L’engouement des algériens pour les soins naturels : La naturopathie, une médecine d’avenir ?

20/02/2023 mis à jour: 07:03
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Qu’est-ce que la naturopathie ?

La naturopathie est tout simplement une médecine naturelle. Elle a pour vocation de traiter maladie et pathologie par des moyens naturels. Et lorsque nous pensons médecine naturelle, la médecine chinoise s’impose d’elle-même. Elle englobe des moyens aussi divers que le soin par les huiles (l’aromathérapie) par les herbes (la phytothérapie) et les soins par l’abeille (l’apithérapie). Tous ces moyens issus de la nature et donc en harmonie avec le corps humain possèdent des vertus thérapeutiques. La naturopathie implique d’aller chercher à la source l’origine des maladies chroniques, neurodégénératives et auto-immunes, dont la vraie cause, comme nous allons le voir, est au niveau de l’intestin grêle et la muqueuse intestinale.

Muqueuse intestinale, intestin grêle, pourquoi spécialement ces organes ?

Depuis une vingtaine d’années, il y a un nouveau concept qui fait loi : l’échosystème intestinal. Ce dernier englobe la qualité, la trophicité de la muqueuse intestinale en relation avec le microbiote ainsi que la flore intestinale et surtout le système immunitaire sous muqueuse qui, aujourd’hui, n’est plus si nouveau car ce concept remonte dans la littérature médicale à 2006, et c’est une révolution dans la compréhension du fait médical et de l’origine des maladies particulièrement. Dans la naturopathie, la phytothérapie y est à inclure, surtout pour une société méditerranéenne qui a exercé la transmission d’un savoir médical issu de la terre et de ses richesses. Si le savoir des anciens fut oblitéré par le poids du temps, l’efficacité n’est pas à démontrer.

Parlez-nous un peu plus de l’apithérapie ?

L’apithérapie, c’est-à-dire le soin par l’abeille, m’est très chère. Tous les produits issus de la ruche (miel, gelé royale, propolis et plus particulièrement le venin de l’abeille) sont une bénédiction de Dieu. Le venin de l’abeille est l’équivalent du cortisol sécrété par les glandes surrénales. La piqûre de l’abeille a une action anti-inflammatoire, et son venin est riche par d’autres éléments bénéfiques pour l’organisme qui sont à additionner au pouvoir anti-inflammatoire de l’abeille, qui est important.

Le déclic pour moi, fut la rencontre avec une patiente, fille d’apiculteur, qui s’est traitée elle-même avec du venin d’abeille. Après plusieurs années de soin par l’abeille, elle est venue à bout de la maladie qui la rongeait, c’est-à-dire la sclérose en plaques.

90% des patients qui passent par ce cabinet sont des femmes, et mon métier durant ces dernières années s’est concentré sur le soin de ces maladies assez lourdes qui touchent grandement les femmes, dont la sclérose en plaques. En associant l’apithérapie au régime microbiote, qui n’est rien d’autre qu’un régime alimentaire précis qui a pour vocation d’intervenir dans l’échosystème intestinal. A vrai dire, à l’opposé de nos ancêtres, nous avons oublié de donner aux milliards de bactéries qui occupent notre organisme, dans le colon entre autres, les 20% de nourriture que l’on mange, car le régime naturel actuel n’est plus aussi riche de ces nutriments si nécessaires au bon équilibre de notre corps. L’abeille peut fournir cet apport de sucres complexes, des acides gras à courtes échelles essentielles sont fabriqués par les abeilles, tels que le butyrate qui permet de réduire les risques de cancer du colon.

Qu’est-ce que le régime microbiote ?

La régime microbiote consiste à donner aux milliards de bactéries qui occupent notre intestin et notre corps plus globalement leur alimentation, une alimentation qui dépend de la manière dont on conserve nos aliments. Au lieu de manger du riz cuit qui sera transformé exclusivement en fructose au niveau de l’intestin grêle, il est préférable de manger tous les aliments à base d’amidon, type riz, pomme de terre à peau fine, les haricots blancs, les lentilles cuits et refroidis. Le plat refroidi devient des amidons résistants qui arriveront au colon comme sucre complexe, formant ainsi l’alimentation de choix à ces bactéries dont la présence est essentielle pour notre corps.

