Les psychotropes sont une classe de médicaments utilisés en psychiatrie essentiellement et dans d’autres spécialités médicales comme adjuvants à d’autres traitements. «Ils agissent en modifiant l’activité mentale ce qui justifie leur prescription dans la correction de certains troubles psychiques», explique Ahmed Benfares, président de la section officine. Selon lui, ils sont nombreux et se subdivisent en plusieurs groupes en fonction de leurs propriétés pharmacologiques. «Comme la plupart des médicaments, leur manipulation est délicate. Elle l’est d’autant plus pour le site d’action très sensible qui est l’activité mentale que pour la haute toxicité de ces produits», poursuit le spécialiste. Leur manipulation relève donc de la compétence du médecin pour la prescription et du pharmacien pour sa dispensation. En raison de leur toxicité, de leurs indications spécifiques et de leur action sur les comportements, ces médicaments doivent être utilisés, selon M. Benfares, sur prescription médicale avec un suivi régulier et strict, ce qui permettra d’obtenir des résultats thérapeutiques appréciables chez les malades. Ce suivi permet donc au médecin d’évaluer le traitement et d’apporter les éventuelles modifications nécessaires en fonction des réponses du malade. «Certains psychotropes possèdent des propriétés intéressantes pour la toxicomanie et qui incitent à l’usage détourné de ces médicaments vers cet objectif», révèle le spécialiste. Ainsi, tant que les psychotropes sont réservés à un usage médical, sous le contrôle de spécialistes, ils ne représentent aucun risque particulier supérieur aux autres médicaments destinés à soigner d’autres pathologies. «Ces risques sont liés à la toxicité du médicament, à la non observance et au surdosage accidentel ou volontaire essentiellement», explique M. Benfares. Le grand danger provient donc de l’usage détourné des psychotropes. «Ces médicaments procurent un ‘’certain bien-être’’ recherché en toxicomanie. Ils sont donc utilisés dans ce but loin des indications thérapeutiques», assure-t-il. Ce phénomène touche de plus en plus de personnes, essentiellement les jeunes qui s’y adonnent soit par effet de mode, soit à la recherche de plaisir artificiels, soit pour fuir la malvie et le stress. La toxicomanie devient alors un danger pour la santé en raison de la toxicité des médicaments utilisés au long cours sans prescription ni surveillance médicale. Elle devient un fléau social pour l’addiction aux médicaments ingérés qu’elle induit chez les consommateurs qui ne peuvent plus vivre sans et qui deviennent agressifs quand ils sont en manque. «Les personnes sous emprise sont dangereuses par leurs comportements, elles sont responsables de graves accidents de la circulation et perturbent l’ordre public par les bagarres et autres agressions sur les citoyens», prévient M. Benfares. Toutefois, ce phénomène n’est pas spécifique à l’Algérie, beaucoup de pays en souffrent. La lutte contre la toxicomanie devient une priorité absolue pour la sauvegarde de la nation et aucun moyen ne doit être épargné. «Il est utile de préciser qu’avec les nouvelles dispositions pour le contrôle administratif des psychotropes, les pharmacies sont exclues du trafic. Les sources qui alimentent les trafics sont à chercher ailleurs», affirme M. Benfares. C’est pourquoi, le spécialiste estime qu’une mobilisation générale doit être faite, à savoir les services de police pour traquer les dealers et consommateurs, la police aux frontières pour contrôler le trafic transfrontalier, la justice pour sévir, les services de santé pour désintoxiquer, les mosquées et associations citoyennes pour la prévention et l’éducation, les écoles pour la sensibilisation, les parents pour leur responsabilités sur les enfants, les grands medias pour informer des dangers. «Ce ne sera qu’avec une telle mobilisation que l’ampleur du phénomène sera contrôlée», conclut M. Benfares.