Les inquiétudes concernant la croissance économique ont laissé place à un regain d’optimisme suite aux dernières données sur l’activité aérienne internationale, et la mobilité sur les routes américaines – coïncidant avec la saison estivale – montrant une demande de pétrole solide.
Après un début de semaine de cotation en baisse, à cause de craintes de répercussions d’une récession mondiale, les prix du pétrole sont repartis à la hausse hier, en raison de la forte demande estivale de carburant, et une offre tendue en raison des sanctions occidentales imposées au pétrole russe.
Le Brent a gagné 2 dollars à Londres, se négociant largement au-dessus de 116 dollars en début de cotation. Le brut américain pour juillet a également augmenté de près de 3 dollars, pour atteindre plus de 112 dollars le baril. En dépit de la volatilité constatée depuis vendredi, en raison d’inquiétudes croissantes concernant l’inflation, le brut se dirige ainsi vers un gain trimestriel.
Les inquiétudes concernant la croissance économique ont laissé place à un regain d’optimisme suite aux dernières données sur l’activité aérienne internationale, et la mobilité sur les routes américaines – coïncidant avec la saison estivale – montrant une demande de pétrole solide.
«Nous nous attendons à ce que la demande de pétrole continue de s’améliorer, bénéficiant de la réouverture de la Chine, des voyages estivaux dans l’hémisphère nord et du réchauffement climatique au Moyen-Orient. La croissance de l’offre étant à la traîne de la croissance de la demande au cours des prochains mois, nous continuons à nous attendre à une hausse des prix du pétrole», déclare un analyste cité par Reuters.
Les prix ont été soutenus également par l’anxiété par rapport au resserrement de l’offre, après les sanctions sur les expéditions de pétrole de la Russie, le deuxième exportateur mondial de pétrole. Des inquiétudes – concernant l’approvisionnement – qui devraient persister tant que durera la crise russo-ukrainienne.
Le marché reste tendu également en raison de l’éloignement des perspectives d’une négociation réussie d’un accord nucléaire avec l’Iran et d’une levée des sanctions américaines sur le secteur énergétique iranien, ce qui pourrait augmenter sensiblement l’offre mondiale de pétrole.
Dans une analyse rendue publique hier, ExxonMobil Corp. a noté que les marchés pétroliers mondiaux pourraient rester tendus pendant encore trois à cinq ans, en grande partie à cause d’un manque d’investissement depuis le début de la pandémie.
Il faudra du temps aux compagnies pétrolières pour rattraper les investissements nécessaires afin de garantir un approvisionnement suffisant en pétrole, selon Darren Woods, le PDG d’ExxonMobil Corp.
«Nous avons probablement devant nous trois à cinq années de turbulences sur les marchés (du pétrole, ndlr). La façon dont cela se manifestera au niveau des prix sera en grande partie en fonction de la demande, qui est difficile à prévoir», a déclaré Darren Woods lors du Qatar Economic Forum.
Outre le sous-investissement dans la recherche de nouveaux gisements, la pandémie a «privé l’industrie de beaucoup de revenus», a-t-il estimé, rapporte l’AFP. «Nous allons voir beaucoup de volatilité et de rupture sur le marché si nous n’avons pas de politiques plus réfléchies», a-t-il prédit.
Le ministre de l’Energie du Qatar, Saad Al Kaabi, a quant à lui critiqué la «diabolisation» des compagnies pétrolières et les taxes imposées dans certains pays. «Je n’ai pas vu les gouvernements intervenir quand (les compagnies pétrolières) perdaient de l’argent et empruntaient, quand le prix du pétrole était négatif au Texas», a-t-il déclaré.
Cheikh Nawaf Saoud Al Sabah, vice-président de Kuwait Petroleum Corporation, a quant à lui annoncé que le Koweït débutait sa première exploration pétrolière offshore. «La première foreuse est arrivée il y a une semaine et va bientôt être mise en service», a-t-il assuré.
Le pays du Golfe construit aussi «la plus grande raffinerie au monde avec une capacité de 615 000 barils par jour», qui sera opérationnelle fin de 2022, a précisé M. Al Sabah. Selon lui, ce projet aidera à répondre à la demande accrue des Européens – qui depuis l’invasion de l’Ukraine cherchent à se sevrer des hydrocarbures russes – mais aussi du reste du monde, a-t-il ajouté.
Sur le terrain gazier, le patron d’ExxonMobil s’est également rendu à Doha pour signer un accord faisant de l’entreprise le quatrième partenaire étranger dans le projet North Field East (NFE), l’extension du plus grand champ de gaz naturel au monde.
ExxonMobil a pris une part de 6,25% dans une co-entreprise avec Qatar Energy, une part équivalente à celle du français TotalEnergies. L’italien Eni et l’américain ConocoPhillips ont chacun pris des parts de 3,125%. Pour le patron d’ExxonMobil, ce projet peut «rééquilibrer le marché mondial» du gaz, lui aussi affecté par la guerre en Ukraine.