Dites-nous en plus sur ce que vous appelez l’échosystème intestinal ?

Il y a une interrelation entre la flore intestinale, la muqueuse intestinale et le système immunitaire, si l’un des trois est déficient ou malade, les deux autres le seront. Dans le cadre de l’échosystème intestinal, le meilleur médicament pour se soigner c’est la qualité de notre assiette, pas la quantité. La qualité de ce que l’on mange est notre première source de soin. Cela fait écho au régime alimentaire de nos ancêtres, qui ont compris dans leur temps l’importance de ce que nous mettons dans notre assiette. La science contemporaine, particulièrement depuis 2006, à travers la métagénomique, nous a permis de redécouvrir cette flore intestinale tellement importante qu’on a ignorée depuis des siècles.

Qu’en est-il du processus de soins des maladies auto-immunes ?

A travers une initiation à la médecine chinoise faite auprès de médecins chinois, j’ai appris comment soigner les maladies auto-immunes. Les aiguilles de l’acupuncture créent un équilibre des énergies, car tout corps humain contient énergie, onde et vibration et, à travers une alimentation saine, c’est-à-dire une alimentation à l’opposé de la restauration rapide issue de l’américanisation, un régime alimentaire qui est en réalité un régime méditerranéen, la digestion s’améliore, et le système immunitaire devient beaucoup plus performant. Le troisième volet est de suivre l’évolution scientifique de la révolution microbiote, qui aujourd’hui rabat les cartes de la médecine en faisant un retour réel vers les règles du passé. L’abondance agricole a un prix et ce prix chimique est destructeur pour le corps. Tout le processus de soins est en réalité le réapprentissage du patient à manger sainement, pour créer un équilibre dans l’échosystème intestinal.

Cette révolution est-elle en réalité un retour vers les normes du passé ?

Nos ancêtres mangeaient essentiellement des choses naturelles, qu’elles soient issues de la terre ou du gibier tout était sain et équilibré. Ce que l’industrie agroalimentaire a fait dans l’exemple du blé génétiquement modifié, a créé ce déséquilibre alimentaire dont les dégâts à long terme sur grande échelle produisent la diffusion de maladies qui, jusque-là, étaient rares. Un enfant de sept ans atteint de la maladie de Crohn était un cas rare il y a encore 40 ans. Ça n’est plus le cas aujourd’hui. Manger sainement en vivant au rythme de la nature, c’est-à-dire se lever le matin avec le soleil et s’endormir le soir avec son coucher est le régime humain le plus sain qui puisse exister. Cela veut dire garder une rigueur physique, une vision parfaite, une dentition saine jusqu’à un âge avancé. Respecter le cycle du corps humain devient une sorte de processus d’autoguérison. Le corps humain a son processus de désintoxication qui se déroule la nuit, dormir à minuit cela signifie que l’on perturbe ce cycle. En plus d’une l’alimentation de qualité, la naturopathie encourage le sommeil de qualité, car l’un va dans le sens de l’autre. Aujourd’hui de par le rythme de la vie dans la société (moderne), additionné à une alimentation déficiente en richesse nutritive réelle et l’augmentation des sources de stress, tout cela est catalyseur de maladies. Il est nécessaire de trouver un équilibre physiologique, un équilibre que nos ancêtres avaient et défendaient. Ces derniers n’étaient pas des érudits mais savaient tous ces petits détails qui font la différence. Ils savaient, par exemple, qu’une huile d’olive extra vierge était la seule huile bonne pour le corps, et de fait il faut la garder loin des sources de lumière. Elle n’était pas gardée dans du verre ou du plastique, mais dans de l’argile. La médecine du futur semble donc renouer en force avec la médecine du passé.

T. L.

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