Avec une énorme tristesse, en notre nom et au nom de la famille, nous avons le regret d’annoncer que notre grand auteur et ami Javier Marías est décédé cet après-midi à Madrid», a déclaré Alfaguara dans un communiqué.
Le communiqué précise qu’il souffrait «depuis quelques semaines d’une pneumonie qui s’est aggravée ces dernières heures». Selon le quotidien El Mundo, Javier Marías s’est éteint dans une clinique de la capitale espagnole des suites d’une pneumonie «provoquée par le Covid» et qui a entraîné son hospitalisation pendant de longs mois. Le journal précise également qu’il sera incinéré à Madrid. Il n’a toutefois pas été possible d’en obtenir une confirmation officielle.
«L’un des grands écrivains de notre époque»
«Triste journée pour les lettres espagnoles», a réagi dans un tweet le président du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sßnchez. «Javier Marías nous a quittés. (C’était) l’un des grands écrivains de notre époque. Son œuvre immense et magnifique restera une partie fondamentale de notre littérature».
«Reposez en paix ! Votre œuvre vous maintiendra vivant dans notre souvenir», a, pour sa part, écrit sur Twitter le ministre espagnol de la Culture, Miquel Iceta. Dans un communiqué, l’Académie royale espagnole de la langue (ARE), dont il était membre, l’a décrit comme «l’un des romanciers les plus importants en langue espagnole».
Elle rappelle aussi sa carrière de professeur de littérature espagnole à l’université d’Oxford (1983 à 1985), au Wellesley College du Massachusetts (1984) et à l’université Complutense de Madrid (1986 à 1990). Javier Marías, dont l’oeuvre a été traduite dans plus de 40 langues et dans près de 60 pays, avait également été fait par la France chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres. Né le 20 septembre 1951 à Madrid, ce Madrilène resté très attaché à son quartier de Chamberí (qui figure d’ailleurs dans plusieurs de ses œuvres) avait publié l’an dernier son 16e roman, Tomßs Nevinson.
«Un enfant privilégié»
Elevé dans une famille d’intellectuels républicains, ce qui obligea son père à s’exiler quelques années aux Etats-Unis, Javier Marías, qui disait lui-même avoir été «un enfant privilégié», avait publié son premier roman («Los dominios del lobo») à l’âge de 19 ans. Parmi ses œuvres les plus connues figurent «Le roman d’Oxford» (1989), où il racontait son expérience de professeur dans cette célèbre université, «Un coeur si blanc» (1993), qui confirma définitivement son succès, et Demain dans la bataille pense à moi.
Ecrivain engagé, Javier Marías avait refusé en 2012 de recevoir le Prix national de Littérature narrative pour son roman Comme les amours (Los Enoramientos), parce qu’il était attribué par le gouvernement conservateur de l’époque, déclenchant une vive polémique. Membre de l’Académie royale espagnole de la langue depuis 2008, il s’exprimait dans un français et un anglais remarquables. Mais il était aussi un cinéphile acharné et, ce qui était moins connu, un grand fan du Real Madrid.
C’était aussi, malgré ses idées républicaines, le souverain du royaume fictif de Redonda, un «titre» devant son nom à un îlot des Petites Antilles. Selon le quotidien El País, où il écrivait encore jusqu’en juillet dernier, il avait subi peu avant la pandémie de Covid-19 une délicate opération du dos.