Le Premier ministre désigné par le Parlement libyen a annoncé hier vendredi le retrait de groupes armés qui avaient pris position aux portes de Tripoli pour le soutenir face à l’Exécutif en place, après des appels au calme de l’ONU et de Washington.
Déjà minée par les divisions entre institutions concurrentes dans l’Est et l’Ouest, la Libye se retrouve depuis début mars avec deux gouvernements rivaux, comme elle l’a été entre 2014 et 2021, alors en pleine guerre civile après le renversement du régime de Mouammar El Gueddafi. Un gouvernement formé par l’ancien ministre de l’Intérieur Fathi Bachagha, approuvé par le Parlement siégeant dans l’Est, est en effet en concurrence avec le cabinet en place dans la capitale Tripoli, issu des accords politiques parrainés par l’ONU et dirigé par Abdelhamid Dbeibah qui refuse de céder le pouvoir.
Des groupes armés loyaux à Fathi Bachagha s’étaient mobilisés jeudi aux entrées de Tripoli, faisant craindre des affrontements avec les forces sous les ordres de M. Dbeibah alors que le pays tente de s’extirper de plus d’une décennie de chaos politique et de conflits. Soucieux de prévenir une reprise des hostilités et l’effondrement d’un cessez-le-feu en place depuis octobre 2020, l’émissaire du secrétaire général de l’ONU pour la Libye, Stephanie Williams, et l’ambassadeur des Etats-unis, Richard Norland, ont appelé jeudi soir à la retenue. Les groupes armés «ont préféré ne pas recourir aux armes» et ont effectué «un retrait vers leurs précédentes positions», a annoncé le service de presse de M. Bachagha dans un communiqué diffusé dans la nuit de jeudi à vendredi.
Selon le texte, cette décision a été prise pour «éviter toute effusion de sang» et en réponse «aux demandes de nos partenaires internationaux et régionaux». M. Norland a indiqué jeudi soir avoir eu des entretiens téléphoniques avec MM. Bachagha et Dbeibah. «J’ai parlé ce soir avec le Premier ministre désigné par le Parlement, Fathi Bachagha, et je l’ai félicité pour sa volonté de désamorcer les tensions et de chercher à résoudre les désaccords politiques actuels par la négociation et non pas par la force», a-t-il tweeté. Il a aussi dit avoir «apprécié» l’engagement dont lui fait part M. Dbeibah «à protéger les vies» et sa «volonté d’entamer des négociations pour trouver une solution politique».