Le monde de la «tech» réuni à Barcelone pour défier la morosité du secteur

01/03/2023 mis à jour: 04:19
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Présentation des nouveaux produits Xiaomi au Salon mondial du mobile (MWC), le 26 février 2023 à Barcelone, en Espagne

Après trois ans de restrictions liées à la Covid-19, les professionnels des télécoms se retrouvent lundi à Barcelone pour un Salon mondial du mobile (MWC) grand format, à l’heure où les difficultés s’accumulent dans le secteur de la «tech». Finis les taux de croissance à deux chiffres dans la téléphonie mobile: en 2022, les ventes mondiales de smartphones ont chuté de 11,3% à 1,21 milliard d’unités, soit le nombre «le plus faible depuis 2013», selon l’agence spécialisée IDC. Et les perspectives restent moroses pour une grande partie des produits «high tech».

D’après le cabinet d’études américain Gartner, les ventes de téléphones mobiles, de tablettes et d’ordinateurs devraient à nouveau reculer de 4% cette année. «Le secteur traverse un moment compliqué», reconnaît Thomas Husson, analyste chez Forrester. Un climat de nature selon lui à «peser» sur le salon du mobile, grand-messe annuelle des nouvelles technologies, prévu jusqu’à jeudi dans la capitale catalane. A l’origine de ces difficultés: le climat d’incertitude né de la guerre en Ukraine, qui a dopé l’inflation et rogné le pouvoir d’achat des ménages, mais aussi des facteurs plus structurels, auxquels se heurtent les fabricants. «Dans certaines régions comme l’Europe de l’Ouest, le taux d’équipement individuel est de l’ordre de 90%: on est donc sur des marchés matures. Et le taux de renouvellement s’allonge car les gens gardent leur téléphone plus longtemps», souligne Thomas Husson. Face à ces difficultés, aggravées par les vagues de suppressions d’emplois géantes annoncées par les géants de la «tech», comme Alphabet, Microsoft et Ericsson, le Salon entend pourtant afficher son optimisme. Lors des échanges, «l’accent sera mis sur la nécessité de traverser» au mieux «cette période difficile», en se projetant sur «l’inévitable retour de la croissance» et les progrès liés à «l’innovation», prédit Ben Wood, du cabinet CCS Insight. Selon l’Association mondiale des opérateurs télécoms (GSMA), qui organise l’événement, 80 000 professionnels et 2000 entreprises participeront au MWC, dont les huit pavillons seront occupés pour la première fois depuis la pandémie. Cette fréquentation reste éloignée du record de 2019, où près de 110 000 personnes avaient fait le déplacement, mais est supérieure d’un tiers aux 60 000 visiteurs de l’édition 2022, affectée par la persistance des restrictions liées à la Covid-19.

«Nous sommes sur la voie» du retour à la normale, a ainsi assuré le directeur exécutif de GSMA, John Hoffman, lors d’une conférence de presse. Une dynamique liée au retour en force des groupes chinois après la réouverture des frontières annoncée fin décembre par Pékin. Parmi les entreprises attendues figurent des géants de la téléphonie (Samsung, Xiaomi, Ericsson, Orange, Deustche Telekom...) mais aussi des poids lourds de la «tech» et l’industrie, comme Qualcomm, Airbus et Microsoft, le MWC ayant ces dernières années élargi son audience. Le plus gros exposant sera cette année le groupe Huawei, figure de proue des télécoms chinois, qui disposera d’une surface de 11 000 m2 - un record dans l’histoire du salon, selon le GSMA, organisme regroupant près de 750 fabricants et opérateurs des télécoms.

L’occasion pour le géant des équipements made in China d’afficher sa «résilience face aux sanctions américaines», qui ont fortement fragilisé sa branche téléphonie sans étouffer pour autant sa «capacité d’innovation» dans les services aux entreprises, souligne Thomas Husson. Les thèmes mis à l’honneur lors de cette 17e édition se veulent quant à eux résolument tournés vers l’avenir, entre «intelligence artificielle», «cloud du futur» et discussions sur la «6G». Avant même de se projeter dans la 6G, les opérateurs auront à coeur de mettre sur la table la question du retour sur investissement pour la 5G, dans laquelle des sommes pharaoniques ont été injectées. Les opérateurs défendent de longue date la mise à contribution des géants de l’internet, comme Netflix ou Amazon, gros consommateurs de bande passante. Mais ces derniers s’y opposent fortement.  Ces derniers mois, les opérateurs ont engrangé du «soutien politique», notamment du côté de la Commission européenne, souligne Dario Talmesio, analyste chez Omdia, qui s’attend à les voir redoubler d’efforts pour obtenir gain de cause.   

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