L’Iran reconnaît avoir livré des drones à la Russie

06/11/2022 mis à jour: 00:12
AFP
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« Nous abattons au moins 10 drones iraniens chaque jour, et le régime iranien affirme qu'il en aurait donné peu, et même avant le début de l'invasion à grande échelle » de l'Ukraine, a dénoncé Zelensky. (Photo d'illustration)

« Nous avons fourni à la Russie un nombre limité de drones, des mois avant la guerre en Ukraine. » L'Iran, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a avoué samedi 5 novembre avoir fourni des drones à la Russie, avant l'invasion de l'Ukraine fin février, confirmant des accusations de Kiev contre Moscou.

C'est la première fois que Téhéran fait état de la livraison de drones à Moscou, l'Iran se bornant ces dernières semaines, malgré les accusations répétées de Kiev et de ses alliés occidentaux, à nier ces affirmations.« Même en faisant cette confession, ils ont menti », a réagi dans la soirée le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, en accusant les dirigeants iraniens de minimiser le nombre de drones livrés.

« Nous abattons au moins 10 drones iraniens chaque jour, et le régime iranien affirme qu'il en aurait donné peu, et même avant le début de l'invasion à grande échelle » de l'Ukraine, a dénoncé Zelensky. « Rien qu'en une seule journée hier, 11 Shaheds ont été détruits. Nous savons avec certitude que des instructeurs iraniens ont appris aux terroristes russes à utiliser des drones, et Téhéran en général garde le silence à ce sujet », a-t-il ajouté.

Kiev a repéré environ 400 drones iraniens

Kiev avait déjà affirmé il y a plusieurs jours qu'« environ 400 drones » iraniens avaient déjà été utilisés contre la population ukrainienne et que Moscou en avait commandé environ 2 000.

Pour le président ukrainien, « si l'Iran continue de mentir au sujet de choses évidentes, cela veut dire que le monde fera encore plus d'efforts pour enquêter sur la coopération terroriste entre les régimes russe et iranien et sur ce que la Russie paie à l'Iran pour une telle coopération ».

« Qu'un seul des terroristes ou de leurs complices reste impuni, cela n'existera pas dans le monde moderne », a conclu à ce sujet Zelensky.« Téhéran doit se rendre compte que les conséquences de la complicité dans les crimes […] de la Russie contre l'Ukraine seront bien plus importantes que le bénéfice du soutien de la Russie », avait déclaré auparavant le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, Oleg Nikolenko.

Le chef de la diplomatie iranienne s'est dit samedi prêt à examiner toute « preuve » de la part de Kiev d'un recours aux drones iraniens dans le conflit.

Les aveux de Téhéran sur ces livraisons de drones à Moscou marquent encore un peu plus le rapprochement entre la Russie et l'Iran entamé ces derniers mois, face à une Ukraine largement soutenue par les États-Unis et l'UE, et alors que la Chinese tient à l'écart de toute implication directe dans la guerre.L'Iran a toutefois démenti samedi que son pays a fourni des missiles à la Russie, jugeant ces accusations « complètement fausses ». Des articles de presse faisaient état ces derniers jours de potentielles livraisons de missiles sol-sol iraniens à la Russie.

Malgré les dénégations de Téhéran de ces dernières semaines, l'UE et le Royaume-Uni avaient annoncé de nouvelles sanctions visant trois généraux iraniens et une entreprise d'armements « responsables de fournir à la Russie des drones kamikazes » pour bombarder l'Ukraine. En septembre, Kiev avait, pour sa part, décidé de réduire considérablement ses relations diplomatiques avec Téhéran.

«Restrictions supplémentaires » d'électricité

Face à une demande en électricité trop forte samedi, l'opérateur ukrainien Energo a annoncé avoir mis en place « des restrictions supplémentaires […] sous la forme d'interruptions d'urgence ».

Plusieurs régions sont concernées, dont la capitale Kiev, alors que des interruptions de courant avaient déjà eu lieu depuis plusieurs jours pour limiter la consommation des civils en électricité.

Le système électrique ukrainien a été lourdement affecté par de multiples frappes russes ces dernières semaines, laissant craindre un hiver sans électricité et sans eau pour de nombreux civils.

Sur le terrain, dans le Nord-Est, le commandant de la 127e brigade ukrainienne, Roman Grychtchenko, a décrit à l'AFP « une situation stabilisée », avec « de rares attaques de drones, d'artillerie et des opérations commandos » russes dans la région, récupérée par les Ukrainiens en septembre. Mais « on avance le plus vite possible dans toutes les directions », s'est-il félicité, depuis le village repris de Starytsya, à trois kilomètres de la frontière russe.

Au Sud, selon la présidence ukrainienne, « les occupants russes tentent d'identifier les habitants qui refusent d'être évacués » depuis Kherson vers les territoires occupés par les troupes de Moscou, plus loin de la ligne de front, voire vers la Russie elle-même.

Vendredi, le président russe, Vladimir Poutine, avait justifié ces évacuations pour la première fois, estimant que les civils « doivent être éloignés » des zones de combat « les plus dangereuses ».

L'Ukraine a, elle, une nouvelle fois dénoncé une politique de « déportation ». Le ministère russe de la Défense a, de son côté, affirmé samedi avoir « détruit une station radar (servant) pour les missiles antiaériens S-300 » et « intercepté 27 Himars américains » dans la région de Kherson.

Tirs sur un juge

Plus à l'est, un juge de la Cour suprême de la République de Donetsk a été blessé par balles vendredi et se trouve « dans un état grave », ont annoncé samedi les autorités d'occupation russes.

Le ministère de l'Intérieur de cette région annexée fin septembre par Moscou dans l'est de l'Ukraine n'a toutefois pas donné plus de détails sur le modus operandi ni les raisons de cette attaque.

Selon Denis Pouchiline, un haut responsable de l'autorité d'occupation russe, ce juge, Nikouline, « a fait condamner des criminels de guerre nazis » – une référence à des Ukrainiens, selon la terminologie employée par le Kremlin pour justifier l'invasion russe en Ukraine fin février.

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