Le gouvernement de gauche espagnol va être contraint d’inclure les corridas dans un dispositif de «chèque culture» pour les jeunes âgés de 18 ans après la victoire en justice du monde de la tauromachie. Le ministère de la Culture a indiqué mercredi, dans un bref communiqué, qu’il allait ouvrir «la possibilité pour les entreprises organisant ou vendant des billets pour des spectacles taurins de s’inscrire au chèque culture jeunes» après «l’arrêt de la Cour Suprême» qui avait été saisie par la principale organisation tauromachique espagnole (Fundacion Toro de Lidia). Distribué pour la première fois en 2022, le chèque culture, d’un montant de 400 euros, s’adresse aux jeunes fêtant leurs 18 ans durant l’année concernée. Sur le modèle de dispositifs existant en France ou en Italie, il vise à permettre aux jeunes d’acheter des livres, des places de cinéma, de théâtre ou de concerts. Mais après de vifs débats au sein du gouvernement de gauche, divisé sur ce thème entre certains socialistes et la gauche radicale, le ministère de la Culture avait fini par écarter les corridas de ce chèque culture. Les défenseurs de la corrida, qui ont obtenu gain de cause en justice mardi, s’étaient empressés de souligner que la tauromachie avait été inscrite en 2013 par les conservateurs alors au pouvoir sur la liste du «patrimoine culturel immatériel» de l’Espagne. Ce qui implique que l’État doit veiller à leur conservation. Si la Cour suprême a indiqué, dans son arrêt, qu’il ne lui revenait pas de décider «si la tauromachie et les spectacles taurins étaient des manifestations culturelles», elle a annulé la décision du gouvernement de les exclure du chèque culture en raison d’une «absence de justification» de cette décision. Les corridas font l’objet depuis des années d’un débat passionné en Espagne entre défenseurs des animaux et partisans de la tradition. La région de Catalogne (nord-est) les avaient interdites en 2010 mais cette décision a été annulée fin 2016 par la Cour constitutionnelle. L’archipel des Baléares avait décidé pour sa part d’interdire la mise à mort des taureaux mais s’est également heurté à la censure de cette même instance en 2018. L’archipel des Canaries est la seule région d’Espagne où l’interdiction des corridas est effective, depuis 1991. Les statistiques officielles montrent toutefois bien un déclin de la tauromachie dans le pays. En 2021, 279 corridas se sont tenues en Espagne contre 387 en 2017 et 810 en 2008, selon le ministère de la Culture.