Le Kremlin ne veut plus de dollars et d’euros pour le gaz russe livré à l’Union européenne

24/03/2022 mis à jour: 00:33
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Le président russe, Vladimir Poutine, a annoncé hier que son pays n’acceptera plus de paiements en dollars ou en euros pour les livraisons de gaz à l’Union européenne (UE), rapporte l’AFP. 

«J’ai pris la décision de mettre en œuvre un ensemble de mesures pour passer au paiement en roubles de notre gaz livré aux pays hostiles, et de renoncer dans tous les règlements aux devises qui ont été compromises», a-t-il déclaré lors d’une réunion gouvernementale, expliquant qu’il s’agit d’une réaction au gel des actifs de la Russie en Occident à cause de son offensive en Ukraine. Il a demandé à la Banque centrale et au gouvernement d’établir «dans un délai d’une semaine» le nouveau système qui doit être «clair, transparent» et impliquer «l’acquisition de roubles sur le marché» russe des changes.

 «Il est clair que livrer nos marchandises à l’UE, aux Etats-Unis et recevoir des dollars, des euros, d’autres devises ne fait plus aucun sens pour nous», a-t-il indiqué. Cette annonce a eu un effet immédiat sur la devise russe, qui s’est renforcée face à l’euro et au dollar, alors qu’elle s’est écroulée dès le 24 février avec l’offensive russe sur Ukraine. 

Il a également laissé entendre que d’autres exportations russes seraient concernées, les Occidentaux ayant gelé quelque 300 milliards de dollars de réserves russes détenues à l’étranger, mesure que le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a qualifiée hier de «vol». 

Pour le moment, les hydrocarbures russes ont été largement épargnés des lourdes sanctions occidentales contre la Russie. Certes, Washington a décrété un embargo sur le gaz et le pétrole russes, mais ces derniers continuent de couler à flot vers l’Europe, très dépendante des hydrocarbures russes et premier marché pour Moscou. 

Mais l’UE réfléchit désormais elle aussi à un embargo sur le pétrole russe. Moscou prône, pour sa part, depuis des années la dédollarisation de son économie, afin d’en réduire la vulnérabilité aux sanctions. En mars 2019, le géant gazier public russe Gazprom a ainsi annoncé sa première vente de gaz en roubles à une entreprise européenne. «Il est absolument évident que sans les hydrocarbures russes, si des sanctions sont imposées, les marchés du gaz et du pétrole s’effondreront. La hausse des prix des ressources énergétiques peut être imprévisible», a déclaré hier le vice-Premier ministre chargé de l’Energie russe, Alexandre Novak. 

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