Lutte contre la corruption : La HATPLC tarde à voir le jour

20/02/2022 mis à jour: 18:04
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Déjà en retard de deux mois sur la date butoir fixée par la Constitution, la création de la Haute Autorité de transparence, de lutte et de prévention de la corruption (HATLPC) tâtonne dans un brouillard de plus en plus épais. 

Les députés ont écouté jeudi dernier un exposé du ministre de la Justice, garde des Sceaux, Abderrachid Tabi, sur l’utilité de ce nouvel outil. Un épisode de plus dans un feuilleton qui commence à devenir trop long.

La HATLPC a été créée en effet dans le cadre de «l’adaptation du système judiciaire de prévention et de lutte contre la corruption aux dispositions de la Constitution, qui a créé à son article 204 une nouvelle institution préventive chargée de la transparence, de la prévention et de la lutte contre la corruption en remplacement de l’actuelle Autorité nationale», a-t-il argumenté devant les membres de la commission des affaires juridiques, administratives et des libertés de l’APN. 

Le ministre a éludé cependant le fait que le délai de 12 mois imparti par la Constitution du 1er novembre 2020 a expiré. Les députés n’ont pas protesté.

Au début de son mandat, le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, s’était engagé solennellement à moraliser la vie publique, tel que souligné dans ses 54 engagements et ensuite dans le Plan d’action du gouvernement (PAG). 

Ce projet fait-il face à des résistances, d’autant que la nouvelle autorité est appelée à enquêter sur les biens et avoirs des fonctionnaires publics, y compris les officiers de l’armée, jusque-là épargnés. Les points de discorde concerneraient aussi l’indépendance de l’autorité, la déclaration de patrimoine, et la protection des lanceurs d’alerte.

Rappelons que cet avant-projet de loi portant organisation, composition et fonctionnement de la Haute Autorité de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption a été examiné, mercredi 1er décembre, par le gouvernement.

Ce projet propose également «une réforme institutionnelle qualitatif en matière de prévention de la corruption pour rendre leurs mécanismes plus efficaces», avait ajouté le ministre, en soulignant «l’expérience sur le terrain acquise dans le domaine de la prévention et de la lutte contre la corruption au cours des 15 années de mise en œuvre de la loi n° 06-01 relative à la prévention et la lutte contre la corruption». 

Une remarque sur laquelle peu d’Algériens seraient d’accord s’agissant de mécanismes et d’une loi établis par le pouvoir de Bouteflika, n’ayant montré aucun résultat positif.

Ce qui ajoute au flou entretenu autour de la création de la HATLPC, c’est cette communication alambiquée et manquant de clarté confiée au seul canal de l’agence de presse officielle. 

Même les instances de l’APN ont omis de rendre public le contenu de la présentation de jeudi. On apprend, cela dit, que des députés ont insisté, à l’occasion, sur la nécessite de renforcer le texte de loi par les dispositions nécessaires pour la protection des lanceurs d’alerte.

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