C’est la délivrance pour plus de 700 000 candidats au baccalauréat session juin 2022. Les résultats ont été enfin dévoilés, hier, en fin d’après-midi, avec un taux de réussite national de 58,75% et un passage à l’université avec 9,5/20 de moyenne. Malgré cela, il est plus bas que celui de l’année précédente, où le taux de réussite était de 61%.
La plus grande moyenne au bac 2022 a été obtenue par la candidate Imane Belabas de Batna (19,55/20). Elle est suivie par Merdas Manar (filière Sciences expérimentales) de Guelma, qui a obtenu une moyenne générale de 19,33/20 et 19,66/20 dans les matières essentielles. L’élève Traka Fadoua, de la wilaya de Aïn Defla, dont la moyenne générale était 19,33/20 et 19,50/20 dans les matières caractérisant la filière des sciences expérimentales est venue en 3e position. Le ministre de l’Education nationale, Abdelhakim Belabed, a fait savoir dans une déclaration à la presse que la décision de réviser à la baisse la moyenne de réussite a été prise compte tenu des conditions sanitaires induites par la pandémie du nouveau coronavirus qui a influé sur l’état psychologique des élèves depuis 2020. Pourtant, il avait clairement avancé à la fin des épreuves qu’il n’y avait pas de réel motif pour aller vers une moyenne moins de 10/20 pour la réussite au baccalauréat.
Le ministre a expliqué à la presse que les «épreuves se sont déroulées dans de bonnes conditions et dans un parfait respect du protocole sanitaire». Comme déjà annoncé par les enseignants correcteurs dans leurs appréciations des tendances des résultats, les matheux sont en tête du classement national avec 78,78% de réussite. Ils sont suivis des langues étrangères (64%), des sciences expérimentales (59,32%), Lettres et philosophie (54,80%), puis gestion et économie (52,92). Pour ce qui est des quatre (4) spécialités de la filière mathématiques, le taux de réussite a atteint 56,87% en génie mécanique, génie électrique (65,15%), génie civil (65,43%) et génie des procédés (64,92%).
Y avait-t-il une urgence pour revoir à la baisse la moyenne d’admission à l’université ? Pour les partenaires sociaux de Belabed, la réponse est non.
«Une décision injustifiée»
Cette décision serait carrément anti-pédagogique et n’est point au service d’un examen national de l’envergure du baccalauréat. «S’il s’agit aujourd’hui d’acheter le bonheur de nos élèves et candidats au baccalauréat, nous pouvons diminuer la moyenne jusqu’à 5 sur 20. Mais ce n’est pas le cas, du moins pour nous enseignants et syndicalistes. Dire que ces élèves ont traversé les 3 années de la pandémie n’est pas une excuse étant donné que nous avons fait beaucoup de sacrifices pédagogiques pour alléger le programme et les horaires d’enseignement avec un système d’études par alternance. C’est du populisme pur et simple», s’insurge Zoubir Rouina, président du Conseil des lycées d’Algérie (CELA). Même son de cloche chez son confrère du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef).
Son secrétaire général, Boulem Amoura, estime que c’est la «mascarade» qui persiste à dire que l’examen du baccalauréat perd d’année en année de sa valeur, pédagogique surtout. «En 1976 déjà, on parlait du ‘‘bac de la Constitution’’ puis du ‘‘bac du développement’’, puis du ‘‘bac de la Concorde et de la réconciliation’’ ! A quand un bac simplement bac ? A quand un bac normal, sans bruit ni mascarade ? Offrir un bac avec une moyenne de moins de 10/20 est inacceptable et donne un coup fatal à la crédibilité du baccalauréat. On ne fait pas de populisme avec le savoir. Le secteur de l’éducation est un secteur stratégique et il ne devrait y avoir que des compétences en son sein pour le gérer et cesser bien sûr avec le bricolage», tranche le syndicaliste, avant d’appeler à la mise en place d’un «plan Orsec» pour sauver l’école publique algérienne.
Pour lui, beaucoup de gens «veulent détruire» l’école publique et la décrédibiliser pour arriver jusqu’à sa privatisation. Il est à rappeler que 743 509 candidats répartis sur 2580 centres d’examen ont passé les épreuves du baccalauréat session 2022. Sur ce chiffre, 13 000 candidats libres et 6100 détenus étaient concernés par ces épreuves.