Les dépenses salariales en hausse mais sans impact sur le pouvoir d’achat : 400 milliards de dinars pour la nouvelle grille indiciaire et la baisse de l’IRG

20/04/2022 mis à jour: 01:37
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Ces révisions salariales seront sans impact sur le pouvoir d’achat du citoyen

Dix ans après les revalorisations salariales de 2012, qui avaient coûté l’Etat 2850 milliards de dinars (Mds DA), soit 39 milliards de dollars, et qui avaient induit une augmentation de plus de 8,2% des salaires, de nouvelles hausses sont prévues à compter du mois de mai. Mais elles s’annoncent d’ores et déjà sans impact sur le pouvoir d’achat avec l’envolée des prix des produits de large consommation et des augmentations salariales attendues en moyenne entre 5600 à 6000 DA pour atteindre au plus 10 000 da dans certains cas.
 

Ces révisions seront toutefois lourdes à supporter par l’Etat. En effet, la nouvelle grille indiciaire, qui sera applicable dès début mai avec effet rétroactif à partir de mars, conjuguée à la réduction de l’impôt sur le revenu global, coûtera au total 400 Mds Da. L’incidence financière des nouveaux points indiciaires est de 220 Mds DA alors que la réduction de l’IRG coûte au Trésor public 180 mds DA/an. 

Ce qui fait que l’augmentation annuelle des salaires s’élèvera à 400 Mds DA en 2022. C’est ce qu’a détaillé la directrice des systèmes de paie à la Direction générale du budget sur les ondes de la Radio nationale, Nassira Moussaoui. La révision du point indiciaire touchera au total 2,7 millions de fonctionnaires et agents contractuels. 

Parmi ces effectifs, les collectivités locales supporteront les augmentations de 360 000 d’entre eux alors que l’Etat prendra en charge les revalorisations des employés des collectivités qui sont en difficultés financières, selon la même source. C’est dire la lourdeur des dépenses à prendre en charge dans ce contexte économique où la croissance hors hydrocarbures se fait toujours attendre. 

D’où d’ailleurs l’ampleur du chômage pour lequel le gouvernement a instauré une allocation dotée d’une enveloppe de 145 Mds DA/an. Un chiffre qui pourrait augmenter en fonction du nombre des nouvelles inscriptions au fichier de l’Agence nationale de l’emploi (ANEM), selon la représentante de la Direction générale du budget. 
 

Par ailleurs, le gouvernement qui mise sur le maintien de la politique d’aide sociale a consacré, dans le cadre de la politique des subventions pour les transferts sociaux, 1942 Mds DA.
 

Ce sont donc autant de dépenses à assurer et qui ne font qu’enfoncer le déséquilibre budgétaire. L’équation semble d’ailleurs difficile à résoudre dans les conditions actuelles. C’est ce que résume une analyse rendue publique par l’économiste Mohamed Achir.


Rappelant tous les montants précédemment cités et le poids de la masse salariale estimée à 3266 Mds DA, soit 51,7% du budget de fonctionnement, il notera d’emblée : «Il faut donc mobiliser 5335 Mds DA pour assurer seulement les dépenses en masse salariale, les transferts sociaux et l’allocation chômage alors que la fiscalité ordinaire prévisionnelle est estimée à seulement 3579,31 Mds. 

Ce qui fait un déficit de 1774 Mds rien que pour couvrir les dépenses ci-dessus». «Sans compter d’autres dépenses de fonctionnement incompressibles qu’il faut prendre en charge et celles d’équipement (investissement) qui s’élèvent à 3546,90 Mds Da», analysera-t-il encore. Notre expert prévoit dans ce cadre un total de dépenses pour 2022 de l’ordre de 9858,4 Mds Da (en hausse de 21% par rapport à l’année 2021).«Sans la fiscalité pétrolière, le déficit budgétaire peut dépasser les 6000 Mds DA, soit 45 Mds de dollars», prévient-il
 

Soulignant, dans le même sillage, qu’avec un prix de référence de 45 dollars le baril, les recettes de la fiscalité pétrolière estimée sont d’environ 2100 Mds DA, il notera : «Si 2022 se termine avec une moyenne annuelle de 100 dollars le baril, la fiscalité pétrolière pourrait atteindre 4500 Mds DA le déficit peut être ramené à -1500 Mds DA. 

Autrement dit, le déséquilibre sera toujours de mise.» «Un baril à 100 dollars est insuffisant. Il ne saurait combler ce déséquilibre budgétaire», conclura Mohamed Achir, pour qui le problème est dans la fiscalité ordinaire, dans l’informel et dans la croissance. 
 

«L’Algérie a besoin d’une croissance à deux chiffre», appelle-t-il. Une croissance qui dépend de l’assainissement du climat des affaires et de l’accélération des réformes.
 

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