La défaite (aux tirs au but) de la sélection des joueurs locaux en finale du Championnat d’Afrique des nations (CHAN-2022) a réveillé beaucoup de démons. Des «spécialistes» en matière de maquillage de la réalité ont sauté sur l’aubaine pour faire la réclame en faveur de certains et donner des leçons pour d’autres. Le 5 février 2023, ils ont découvert la panacée, les centres de formation, et se sont érigés en apôtres de ce choix. Oui, les centres de formation sont extrêmement importants dans le développement du football. Ils garantissent l’amélioration du niveau d’ensemble du football, favorisent l’émergence de talents prometteurs. Cette voie a été recommandée depuis longtemps par des dirigeants, entraîneurs convaincus et désintéressés. Les gardiens du temple s’invitent toujours dans ce débat pour vendre l’image de leur bienfaiteur.
Où sont les centres de formation ? Qu’est-ce qui a empêché les équipes fédérales qui se sont succédé à la tête de la fédération au cours de la dernière décade de rendre effective la présence des centres de formation au niveau des clubs de l’élite ? Il y a beaucoup à dire sur ce chapitre exhibé comme alibi pour condamner les uns et faire l’éloge des autres. En Algérie, les centres de formation tout le monde en parle, personne ne les a vus. C’est l’Arlésienne. Des gens se rappellent de ces structures techniques après un cuisant échec. Jamais avant. C’est la raison pour laquelle il ne faut pas accorder trop de crédit à leurs lamentations de circonstances. Le football algérien s’est égaré depuis longtemps. La politique du résultat à tout prix a fait des ravages et fait oublier l’essentiel, le travail à la base. Dans le contexte actuel dominé par la prédation, la corruption, les passe-droits, l’inégalité des chances, l’inéquitable répartition des moyens entre les clubs, l’abandon du football de base (le football amateur), l’absence de programmes adaptés aux besoins du football, les schémas et standards sur lesquels s’articule la gestion du football appartiennent à la préhistoire du sport le plus populaire dans le monde. Le football algérien est devenu un champ de batailles dévasté par une horde d’aventuriers sans foi ni loi. Sans l’intervention énergique et immédiate de l’Etat, le sport algérien, en général, et le football, en particulier, courent à leur perte. La politique du résultat immédiat prônée, à tous les étages du ballon rond, est une voie sans issue. Les centres de formation ne sont pas un luxe. C’est une nécessité. Dans les différentes lois consacrées au sport, la formation et les centres de formation occupent une place prépondérante dans les programmes de développement du football. Dans les pays qui sont à la pointe du football mondial, aucun club professionnel ne peut prétendre à une participation à la plus haute compétition footballistique s’il ne dispose pas d’un centre de formation. En Algérie, un centre de formation est un frein au fructueux marché des transferts, la vente et l’achat de joueurs. Les principaux acteurs du football n’en veulent pas de la formation. Les deux périodes d’enregistrement (mercato) suffisent amplement à leur commerce. Laisser le football en l’état est le meilleur moyen, pour eux, de «fructifier» leur business. Celui qui a qualifié le football de poule aux œufs d’or ne s’est pas tellement trompé. Les tartuffes se reconnaîtront.