Le AirTag, gadget au coeur d’affaires de harcèlement aux Etats-Unis

18/02/2023 mis à jour: 04:08
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Initialement conçu pour localiser les biens matériels des détenteurs de produits Apple, le AirTag se retrouve ces dernières années impliqué dans des affaires de harcèlement aux Etats-Unis et alimente la colère de femmes qui ont entamé fin 2022 une procédure en justice, toujours en cours, contre la marque à la pomme. Le gadget, de la taille d’une pièce de monnaie et dont le prix s’établit à 29 dollars, est «un moyen super facile de garder la trace» de ses affaires, peut-on lire sur le site internet d’Apple, qui préconise de l’attacher à ses clés ou encore à son sac à dos. Relié à une application à télécharger sur son smartphone, le AirTag permet ensuite de suivre en temps réel la position géographique des biens auxquels il est attaché mais aussi des humains qui le transportent, parfois à leur insu. C’est la découverte qu’a faite Alison Carney, en juin 2022. La chanteuse de profession raconte traverser la ville américaine de Chicago à bord d’un SUV pour rejoindre la salle de concert où elle est attendue, quand elle trouve dans son sac un AirTag qui n’est pas le sien et dont elle dit qu’Apple ne l’a jamais informée de la présence, en envoyant une notification sur son Iphone, comme il est normalement tenu de le faire lorsqu’un accessoire de ce type se trouve à proximité.  Quand elle tombe sur le gadget, tout prend sens dans la tête de la jeune artiste. Depuis la fin d’une tumultueuse histoire d’amour, elle dit recevoir des appels incessants et de nombreux messages de son ex-petit copain, qui vient même frapper à sa porte au milieu de la nuit quand il ne fait pas irruption dans le restaurant où elle dîne. «Lorsqu’on a retrouvé ce AirTag, c’est devenu évident que je n’étais pas folle. Je savais que quelqu’un me suivait», déclare à l’AFP la jeune femme qui vit à Washington. «Je me suis sentie violée. Je me suis isolée. J’ai arrêté de sortir», confie-t-elle. «Je sais que quelqu’un a la possibilité de placer un appareil sur mon corps, mes possessions, et me suivre à la trace pour le reste de ma vie. Et (ces accessoires) deviennent de plus en plus petits et difficiles à détecter», poursuit-elle avec colère. Le cas d’Alison Carney n’est pas isolé aux Etats-Unis. En juin, un homme de 26 ans a été tué par sa petite-amie qui le suspectait de tromperie et pistait sa position avec un AirTag dans l’Etat de l’Indiana, selon des documents de justice. La dernière affaire en date remonte au 5 février à Irving, une petite commune au nord de Dallas au Texas. Robert Reeves, porte-parole de la police locale, a déclaré à l’AFP que le commissariat de la ville avait, à lui seul, déjà traité plusieurs affaires impliquant le fameux accessoire d’Apple, dans lesquelles la victime et son suiveur se connaissaient. La procédure à suivre après le dépôt de plainte est la recherche auprès d’Apple de l’identité du propriétaire du compte attaché au AirTag retrouvé, à l’aide du numéro de série, a précisé M. Reeves. Une information à laquelle Alison Carney n’a jamais eu accès puisqu’elle n’a pas porté plainte, par peur de représailles. Contacté par l’AFP, Apple a renvoyé à un communiqué publié en février 2022 condamnant «avec la plus grande fermeté tout usage malveillant» de son produit et a assuré que des mises à jour promises dans cette déclaration «étaient maintenant entrées en vigueur». Mais il en faut plus pour convaincre Jane Doe (pseudonyme, NDLR) et Lauren Hughes qui ont porté plainte contre Apple en Californie. La première affirme qu’après avoir divorcé de son ex-mari, celui-ci a placé à deux reprises un AirTag dans le sac à dos de son enfant. La seconde plaignante a retrouvé l’objet, colorié à l’aide d’un marqueur et emballé dans un sac plastique, dans un passage de roue de sa voiture, selon une plainte déposée le 5 décembre. Dans les documents de justice, elles critiquent notamment l’efficacité du système de notification d’Apple: l’alerte ne serait pas immédiate et seulement disponible sur les appareils équipés de la version 14,5 ou ultérieure du logiciel iOS, ce qui exclurait certains appareils de la marque, plus anciens. Outre les appareils de la marque plus anciens, ce sont les détenteurs de téléphones Android qui inquiètent Albert Cahn, chercheur à l’université Harvard et directeur exécutif du Surveillance Technology Oversight Project. «Les utilisateurs d’Android ne peuvent détecter les appareils que s’ils téléchargent une application Apple et recherchent ensuite manuellement les AirTag. Apple s’attend-il à ce que les utilisateurs d’Android passent leurs journées à vérifier constamment qu’ils ne sont pas suivis ?», explique-t-il à l’AFP.   

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