L’approche de l’été fait remonter de douleureux souvenirs en haute kabylie : La hantise des feux de forê

22/05/2022 mis à jour: 20:40
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Les citoyens n’ont pas oublié les journées fatidiques du mois d’août 2021 marquées par des incendies ravageurs, notamment en Haute Kabylie. «On a peur de connaître la même situation avec l’arrivée de la période des chaleurs qui commence déjà à se faire sentir, alors que les moyens pour y faire face ne sont toujours pas réunis. 

Il faut des opérations de désherbage pour se prémunir de toute éventualité», lance un quinquagénaire rencontré à l’entrée de Larbaâ Nath Irathen. 

Dans cette commune, pour rappel, la population a vécu un été infernal suite aux dizaines de maisons touchées par les flammes provoquant la mort de plusieurs personnes prises au dépourvu par les feux. Le constat fait par notre interlocuteur est visible sur le terrain, d’autant plus que les bordures de la route de Oued Aïssi, jusqu’à l’ex-Fort national ne sont pas nettoyées, les lieux sont envahis par des herbes sèches, tout comme les alentours de certaines maisons qui risquent d’être facilement touchées si un incendie venait à se déclarer. «La prévention doit être plus que jamais de mise, surtout que la population a connu des moments cauchemardesques. 

Il faut des campagnes de sensibilisation», insiste-t-il, très inquiet à cause de la passivité des citoyens qui risque d’être, estime-t-il, fatale. «Si aucune mesure n’est prise, le même scénario va se reproduire cette année aussi», appréhende-t-il. 

Effectivement, rien n’indique qu’il existe des mesures de prévention contre les feux de forêt, comme nous l’a précisé, d’ailleurs, M. Belkacemi, vice-président de l’APC de Larbaâ Nath Irathen, qui estime que les citoyens doivent nettoyer les alentours de leurs habitations, comme il a souligné que les moyens de la mairie, à eux seuls, ne peuvent pas assurer cette tâche dans les 22 villages que compte la commune de Larbaâ Nath Irathen. 

Les volontariats sont, selon lui, la seule et unique solution pour entreprendre ce genre d’action d’intérêt général. Il précise, en outre, que les directions de wilaya, comme celle des travaux publics, des forêts et des services agricoles, doivent intervenir pour l’ouverture des pistes et autres travaux visant à mettre les villages à l’abri des incendies. Le même élu préconise aussi un travail de coordination entre l’APC et les comités des villages afin, souhaite-t-il, de passer un été sans incendie. 

Oui. Un été sans incendie, c’est le vœu de tous les habitants de cette région qui gardent toujours les stigmates du désastre vécu l’été dernier. Les séquelles du drame du mois d’août 2021 sont toujours là, même si la végétation commence à reprendre vie grâce aux plantations d’arbres qui redonnent un peu l’image d’antan de ces paysages féeriques. 

Sur la route de l’ex-Fort National vers Aïn El Hammam, des véhicules calcinés lors des incendies de l’an dernier sont toujours là, offrant des images de désolation. 

L’histoire des voitures incendiées ne cesse de tarauder l’esprit de leurs propriétaires qui se trouvent exclus des indemnisations, car l’assurance de véhicules, nous dit-on, n’agit pas dans ce genre de catastrophes. Ils ne savent, d’ailleurs, pas à quel saint se vouer. Nous prenons ensuite la direction d’Ikhlidjen, le village le plus touché par les incendies. Ici, les traces de la tragédie sont encore d’actualité. 

Sur la placette d’Agoulmim, nous avons trouvé des villageois qui nous ont expliqué que le traumatisme est certes dépassé, mais il y a toujours le cas des blessés qui préoccupe, notamment, les familles. 

«L’Etat a indemnisé les familles des victimes et celles qui ont eu des maisons endommagées et les citoyens qui ont perdu leur cheptel», nous a confié un habitant du village, qui souligne qu’aujourd’hui, les citoyens sont aussi préoccupés par les contraintes de la vie, comme ceux des autres régions du pays. Il ne parle que du pouvoir d’achat qui ne cesse de baisser pour résumer, dit-il, les moments difficiles que traverse le citoyen. 

Ce dernier, ajoute notre interlocuteur, est touché par les incendies, la crise sanitaire de la Covid-19 et les multiples aléas de la vie qui rendent son quotidien, poursuit-il, intenable. Sur le même lieu, nous avons rencontré Hakim Loumi, adossé au mur avec une canne à la main, car il arrive difficilement à marcher en raison des brûlures qui ont laissé des séquelles sur une grande partie de son corps. 

Il s’en sort aujourd’hui avec une infirmité flagrante. «Je n’arrive pas à faire bouger mes épaules qui sont toujours bloquées», nous confie ce père de famille, qui a passé 45 jours d’hospitalisation à l’unité Belloua du CHU Nedir Mohamed et à l’EHS de Douéra avant de revenir à la maison.

 Il effectue des séances régulières de rééducation, chez le privé et à ses frais. «On nous a appelés de la CNAS, il y a deux mois, pour un contrôle médical, mais depuis, aucune suite. Je fais les séances de rééducation chez le privé, à mes frais», nous informe-t-il, avec une voix  timide. 

A Ikhlidjen, il y a encore deux blessés qui sont toujours en Turquie parmi les personnes évacuées, en octobre 2021. 

La troisième, Hacene Abchiche, est revenue au village, mais à en croire ses concitoyens, ce n’est pas le bout du tunnel pour lui. Un adolescent de la même bourgade, Abdellah Bensalem, issu d’une famille presque totalement décimée par l’incendie, a passé plus de cinq mois à l’hôpital, à Alger. Actuellement, il est soumis à des séances de rééducation. 

A Ikhlidjen, tout comme dans d’autres localités de Larbaâ Nath Irathen, les villageois redoutent des incendies de l’ampleur de ceux de l’été dernier.

 

Reportage de  Hafid Azzouzi

 

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