Libye : L’ONU «préoccupée» par l’escalade militaire en cours

24/08/2022 mis à jour: 07:26
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La Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul) s’est dite «profondément préoccupée» hier par une montée des tensions entre rivaux politiques libyens, rapporte l’AFP citant un communiqué onusien.

La Manul suit «avec une profonde inquiétude les mobilisations militaires et la menace de recourir à la force» dans le but de résoudre une crise de légitimité entre factions rivales, est-il indiqué dans le communiqué. «Le recours à la force par une partie est inacceptable et ne pourra pas aboutir à (...) la reconnaissance de la communauté internationale», a averti la mission onusienne, appelant les différents rivaux à la «désescalade immédiate». L’impasse politique et la crise qui secouent la Libye «ne peuvent être résolues par la confrontation armée», a-t-elle ajouté.

La Libye a sombré dans le chaos après le soulèvement ayant entraîné la chute du régime de Mouammar El Gueddafi en 2011, avec des pouvoirs rivaux, une myriade de milices armées et des mercenaires étrangers disséminés dans le pays, le tout sur fond d’ingérences étrangères.

La crise s’est aggravée en février dernier lorsque le Parlement siégeant dans l’Est a désigné Fathi Bachagha, ancien ministre de l’Intérieur, comme nouveau Premier ministre, alors que le chef de l’Exécutif installé à Tripoli (ouest), Abdelhamid Dbeibah, refuse de lui céder le pouvoir.

La mise en garde de l’ONU fait suite à des appels lancés récemment par le gouvernement Bachagha aux «hommes honnêtes de Libye» à ne pas devenir «les soldats des injustes», en allusion au camp Dbeibah dont le gouvernement «est désormais obsolète et illégitime». «Le gouvernement libyen, sous la direction de Fathi Bachagha, met en garde tous sans exception qu’aucune injustice ou combat ne viseront ceux qui se rangeront du côté de la légitimité», a ajouté F. Bachagha hier.

Depuis sa désignation par le Parlement, il tente, sans succès, d’entrer à Tripoli pour y asseoir son autorité, menaçant dernièrement de recourir à la force pour y parvenir, après avoir d’abord écarté l’option militaire. Les affrontements entre groupes armés fidèles à l’un ou l’autre des Premiers ministres sont devenus récurrents. Le 22 juillet, des combats à Tripoli ont fait 16 morts, dont au moins un enfant, et une cinquantaine de blessés.

Outre la crise politique, le pays est confronté à la grogne sociale. Le 1er juillet, de Benghazi (est) à la capitale Tripoli dans l’ouest, en passant par les villes orientales de Tobrouk et Al Baïda, des manifestations ont éclaté dans le pays pour protester contre la détérioration des conditions de vie et l’incurie de leurs dirigeants. A Tobrouk, des manifestants ont forcé l’entrée du Parlement armés d’un bulldozer, avant d’y mettre le feu.

Dans la capitale, des centaines de personnes ont réclamé le renouvellement de la classe politique, la tenue d’élections et la fin des coupures de courant. A Sebha, dans le sud, des manifestants ont incendié un bâtiment officiel. Le gouvernement en place à Tripoli est né début 2020 d’un processus politique parrainé par l’ONU, avec comme principale mission l’organisation d’élections législatives et présidentielle initialement prévues en décembre dernier, mais reportées sine die en raison de fortes divergences sur leur base juridique.

 

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