C’est la dernière tournée mondiale de Midnight Oil : l’occasion pour son leader Peter Garrett de revenir sur l’histoire de ce groupe australien qui a tout d’un accident».
Il y a deux ans, le décès à 62 ans du bassiste Bones Hillman pousse à la réflexion les quatre autres membres, quasi-septuagénaires aujourd’hui. Quand «Resist», leur dernier album en date, sort au début 2022, les «Oils» ont tranché : la tournée mondiale lancée sera la dernière d’une carrière de près de 50 ans, avec un bassiste de Sydney, plus jeune, recruté pour l’occasion.
Après L’Olympia à Paris et Lyon, Peter Garrett et sa bande se produiront une ultime fois dans l’Hexagone samedi au festival des Vieilles Charrues (ouest) devant 70.000 personnes.
«Dire que c’est la dernière fois sur le sol français, après ça on appuie sur l’interrupteur... Notre relation avec la France fut si inattendue, c’était comme un trésor, penser que cinq mecs en sueur comme nous ont pu jouer à L’Olympia», souffle Peter Garrett, joint par l’AFP entre deux dates françaises.
Le chanteur chauve, surnommé le «Géant Vert» pour sa taille (1,93 m) et ses engagements écolos (il fut brièvement ministre de l’Environnement), se réjouit de la fidélité du public français. Même quand il critiquait le président Jacques Chirac pour les essais nucléaires dans le Pacifique.
«Dans Midnight Oil, ça a toujours été normal de mêler musique et politique et les Français, qui savent manifester, connaissent comme nous l’importance de la politique dans nos vies», commente-t-il.
«Et bien, c’est moi»
Comment se sent-il dans cette tournée d’adieux qui s’achèvera en octobre en Australie ? «C’est dur de s’imaginer rentrer à la maison en sachant que ce sera terminé, on se dit qu’on aura vécu quelque chose d’impensable», dit-il. Les débuts sont insensés. Garrett, qui avait déjà chanté dans un groupe à Canberra, où il étudiait, tombe un jour sur une petite annonce «Groupe cherche chanteur». Il jongle alors entre études et job alimentaire. «Je me suis dit ‘‘ça peut-être marrant’’. On tourne, on dormait sur la plage, dans la voiture. Mais le meilleur c’est qu’ils me disent ‘‘merci, c’était sympa, mais on va trouver un autre chanteur’’ (rires)».
«Je reviens à mes études, ils ne trouvent pas. Je leur dis «et bien c’est moi». Mardi à L’Olympia, l’énergie était intacte et le groupe n’a pas été déstabilisé par des problèmes de micros pendant les premières chansons.
Il faut dire que Midnight Oil en a vu d’autres, tournant longtemps dans le circuit des pubs australiens, ciblant un public ouvrier dans les villes et leurs périphéries, banlieues ou cités côtières.
«Bêtes de foire»
«Au début, les gens avaient l’impression de regarder des bêtes de foire, on était différents, entre intensité punk et messages politiques pour les inciter à voir au-delà de leurs fenêtres», raconte le chanteur.
Après les premiers albums fin des années 1970 -- «on avait une voix australienne, on rejetait les groupes qui imitaient les Américains ou Britanniques» - Midnight Oil joue pour les communautés aborigènes dans le bush. Le thème de la spoliation des premiers Australiens irrigue l’album Diesel and dust (1987) avec ses tubes The dead heart et Beds are burning.
«Midnight Oil fut un accident qui attendait d’arriver et on a survécu au crash, on a toujours été intransigeant avec les maisons de disques, pour garder notre indépendance, et on a duré tout ce temps, alors qu’aujourd’hui on donne un album et six mois seulement à un groupe pour faire ses preuves», synthétise-t-il.
On n’entendra plus Garrett avec les «Oils» sur scène, mais il aura toujours des choses à dire. En interview, il s’emporte toujours contre les dirigeants qui «jouent à la roulette russe avec le réchauffement climatique».