante des prix des céréales tient à deux facteurs principaux, pour Sébastien Poncelet, analyste au cabinet Agritel, cité par l’AFP. D'une part le «décrochage du blé russe», dont l'offre est abondante et qui cherche à gagner des parts de marché en baissant encore ses prix. «Cela entraîne un mouvement général de baisse car il reste, par ailleurs, beaucoup de blé à sortir de Roumanie et de Bulgarie», à une «période habituelle de ralentissement des achats du Moyen-Orient, qui attend ses propres récoltes en avril-mai», explique-t-il. D'autre part, l'optimisme des marchés quant au renouvellement de l'accord sur le corridor agricole maritime, qui arrive à échéance le 18 mars. Cet accord, signé par Kiev et Moscou sous l'égide de l'ONU et de la Turquie, a permis de sortir plus de 23,5 millions de tonnes de produits agricoles d'Ukraine depuis le 1er août. En dépit de menaces russes de bloquer ce renouvellement – Moscou se plaignant de voir entravées ses exportations de céréales et d'engrais, que les Russes peinent à écouler du fait de la réticence des opérateurs – «les marchés ne croient pas à un arrêt du corridor», notamment du fait de la position de Pékin. «Dans son ''plan de paix'' en 12 points présenté fin février, la Chine s'est prononcée très clairement pour le maintien du corridor, dont elle est devenue le premier bénéficiaire, avec 4,9 millions de tonnes de produits agricoles importés, devant l'Espagne (4,1 millions de tonnes) et la Turquie (2,7 millions de tonnes)», souligne Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage cité par l’AFP. La Chine, géant assoupi pendant la crise sanitaire, est bel et bien «revenue dans le jeu» et son poids bouleverse les précédents équilibres, souligne-t-il, relevant que la hausse des achats chinois a récemment propulsé l'orge «au même prix que le blé», alors qu'elle est d'ordinaire vendue environ 20 euros de moins la tonne sur le marché européen. Autre facteur limitant la hausse des cours, le retour de la pluie en Europe de l'Ouest, à «un moment favorable pour les cultures». «Cela ne remplira pas les nappes phréatiques mais cela va profiter aux cultures à un moment clé de la croissance», relève M. Vercambre.

Quant au marché des huiles, il restait attentif à l'évolution des prévisions de récoltes en Amérique latine, offrant un soutien au cours du soja américain. Et à la Bourse de Kuala Lumpur, après une baisse conséquente, l'huile de palme a atteint son plus haut niveau en un mois, du fait d'inondations en cours en Indonésie et Malaisie, les deux plus gros producteurs mondiaux.

Rappelons que l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture avait indiqué, il y a quelques mois, que sous l'effet de la hausse des prix de l'énergie et des engrais provoquée par le conflit en cours entre la Russie et l'Ukraine, les prix alimentaires mondiaux ont augmenté de 14,3% en 2022 par rapport à 2021. L'indice des prix, ajoute la FAO, a tellement augmenté au cours des premiers mois de l'année qu'il a conclu l'année 2022 bien au-dessus de la moyenne de 2021. Dès le départ, l’ONU s’est attelée à négocier un accord entre l’Ukraine et la Russie pour l’exportation des céréales ukrainiennes. Il a débouché sur les corridors humanitaires depuis les ports d’Odessa, Yuzni et Chornomorsk. Les exportations ont constitué, d’une part, des stocks de la campagne 2021/2022 et, d’autre part, des récoltes de 2022. La mise en place des corridors humanitaires depuis les ports ukrainiens n’a pas empêché la Russie de continuer à exporter ses produits agroalimentaires. L'Algérie, gros consommateur de céréales, est un des plus importants importateurs du monde de ce produit. Ainsi, le pays s’est lancé dans une stratégie de développement intensif de l’agriculture. La production a atteint 41 millions de quintaux durant la saison agricole 2021/2022, soit une hausse de 48% par rapport à la saison précédente. L'Algérie figure en bonne positon en matière de sécurité alimentaire, selon le classement établi par le programme onusien de sécurité alimentaire. Mais elle ne devra pas baisser la garde face à la hausse de la consommation induite par l’essor démographique et devant les aléas nés du bouleversement climatique mondial. 

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