Des chercheurs lillois ont annoncé mardi avoir mis en ligne un outil capable de prédire la perte de poids à cinq ans de personnes souffrant d’obésité, afin d’éclairer leur choix avant d’envisager une chirurgie bariatrique, et d’améliorer leur suivi médical.
Poids, taille, âge, fumeur/non fumeur, type de diabète et type d’intervention, bénéfice immédiat de perte de poids et phase de stabilisation: cet outil présenté par le CHU de Lille avec des chercheurs de l’Université de Lille, de l’Inria (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique), l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) interroge «sept attributs prédictifs» qui dessinent sur écran la courbe d’un malade en fonction de la chirurgie envisagée.
Des ingénieurs de l’Inserm et un mathématicien se sont servis des données de 1 500 patients opérés et suivis au CHU de Lille depuis 2006 pour mettre au point cet «outil d’aide à la décision» basé sur un algorithme dans le cadre d’un projet européen (IMI Sophia), initié il y a trois ans.
Les performances de cet algorithme, mis au point par une intelligence artificielle, ont été validées par les données de plus de 10 000 patients suivis en France et à l’étranger (Pays-Bas, Finlande, Suède, Suisse, Singapour, Mexique, Brésil). L’outil est accessible à l’adresse https://bariatric-weight-trajectory-prediction.univ-lille.fr et les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue scientifique britannique The Lancet Digital Health le 29 août.
«On voulait un outil de communication», a indiqué le Pr François Pattou, directeur de l’unité Inserm «recherche translationnelle sur le diabète» lors d’une conférence de presse. «Nous avons des gens qui nous demandent : ‘’Et si je suis opéré, cela fera quoi.’’ Avant, les docteurs disaient ‘’vous allez perdre 30% de votre poids (...)
Dans la tête du médecin, cela veut dire quelque chose, mais ce n’est pas transmissible», a indiqué ce médecin qui a codirigé le projet avec Philippe Preux, responsable de l’équipe-projet de l’Inria.
«Si la perte de poids est intéressante, cela veut dire que c’est intéressant d’y aller», a témoigné Guillaume Veret, un malade passé de 135 à 88 kg après une opération de réduction de l’estomac à 36 ans il y a 7 ans. «L’opération, ce n’est pas une solution miracle, derrière il y a tout un travail qui doit être fait au long cours: supplémentation vitaminique et activité physique à vie, alimentation, rythmes, etc.», a-t-il rappelé.