L’Aïd en ligne : Quand les traditions rencontrent la technologie

09/06/2025 mis à jour: 22:43
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( Dessin : Le Hic )

En Algérie, la fête de l’Aïd El Adha représente un moment de rassemblement social, de partage et d’échange. 

Avec l’essor du numérique et le déploiement accéléré de la fibre optique, les réseaux sociaux jouent un rôle central dans la manière dont les Algériens célèbrent cette occasion, tout en contribuant à la dynamique de transformation numérique. Aujourd’hui, plus que jamais, la technologie joue un rôle central dans la manière dont nous vivons ces moments précieux.

L’Aïd, en tant que moment de communion, s’inscrit traditionnellement dans des pratiques physiques : les incontournables visites familiales, repas collectifs et prières communautaires. Avec l’essor des réseaux sociaux, ces rituels se prolongent automatiquement dans l’espace virtuel. 

Ces pratiques numériques ne remplacent pas bien entendu les interactions physiques mais les complètent, créant une ritualisation hybride où le sacré et le social s’expriment à travers des plateformes comme Facebook, Instagram, TikTok et WhatsApp.

Durant l’Aïd, les réseaux sociaux, notamment Facebook, YouTube et Twitter, deviennent des plateformes privilégiées pour les Algériens, qui y partagent «vœux, photos, vidéos et messages». 

Selon un rapport de DataReportal publié en mars 2025, environ 36,2 millions d’Algériens étaient connectés à internet début 2025, avec 23,95 millions d’utilisateurs actifs sur les réseaux sociaux, soit 52,9% de la population. 

Une présence plus qu’appréciable. Pendant l’Aïd, cette activité s’intensifie surtout auprès des jeunes. Par exemple, les utilisateurs partagent des images de préparatifs (gâteaux traditionnels, tenues neuves) ou des hashtags comme «#SahaAidekoum» pour maximiser la visibilité de leurs publications, renforçant ainsi les liens sociaux, même à distance. Pour les membres de la diaspora musulmane vivant à l’étranger, l’Aïd peut être un moment où le sentiment d’isolement se fait particulièrement ressentir, loin de la famille, des traditions communautaires et de l’ambiance festive du pays d’origine.

Ce phénomène n’est pas seulement individuel. Les entreprises, comme la Radio algérienne, et les institutions profitent de l’Aïd pour adresser des vœux via leurs comptes officiels sur YouTube, Twitter ou Facebook, renforçant leur image citoyenne et leur proximité avec le public. 

Ces interactions numériques, rendues possibles par une connectivité accrue, illustrent l’impact des réseaux sociaux dans la création d’un «village planétaire numérique» allant bien au-delà de ce que McLuhan, théoricien des médias, avait imaginé.

Partage de contenus multimédia 

L’explosion de l’usage des réseaux sociaux pendant l’Aïd est directement liée aux investissements de l’opérateur public Algérie Télécom dans l’infrastructure numérique, notamment la fibre optique ainsi que les trois opérateurs de téléphonie mobile (Djezzy, Mobilis et Ooredoo).

Si l’internet mobile rapproche, il peut aussi, selon certains spécialistes des questions religieuses, «distraire du recueillement spirituel ou des interactions en présentiel». C’est dire la nécessité de trouver un juste équilibre entre la technologie, qui reste un outil, et la foi. 

Le raccordement de 620 000 nouveaux clients en 2024 et 330 000 supplémentaires au premier trimestre 2025 a permis d’atteindre près de 2,1 millions d’abonnés à la fibre optique. Cette technologie, offrant des débits allant jusqu’à 1,2 Gbps, garantit une connexion rapide et stable, essentielle pour supporter l’intense activité en ligne durant les périodes festives comme l’Aïd.

La modernisation des réseaux, avec le remplacement progressif de l’ADSL par la fibre optique et l’extension de la couverture à des zones rurales, a démocratisé l’accès à internet. Avec une vitesse médiane de connexion mobile de 23,42 Mbps et une vitesse fixe de 15,05 Mbps en 2025, les Algériens peuvent désormais partager du contenu multimédia (vidéos, appels vidéo, streaming) sans contraintes majeures, renforçant l’engagement numérique+ pendant l’Aïd.

L’utilisation intensive des réseaux sociaux pendant l’Aïd ne se limite pas à des échanges festifs. Elle reflète une transformation plus profonde des comportements. Les plateformes sociales ont favorisé l’émergence de nouvelles pratiques, notamment dans le e-commerce et l’entrepreneuriat. Pendant l’Aïd, les auto-entrepreneurs et petites entreprises utilisent les réseaux sociaux pour promouvoir des produits traditionnels (gâteaux, vêtements, décorations), capitalisant sur la forte audience en ligne.

 Cette dynamique est soutenue par la connectivité améliorée, qui permet aux commerçants d’atteindre des clients dans des régions reculées, contribuant ainsi à la croissance économique.

De plus, l’engagement numérique pendant l’Aïd illustre l’évolution des usages observée ces dernières années. Les Algériens, en particulier les jeunes, passent en moyenne plus de 3,5 heures par jour sur les réseaux sociaux, avec une forte adoption de plateformes comme YouTube et Facebook.

 Cette tendance, amplifiée pendant les fêtes, a permis de développer une citoyenneté numérique où les utilisateurs partagent non seulement des vœux, mais aussi des idées, des initiatives et des contenus culturels.

Auparavant, le client d’Algérie Télécom se contentait de services de téléphonie ou d’une connexion basique, mais avec l’amélioration des services, les comportements ont changé. Les personnes et les entreprises consomment désormais des contenus en streaming, et les attentes des utilisateurs ont évolué. 
Kamel Benelkadi

 

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