Les catastrophes naturelles, surtout lorsqu’elles sont d’une grande amplitude, comme le séisme qui a dévasté, hier, le sud-est de la Turquie et la Syrie, sont toujours l’occasion pour le pays meurtri de mesurer l’élan de la solidarité internationale. C’est dans ces moments d’adversité, quand on est au creux de la vague, que l’on peut jauger des intentions des uns et des autres, des gestes et manifestations d’amitié, de compassion, de l’engagement humanitaire des ONG, des Etats, des individus, des groupes sociaux, envers des populations, des pays endeuillés, frappés par un malheur. Qu’il s’agisse d’un conflit armé, d’un séisme, inondation, incendie de forêt ou tout autre cataclysme naturel qui peut changer brutalement le cours de la vie d’un peuple, d’un pays. A contrario, il est de tradition dans les relations internationales que, même face aux catastrophes, des Etats qui, sans être en guerre, mais que tout sépare – les positions géopolitiques et idéologiques sur les questions internationales, la vision stratégique de la défense des intérêts nationaux –, s’interdisent de franchir le pas de la réconciliation. Y compris dans les situations humanitaires où les calculs étroits et les égoïsmes nationaux devraient naturellement céder la place aux valeurs essentielles qui fondent l’humanité, en toutes circonstances et en tous lieux : la solidarité, l’aide et l’assistance, spontanée, inconditionnelle. Il y eut, bien évidemment dans les expériences vécues par le passé, des exemples qui font exception à cette règle de la vie dont il ne subsiste, dans la réalité d’aujourd’hui, que l’essence philosophique, où l’on a vu un pays entretenant des relations tendues avec un autre pays touché par une catastrophe naturelle ou un conflit armé, voler à son secours, pour lui apporter aide humanitaire et assistance. C’est le cas de la Russie, qui vient d’envoyer des secours en Turquie. Et inversement, il s’en est trouvé des situations extrêmes où de l’aide proposée par un donateur s’est vue refusée sèchement par la partie sinistrée, le conflit les opposant ne laissant aucune place au moindre épanchement de sentiments. Le champ politique, plus que toutes les autres représentations de la vie sociétale, n’en finit pas de tordre le cou à tous les codes et conventions régissant les relations entre Etats. L’annonce, pour le moins inattendue, faite, hier, par le chef du gouvernement israélien, Benyamin Netanyahu, d’envoyer une aide humanitaire et des secours, tenez-vous bien !…, au profit de l’ennemi potentiel : la Syrie, à la suite du séisme qui a frappé ce pays, a fait l’effet d’un séisme de forte amplitude au sein du peuple palestinien et de l’opinion arabe. Le «geste» israélien, qui a été refusé par Damas, n’a certainement pas laissé indifférente la rue arabe au moment où des vies innocentes palestiniennes continuent de tomber sous les balles assassines de l’armée israélienne. La précision apportée par l’entité sioniste, selon laquelle l’initiative d’envoyer de l’aide à la Syrie a été décidée en réponse à «une demande reçue via des canaux diplomatiques», sous-entendu, avec l’assentiment des autorités syriennes, ne changera rien à la perception de l’opinion arabe vis-à-vis de l’occupant israélien. Par son refus de recevoir de l’aide d’Israël, la Syrie a déjoué le piège de l’entité sioniste qui veut se construire l'image de démon désincarné.