Mis à la retraite dès le 1er septembre : Les enseignants universitaires et chercheurs interpellent Tebboune

22/06/2022 mis à jour: 02:14
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Inscrits sur le registre des travailleurs retraitables à partir du 1er septembre prochain, les enseignants universitaires et chercheurs interpellent le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, afin de mettre fin à cette décision irrationnelle.

Dans une longue lettre ouverte adressée au Président, les enseignants et chercheurs universitaires qui frôlent les 70 ans refusent la décision du directeur des ressources humaines du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique de les mettre à la retraite dès le 1er septembre prochain.

Il s’agit de la note n°281/DRH/2022 du 25 avril 2022 émanant du DRH du ministère de tutelle venant en application de la correspondance signée le 2 mars par le directeur du cabinet du Premier ministre, où les établissements de l’Enseignement supérieur sont instruits de mettre à la retraite, au 1er septembre prochain, les enseignants universitaires et les chercheurs ayant atteint l’âge de 70 ans.

«Cette mesure vient en contradiction avec les règlements de la Fonction publique fixant les modalités de mise à la retraite des fonctionnaires dont celle du départ volontaire suite à la demande écrite de l’intéressé et celle de la notification individuelle émise par l’employeur demandant au fonctionnaire concerné de faire valoir ses droits à la retraite. Elle vient aussi en violation des pratiques en vigueur dans le secteur de l’enseignement supérieur qui permettent depuis toujours aux enseignants universitaires et chercheurs d’exercer leur activité au-delà de 70 ans.

Cette mesure met fin de manière brutale à des projets de recherche en cours dans les centres nationaux de recherche, à des encadrements de thèses de doctorat dont certaines viennent à peine d’être entamées et devant se dérouler sur les trois prochaines années ainsi qu’à des programmes scientifiques pluriannuels engageant l’Algérie avec des universités et des centres de recherche de nombreux pays», dénoncent les signataires.

Toujours dans leur plaidoirie contre cette décision, ils estiment qu’une telle décision «démesurée et irréfléchie met fin de manière déplacée aux activités d’enseignants-chercheurs ayant encadré l’université algérienne des années 1980, y menant à l’époque avec détermination la dure bataille du développement et de l’algérianisation».

«Ces enseignants exemplaires de par leur engagement sont sommés aujourd’hui de quitter cette université qu’ils ont portée à bout de bras, dans des conditions marquées par un déni injustifiable de leurs compétences et sans reconnaissance aucune», ajoute-t-ils avant de rappeler au Président ses différentes déclarations quant à la place des élites dans le domaine du savoir et de l’économie.

Dans une autre démarche de défense de leur utilité absolue dans le secteur de l’enseignement supérieur, les pétitionnaires considèrent que la place d’un enseignant chercheur ne se résume pas à un travail routinier, mais plutôt à l’acquisition et la transmission permanente de connaissances que seuls l’expérience et le temps permettent d’acquérir.

«De ce fait, les acquis scientifiques et l’expérience de ces 1236 professeurs et chercheurs que l’on ‘‘remercie’’ de manière fort incivile, ne sauraient être remplacés du jour au lendemain par l’ardeur de jeunes doctorants que leurs aînés doivent, comme dans tous les pays du monde, accompagner dans l’acquisition de l’art et des bonnes pratiques pédagogiques et scientifiques.

L’université et la recherche dans notre pays connaîtront suite à cette mesure incongrue une situation difficile qui mettra à l’écart sans délai un personnel scientifique qui, d’une part, anime des centres vitaux dont les laboratoires, les équipes de recherche, les unités d’enseignement fondamental et qui, d’autre part, est le plus souvent engagé, à l’heure actuelle, dans des programmes de recherche planifiés sur plusieurs années» ajoutent-ils avant de solliciter le président Tebboune afin d’intervenir et annuler cette mesure qualifiée d’«illégitime»

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