Les transporteurs routiers marocains ont décidé, hier, de prolonger de 48 heures leur grève observée depuis trois jours pour protester contre la hausse des prix des carburants, notamment du gazole, sur fond de grogne sociale, rapporte l’AFP citant des sources syndicales.
«Nous prolongeons la grève car nos revendications sont restées sans réponse de la part du gouvernement», a expliqué Mounir Benazouz, secrétaire général du Syndicat national des professionnels du transport routier, affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT), une des principales centrales syndicales du Maroc.
Les grévistes exigent le plafonnement du tarif des carburants et des marges bénéficiaires des distributeurs d’hydrocarbures depuis l’envolée des prix à la pompe, accentuée par l’invasion russe en Ukraine.
Un sixième syndicat s’est joint depuis mardi au mouvement, suivi par 75% des transporteurs de marchandises, selon Mounir Benazouz. Les taxis sont également touchés par la grève mais à un degré moindre.
En réponse, le ministère de l’Intérieur a assuré qu’il a pris les dispositions nécessaires pour «assurer la libre-circulation des personnes et des biens». Le ministre du Transport, Mohamed Abdeljalil, a promis «de présenter le plafonnement du prix des carburants au gouvernement et de nous répondre dans dix jours», a dit hier un dirigeant syndicaliste, Moulay Ahmed Filai, au journal arabophone Al Alam.
Le gouvernement libéral de Aziz Akhannouch, homme d’affaires qui a bâti sa fortune sur la distribution des hydrocarbures, est critiqué depuis plusieurs semaines pour son inaction devant la montée du mécontentement social. «Gros champ de mine» pour le gouvernement, a écrit hier en une le quotidien L’Economiste, qui prévient que le tarif à la pompe, libéralisé depuis 2015, risque de s’envoler.
A Casablanca, la mégapole économique, le litre d’essence sans plomb avoisine les 13 dirhams (1,21 euro), et celui du gazole (diesel) dépasse les 11 dirhams (1,02 euro), des niveaux record.
L’escalade des prix ne touche pas que les carburants mais aussi des denrées de base, ce qui a provoqué des manifestations contre la cherté de la vie, pour l’instant éparses, à travers le pays. En outre, après deux années de crise sanitaire, le royaume est frappé par une sévère sécheresse alors que son économie est très tributaire du secteur agricole, premier contributeur au PIB, à hauteur de 14%.