Messaoud Boudiba. Coordinateur national du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur tertiaire de l’éducation (Cnapest) : «Il est temps de revoir la loi d’orientation sur l’éducation nationale»

16/02/2023 mis à jour: 04:45
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Messaoud Boudiba. Coordinateur national du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur tertiaire de l’éducation (Cnapest)

Les parents d’élèves sont inquiets par rapport au nouveau dispositif d’évaluation de fin de cycle primaire. Qu’en dites-vous ?

Nous avons toujours plaidé pour la révision du système d’évaluation dans les trois paliers et non pas seulement dans le primaire. Dès l’annonce de la suppression de cet examen, nous avions dit que la véritable évaluation se fait durant l’année et non pas pendant une journée ou même 10 jours. Nous l’avions également dit, enlever un examen officiel signifie l’adoption de l’évaluation continue comme critère de passage de niveaux et de paliers. Ce système n’est pas une invention. J’insiste, en tant que syndicat, nous avons toujours plaidé pour la révision de ce système d’examens officiels, qui ne rend pas service à l’élève ni sur le plan pédagogique ni sur le volet psychologique. Imposer un examen à un élève, c’est le soumettre à une pression psychologique, dominée par le stress et l’obligation du bachotage pour réussir ses épreuves. Concernant cette nouvelle décision, il est inadmissible de faire subir à nos enfants tant de stress. Si nous avions été consultés, nous aurions expliqué que cette nouvelle mesure n’a aucune place dans la pédagogie. Nous estimons que la forme, la durée et la période choisies n’ont pas de sens. Pour nous, un enfant à cet âge n’a pas besoin d’être évalué par un examen, puisqu’il existe les compositions des trois trimestres et les différentes évaluations au cours de l’année. Comment est-il possible d’imposer à l’élève un mois d’angoisse et un climat d’instabilité pour cause de doubles examens : celui du 3e trimestre suivi par celui de l’évaluation de fin de cycle. C’est énorme pour un enfant de moins de 10 ans.

Mais la loi d’orientation sur l’éducation nationale impose un examen à la fin de chaque cycle. C’est peut-être la raison de l’établissement de ce nouvel examen...

Oui, évidemment ! Si la tutelle est partie sur la piste d’un autre examen, c’est certainement à cause de la loi d’orientation qui régit tous les fondements de l’enseignement dans le pays. Il faut savoir que cette loi a été créée dans la précipitation. Actuellement, cette loi n’est pas adaptée au climat d’enseignement ni aux nouveautés dans les méthodes pédagogiques. Pour nous, en tant qu’hommes de terrain et syndicalistes, nous pensons que c’est le moment d’aller vers un amendement de cette loi et de son actualisation. L’ouverture de ce dossier ne fera que l’enrichir et l’adapter.

Quelle est la meilleure solution, selon vous ?

Dans nos propositions, nous avions appelé à organiser un examen d’une journée dite de préparation. Il a la même forme que l’examen national de 5e mais reste facultatif et organisé en local. Bien sûr, les résultats ne doivent pas être éliminatoires et avoir une incidence sur le passage au palier supérieur. Cela permettra de valoriser les efforts de l’élève durant les 5 années du primaire et le préparer à l’ambiance des examens dans les paliers supérieurs. Ceci à défaut de prendre en considération l’évaluation continue durant l’année. Sinon, la révision, comme je viens de le dire, de la loi d’orientation afin d’inclure les techniques pédagogiques modernes. 

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